Fête des mères
En hommage à toutes les façons d’être mère, quatres écrivaines réfléchissent et témoignent des moments où elles se sentent adéquates dans une société qui soumet les mamans à d’incessantes pressions.
Mon parfait bonheur
«Lorsqu’ils rompent ma concentration, attirant de force mon attention
Alors que j’écoutais, lisais ou faisais quelque chose
Et que je parviens à les faire patienter sans m’énerver
Je me sens une mère qui s’en sort.
Lorsque je traverse une crise,
avec cris, hurlements ou attitude insultante – parce qu’ils se disputent ou parce que je leur demande de ramasser au sol un vêtement que je laverai, de débarrasser de la table un bol que je mettrai dans la machine –
Lorsque je traverse cet enfer
sans pensée suicidaire
Je me sens une mère équilibrée. Unique.
Lorsque du chantage j’use pour me faire obéir et que ça marche, je me sens efficace.
Et lorsqu’à ce procédé primaire, je trouve une alternative, je me sens inventive.
Pareil lorsque j’use des écrans pour avoir la paix, ou que je trouve à cette voie addictive une alternative, intelligente et qui suffise à les occuper pour de bon: alors je me sens une mère super maline. Une mère pleine, dont la vie ne se borne ni à l’esclavage, ni à la lâcheté ni aux rapports de force.
Lorsque je m’organise pour passer un vrai temps sans eux – non pour travailler ou être productive,
non pour exécuter mes tâches encore plus vite, ou obéir sans entrave à je ne sais quelle obligation supplémentaire à mes corvées de mère
Lorsque je vole à tout le reste un seul moment à moi
À MOI SEULE
Alors je me sens une personne qui s’estime
Capable de se vouloir du bien.