Territoire » Un cheval, soudain, jaillit hors de l’eau. La monteuse nous salue d’un regard, puis continue sa cavalcade dans la nonchalance des lisières. «C’est incroyable, c’est génial!» s’émerveille Georges Descombes, heureux de cette apparition qui transforme son paysage en tableau vivant. Il en a esquissé les contours, la nature invente le reste. C’est un terreau du possible, un jardin philosophique où se cultive la liberté.
Et au milieu coule une rivière. En méandres neufs, l’Aire divague à travers champs, coïncidant avec ce qu’elle aurait pu être avant sa canalisation au début du siècle passé, avant que sa débordante impétuosité ne soit corsetée en un canal rectiligne tracé entre le pied du Salève et l’Arve où elle se jette. Il y a 20 ans, les autorités genevoises ont lancé un concours pour sa renaturation. Georges Descombes en a fait le projet de sa vie, aujourd’hui cité par des scientifiques du monde entier, chanté par des poètes, salué par de nombreuses distinctions, dont le Prix européen du paysage en 2019. Et le 20 septembre dernier, l’architecte a reçu à Bâle le Grand Prix suisse d’art, décerné par l’Office fédéral de la culture.