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Société

Hortense et sa piquante passion

Ivoirienne, Hortense Richter est tombée amoureuse de l’ortie, qu’elle décline à toutes les sauces

Hortense Richter et ses orties, qu’elle transforme en sirops et autres produits dans son local en Singine.

12 septembre 2021 à 11:17

Santé » Les orties, ça vous rappelle quelque chose? Des souvenirs plus ou moins piquants? Hortense Richter, elle, ne connaissait pas cette plante. Originaire de Côte d’Ivoire, elle ignorait jusqu’à son existence. Et puis, un jour, lors d’une balade dans la nature fribourgeoise, ce qui devait arriver arriva. Elles firent connaissance.

De cette douloureuse rencontre est née une envie, celle de décliner les orties à toutes les sauces: du sirop, son produit phare, aux tisanes en passant par des pastilles et des huiles. Bref, une histoire d’amour aujourd’hui bien visible dans les locaux de sa société, à Saint-Ours, ainsi que sur les marchés où Hortense chante et danse son amour pour l’ortie…
 

Famille

Née le 2 décembre 1971. A grandi à Issia, en Côte d’Ivoire. A été élevée par son oncle et sa tante. Dix frères et sœurs. Quatre enfants et trois petits-enfants. En Suisse depuis vingt ans. Habite à Gumefens.

Formation

Bac, puis a travaillé dans un supermarché en Côte d’Ivoire. Y a aussi géré des salons de coiffure. A créé la société Ocean Rent et vend ses produits Dakyss depuis plus de cinq ans.

Hobbies

La course, le chant.

 


Hortense, cet amour pour l’ortie, d’où vient-il?

Hortense Richter: Je ne connaissais pas du tout cette plante! Un jour, en ramassant du bois, j’ai été piquée par une ortie. Je pensais que c’était une bête qui m’avait fait ça, mais mon mari m’a rassurée en m’expliquant de quoi il s’agissait. Pour moi, une plante qui pique a quelque chose à raconter, et cela m’a intriguée. J’ai fait des recherches sur internet et j’ai découvert tout un monde. C’était en 2015. Un coup de cœur!

J’ai l’impression que l’ortie m’a choisie. J’ai notamment appris que l’ortie pouvait soigner l’eczéma. Ma dernière fille, qui était encore petite à l’époque, souffrait justement d’eczéma. J’ai donc acheté un livre et j’ai suivi la recette, concocté une huile, et cela a fonctionné. Puis j’ai créé ma société, il y a cinq ans, et mon label Dakyss qui vient de mon premier prénom, Dakelé. Et je suis ensuite allée vendre mes produits sur les marchés, mes sirops d’ortie et à base de curcuma, entre autres. J’ai aussi eu la chance d’être beaucoup soutenue dans mon projet, principalement par mon amie Nancy.

Comment cela se passe-t-il, vous gérez tout, toute seule?

Oui. Je cueille les orties, qui sont cultivées par un agriculteur de la région. J’ai un laboratoire dans mon local, à Saint-Ours, où je teste les recettes que j’invente. Je peux aussi compter sur un collaborateur pour les étiquettes et la livraison des produits. Je rêve que mon sirop ait sa place dans tous les foyers, sur chaque table au petit déjeuner!

Utiliser les plantes comme remède, vous y étiez habituée?

Oui car chez moi, en Afrique, mon grand-père était tradipraticien, l’équivalent d’herboriste. J’ai donc grandi avec cette pratique. Mais je ne m’y intéressais pas car moi, mon rêve, c’était d’ouvrir une agence de voyages.

Vous pourriez faire des balades consacrées à l’ortie…

(Elle rit). J’ai beaucoup d’idées et je n’ai pas renoncé à mon rêve car, dans ce local à Saint-Ours où je vends mes produits, j’aimerais aussi faire voyager les gens, organiser des événements autour de l’ortie, comme des ateliers de cuisine par exemple. En fait, je suis tout le temps en train de penser à l’ortie et à ce que je pourrais faire grâce à elle!

