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Evasion. En Autriche, une année de découverte culturelle dans la région des lacs

La région du Salzkammergut est la capitale européenne de la culture 2024. Trois cents événements seront organisés dans 23 communes. L’occasion de découvrir cet écrin aux septante lacs, source d’inspiration de nombreux artistes.

Le Schloss Ort à Gmunden, au bord du Traunsee. © Vianey Lorin

30 janvier 2024 à 13:10

Des chalets accrochés aux versants des montagnes, des lacs à l’eau cristalline et des villas impériales qui rivalisent de faste: les paysages du Salzkammergut, région autrichienne située à l’est de Salzbourg, semblent avoir été composés par un peintre soucieux de capturer l’essence de la beauté alpine. Ici, tout invite à la contemplation, et nombreux sont les artistes à avoir pris leurs quartiers d’été auprès de l’un des septante lacs que compte cette province.

C’est donc dans leur sillage que 23 communes se sont rassemblées, pour faire du Salzkammergut la capitale européenne de la culture 2024. Pour la première fois, ce n’est pas une ville qui obtient ce titre, décerné par l’Union européenne et qui vise à mettre en valeur la diversité des cultures du continent, mais une région rurale.

L’une des pièces maîtresses: les W-C portatifs utilisés par l’impératrice Sissi lors de sa traversée du Massif mort.

Il faut dire que les habitants cultivent ici une identité forte, héritée de l’histoire. Pendant près de 650 ans, le Salzkammergut a vécu isolé de ses voisins, protégé jalousement par les Habsbourg, qui l’avaient coupé du reste de l’Empire, en raison d’un trésor caché au cœur de ses montagnes: le sel. Son extraction a débuté il y a 7000 ans. Longtemps principal moyen de conserver les aliments, l’or blanc a fait la richesse du Salzkammergut tout en lui donnant son nom.

Quand son commerce commence à décliner, la région trouve un nouveau souffle, au XIXe siècle, grâce aux cures de sel, réputées alors efficaces pour traiter l’infertilité. Une popularité qui doit beaucoup à l’archiduchesse Sophie qui, après cinq fausses couches, décide de se rendre à Bad Ischl pour essayer ce traitement. L’enjeu est grand: le trône n’a pas d’héritier. En 1830, elle donne finalement naissance au futur empereur François-Joseph, le «prince de sel». En compagnie de sa femme, l’impératrice Sissi, François-Joseph passera à son tour ses étés à Bad Ischl, entraînant dans son sillage aristocrates et artistes.

Concert de yodel

Nombre de ces splendides bâtiments peuvent encore être admirés dans cette ville, bannière de la capitale européenne de la culture. C’est là qu’a été lancé l’événement avec un chœur de 1000 chanteurs réinterprétant la tradition du yodel, portés par les sons électroniques d’Hubert von Goisern, un artiste originaire de la région. Un hommage rendu à ce chant, utilisé comme moyen de communication par les bergers des Alpes.

La performance vient incarner les défis portés par cet événement: présenter une vision contemporaine du Salzkammergut sans toutefois gommer ses traditions, au risque de tendre la perche aux détracteurs d’une culture élitiste et hors sol. Un jeu d’équilibriste: «Il y en aura pour tout le monde, mais tout ne sera pas pour tout le monde», a ainsi prévenu Ines Schiller, maire de Bad Ischl.

L’exposition principale de l’événement ne manquera pas en ce sens de nourrir les débats. Dédiée au sel et à l’eau, elle présente les œuvres de 18 artistes contemporains travaillant autour de ces éléments. Si certaines peuvent laisser perplexe, d’autres enthousiasment, à l’image du labyrinthe de l’artiste japonais Motoi Yamamoto. Six tonnes de sel blanc auront été nécessaires pour tracer au sol ce dessin complexe conduisant vers des montagnes blanches. Un procédé qui lui permet de replonger dans ses souvenirs et de convoquer la mémoire de sa sœur, décédée il y a trente ans, pour lutter contre un oubli redouté.

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