Faites-vous une fleur (séchée)

Déco » Sur les commodes de nos grands-mères, elles piquaient et s’effritaient sous nos doigts potelés et curieux. Elles étaient (comme il se doit) pleines de poussière, et à ce stade on ne peut exclure que de petites bêtes y eussent élu domicile. Les fleurs séchées constituaient alors une terrible déception. Aujourd’hui, c’est une toute autre histoire. Elles opèrent un retour en force, se déclinant dans de nombreuses teintes, une multitude de formes – des fleurs aux graminées – et demeurant même parfois d’une souplesse étonnante. Cette reconquête se vérifie chez les fleuristes bien sûr, mais aussi dans les enseignes de décoration et même chez les grands distributeurs. Le signe qu’une nouvelle tendance est en train de s’imposer.

«Nous avons tous été surpris par ce retour»
Julie Savary

Julie Savary, qui possède l’atelier Créations Florales, à Donneloye (VD), ne dit pas le contraire, elle qui ne travaille qu’avec des fleurs séchées et stabilisées, que l’on nomme aussi lyophilisées – il s’agit de fleurs fraîches coupées au meilleur moment de leur floraison et qui, après avoir absorbé plusieurs produits biodégradables dont de la glycérine végétale, restent épanouies de plusieurs mois à quelques années sans avoir besoin d’eau. Egalement présidente de la section romande de florist.ch, l’Association suisse des fleuristes, elle note que la vague de la fleur séchée enfle depuis trois ans environ. «Nous avons tous été surpris par ce retour», avoue-t-elle. Un engouement qu’elle rattache à une volonté de consommer plus lentement – hortensias et autres fruits de pavot séchés peuvent se conserver très longtemps – ainsi qu’à la mode de la décoration vintage et à une tendance «nature, champêtre et épurée».

«La mode est à la déco bohème», observe aussi Déborah Chatton, qui possède le magasin Jardins sur Pérolles, à Fribourg. Et pour incarner cette déferlante «naturelle», une plante semble être devenue emblématique: l’herbe de la pampa. Son toupet fourni et tout doux se retrouve partout, un peu comme la coccinelle de Gotlib. Naturelle (beige) ou teinte, elle offre volume et folie à toute création dans le vent. Et la clientèle jeune de Déborah Chatton ne s’y trompe pas: elle plébiscite clairement les fleurs séchées, bien plus que ses clients plus âgés «qui peuvent penser que c’est démodé».