Femmes âgées particulièrement victimes de féminicides

Société » La violence domestique se cache par définition loin des regards, au sein des foyers. Les violences conjugales ne font pas exception. Dans cette catégorie, il existe une forme de maltraitance qui passe pratiquement toujours sous les radars: la violence au sein des couples de personnes âgées.

Pourtant, une victime de féminicide sur cinq a dépassé l’âge de la retraite, indique une enquête de la RTS, basée sur des chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Alors qu’elles ne représentent que 16% de la population féminine suisse, cette surreprésentation questionne. D’autant plus que dans les centres LAVI, organismes établis dans chaque canton à destination des victimes d’agressions, elles ne représentent que 5% des prises en charge. Dans l’Unité de médecine des violences du CHUV, elles ne correspondent qu’à 2% des consultations annuelles.

Delphine Roulet Schwab est professeure à l’Institut et Haute Ecole de santé La Source, à Lausanne. Face aux statistiques alarmantes, elle s’est intéressée aux violences au sein des couples de seniors et aux outils de prévention auprès des personnes âgées. Son étude a permis de créer une campagne de prévention adressée directement aux seniors, pensée et imaginée en collaboration avec des victimes de violence et des professionnels. Lancement le 15 décembre prochain. 

Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir ce sujet d’étude?

Delphine Roulet Schwab: Je travaille depuis plus de vingt ans sur le sujet des violences envers les personnes âgées. Cela fait des années que je constate une disparité sur le traitement des violences domestiques, particulièrement au sein du couple. Il est rare que l’angle particulier des seniors soit abordé.

Une des difficultés réside dans le manque d’études statistiques. Les tranches d’âge sur lesquelles sont basés les calculs de police sont très larges. Toutefois, lorsque l’on fait l’effort de distinguer les seniors du reste de la population adulte, on remarque la surreprésentation de cette catégorie dans les cas de féminicides, alors que peu de cas sont signalés avant d’arriver à ce stade de violence.

Aujourd’hui, 19% de la population a plus de 65 ans. En 2045, ce chiffre devrait atteindre 25%. Le vieillissement de la population augmentera inexorablement le nombre de cas de violence au sein de cette catégorie d’âge. Il est urgent de se saisir de la question.