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In C, le nouvel album des Young Gods!

Le trio fribourgeois revisite la composition mythique de Terry Riley sur un nouvel album aussi audacieux qu’envoûtant.


2 septembre 2022 à 17:57

Rock » Depuis le temps, tout le monde par ici connaît le logo des Young Gods: trois esquisses de petits bonshommes qui, en synchronie parfaite, s’avancent côte à côte face à l’immensité sonique au cœur de laquelle sévit le sorcier sampler. En cette fin d’été, on retrouve les Gods, éparpillés sur une grille de Tic-Tac-Toe qui orne la pochette de Play Terry Riley In C, leur tout nouvel album. Une manière d’expliquer que cette fois la musique a bousculé leurs certitudes? Que leur unité a été remise en question au sortir d’un orage cosmique? Attablé à la terrasse d’un établissement fribourgeois, Franz Treichler accueille nos remarques avec un large sourire.

Un vent hippie

«Pourquoi pas! En fait, l’idée vient de René Walker, le graphiste avec lequel nous collaborons depuis fort longtemps. Il a déplacé notre logo sur une grille de Tic-Tac-Toe afin d’évoquer la notion de jeu relative à la composition de Terry Riley que nous interprétons sur ce disque.» Un coup de tonnerre et quelques gouttes qui viennent frapper les verres obligent le chanteur des Young Gods à interrompre son récit pour interroger le ciel sur ses intentions. Un rayon de soleil fend les nuages en guise de réponse: le déluge attendra. Tout sourire, l’artiste se lance dans une présentation de In C, pièce imaginée en 1964 par le compositeur américain Terry Riley (1935) devenue un monument vénéré de la musique contemporaine.

«In C, c’est vraiment quelque chose de cool. Un vent hippie souffle sur cette composition dont la partition tient sur une feuille A4. Tu as 53 thèmes. Certains avec trois notes, d’autres avec dix notes. Tu trouves du trois temps, du quatre temps, parfois du neuf temps! Le mode d’emploi qui tient sur deux pages précise qu’il faut jouer en boucle. Les directives sont simples: vous prenez le tempo que vous voulez mais c’est mieux si vous êtes ensemble (sourire). Il ne faut pas s’éloigner l’un de l’autre de plus de six thèmes. Dans ce cas, si l’un des musiciens traîne un peu trop, il faut l’attendre. Si l’on ne sait plus trop ce que l’on est en train de jouer, on peut faire une pause et écouter les autres. Ce qui est ici révolutionnaire, c’est qu’il s’agit de musique écrite mais qu’on n’a pas besoin d’un chef d’orchestre. Chaque musicien doit décider quand il souhaite commencer. In C développe l’oreille, ça oblige à écouter l’autre… Tu dois t’impliquer, prendre des décisions. L’idéal selon Riley c’est de jouer la compo à au moins une trentaine de musiciens. Mais à trois, ça va aussi! Tout est égal, l’instrumentation aussi… Vraiment, tout cela est très ludique…»

«Les directives sont simples: vous prenez le tempo que vous voulez mais c’est mieux si vous êtes ensemble»
Franz Treichler

C’est vers la fin du printemps 2019, dans le cadre imposant de la Blue Factory à Fribourg que les Young Gods se sont frottés pour la première fois à In C. En compagnie de la Landwehr dirigée par Benedikt Hayoz, l’instigateur du projet. Un événement impliquant près d’une centaine de musiciens. Cette spectaculaire installation sonore a été enregistrée mais pour des raisons techniques, elle n’est pas exploitable dans son intégralité. «Nous avons sauvé des moments mais pas dans la continuité. Un montage sera bientôt disponible sur Youtube…»

La version que l’on entend sur l’album à paraître la semaine prochaine a, elle, été enregistrée au Studio des Forces Motrices de Genève, le 21 octobre 2021. L’événement a été filmé en multicaméras et sera, lui, visible sur YouTube. Sur disque, le résultat est phénoménal. Astronomique.

Insectes métalliques

Tout démarre loin de la terre, planète aux sonorités standardisées que Cesare Pizzi, Franz Treichler et Bernard Trontin ont quittée pour s’installer sur la lune perdue d’un système solaire lointain. Par-delà la porte stellaire, des insectes métalliques plongent dans le vide avant de se poser sur un de ces monolithes qui hantent l’œuvre d’Arthur C. Clarke. Leurs pattes griffent la matière en produisant un beat inouï. Lentement, au milieu des notes qui tourbillonnent avec élégance, les Young Gods caressent, mordent, absorbent l’œuvre immense de Terry Riley, pulsée par une onde électronique autour de laquelle s’enroulent beats telluriques, nappes kraut, guitares «gilmouriennes» et soupirs divins.

Avec leur générosité, leur rigueur et leur flambloyance coutumière, les trois ensorceleurs ajoutent une nouvelle perle à leur collier discographique. Un disque certes à part puisque la voix, lorsqu’elle surgit parfois pour briser deux lignes soniques, ne sert pas à porter paroles et refrains. Pas de panique cependant: l’ouvrage emprunte pourtant un ascenseur émotionnel bien connu des fans du groupe, habitués à se prendre des murs de samples entre les oreilles! Cette pièce sera au cœur du répertoire de la tournée que le groupe effectuera en fin d’année, en passant notamment par Fri-Son le 16 décembre prochain. Un périple qui permettra également de découvrir quelques nouvelles compositions appelées à garnir un prochain album à paraître l’an prochain. Les dieux, décidément, sont bien généreux.

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