«Je suis tout le temps en train de penser à l’ortie»

Hortense Richter

Et la faire découvrir dans votre pays?

Oui, j’y pense… Y faire mes cultures d’orties, par exemple, et vendre mes sirops.

Comment vos compatriotes perçoivent-ils votre engouement pour l’ortie?

Ils pensent que je suis un peu folle. Et ils me disent que je devrais ouvrir un restaurant africain mais, moi, ça ne m’intéresse pas de faire ça! Et puis, les Africains ne viendraient sans doute pas. On ne se soutient pas assez, dans les affaires, entre nous!

Et dans votre pays d’adoption, comment cela a-t-il été reçu?

Un jour, lorsque j’étais sur un marché, un réalisateur m’a filmée et il a dit que, finalement, Dieu n’est pas injuste car les Suisses sont partis chercher du cacao en Afrique pour le transformer et aujourd’hui, c’est une Africaine qui prend des orties en Suisse pour les transformer (elle rit, beaucoup). Sinon, il est arrivé que je lise quelques remarques négatives sur les réseaux sociaux, mais ça ne me touche pas. Celui qu’on ne critique pas, c’est celui qui ne fait rien. L’ortie est devant la porte de chacun, tout le monde peut le faire!

En parlant de la Suisse, pour quelles raisons avez-vous décidé, il y a déjà plusieurs années, de vous y installer?

Lorsque j’habitais encore en Côte d’Ivoire, mon but était d’ouvrir une agence de voyages dans mon pays. Mais je savais que pour cela, j’avais besoin de me former et qu’étudier à l’étranger aurait davantage d’impact. Je travaillais alors comme caissière dans un supermarché. J’y rencontrais de nombreux touristes, dont un couple de Suisses qui m’a beaucoup soutenue. C’est comme cela que je suis venue étudier en Suisse. En arrivant, j’ai dû trouver un travail d’étudiant et c’est la Migros à Genève qui me l’a offert: j’y ai été caissière. J’ai eu beaucoup de chance, c’était extraordinaire!

Aviez-vous de la famille en Suisse?

Non, personne! Mes enfants sont restés en Côte d’Ivoire et je me suis installée chez un compatriote. J’ai suivi les cours de l’école de commerce à Genève. Puis, je me suis mariée et je ne suis jamais repartie, car la guerre a éclaté dans mon pays. Mes enfants ont eu la possibilité de me rejoindre grâce au regroupement familial.

Votre pays vous manque?

Oui, beaucoup! Mais j’y retourne parfois en vacances. Parler mon dialecte, bété, me manque, même s’il m’arrive de chanter dans cette langue. La chaleur, la nourriture me manquent aussi, l’attiéké, l’aloko…

Et la vie en Suisse, franchement, comment ça se passe?

(Elle éclate de rire). Ce qui me plaît ici en Suisse, c’est la sécurité et la stabilité. En Afrique, il faut toujours remettre la machine en route. Après chaque élection, il faut remonter son entreprise, investir de l’argent, etc.

«Ce qui me plaît ici en Suisse, c’est la sécurité et la stabilité»

Hortense Richter

Comment s’est passée votre intégration?

A Genève, je me plaisais beaucoup mais c’est vrai que dans le canton de Fribourg, où je me suis installée car mon deuxième mari est Fribourgeois, c’est un peu plus difficile. Je ne sais pas pour quelles raisons, je me sens un peu bloquée et je sens moins d’ouverture. Et puis, il fait assez gris ici, et froid (elle rit). Mais je dois dire qu’il ne doit pas exister un autre pays d’accueil dans lequel on se sent aussi à l’aise qu’en Suisse!

Vous êtes toujours aussi joyeuse?

C’est un état d’esprit la joie, un remède et un choix. Et puis, ça se travaille! Moi, je chante!

Journée portes ouvertes le samedi 18 septembre, à Underi Lengi 1 à Saint-Ours. Infos sur www.dakyss.com

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