Du dessin à l’écran de cinéma

BDmania » Du dessin à l’animation il n’y a qu’un pas qu’a franchi avec grâce Félicie Haymoz. A tout juste 40 ans, la Fribourgeoise formée à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles réalise des personnages pour le cinéma. Si elle est tombée dans la marmite du 7e art en collaborant au film des frères Samuel et Frédéric Guillaume Max & Co dans les années 2000, elle a notamment contribué aux deux films d’animation du cinéaste américain Wes Anderson Fantastic Mr. Fox (2009) et Isle of Dogs (2018). Après avoir vécu six ans à New York où elle a travaillé pour le cinéma, les séries TV ou la publicité, Félicie Haymoz est revenue en Suisse il y a une année «à cause de la pandémie et de Trump». Elle sera présente à BDmania dimanche (Musée Gutenberg, 15h30), en compagnie notamment du jeune illustrateur et animateur fribourgeois Silvain Monney, pour une discussion sur les liens entre le dessin et l’animation. Rencontre.

Vous êtes ce qu’on appelle dans le jargon une «character designer». Qu’est-ce que c’est?

Félicie Haymoz: En français on pourrait traduire par «dessinatrice de personnages» mais le mot «designer» est plus correct. Il faut savoir se mettre au service d’un projet. En général je reçois des scénarios assez développés et j’interviens un peu comme la main entre l’idée du réalisateur et ce qu’on verra à l’écran. Il y a un grand espace de liberté là au milieu.

Avec quels outils travaillez-vous?

Je travaille essentiellement sur Photoshop même si au départ je couche mes idées sur papier. C’est du dessin qui reste traditionnel. Ce que je préfère c’est l’animation en stop motion, à savoir image par image, et mon dessin est ensuite passé à toute une équipe qui va fabriquer d’abord un prototype en 3D, puis une vraie marionnette qu’on peut animer.

Vous êtes spécialisée dans le dessin d’animaux anthropomorphes. Une discipline en soi?

Quand je croise des gens je ne peux pas m’empêcher d’imaginer quels animaux ils pourraient être (rires). Pour moi chacun a un côté animal et je crois qu’à peu près tout le monde attribue aux animaux des émotions humaines. Les animaux anthropomorphes fonctionnent sur deux niveaux, le référent humain et le référent animal. C’est pour cela que je les trouve très riches à explorer. On peut aussi jouer avec les symboliques associées aux animaux.

Comment êtes-vous arrivée sur le film d’animation de Wes Anderson Fantastic Mr. Fox?

J’ai été recommandée par les ateliers de fabrication de marionnettes MacKinnon & Saunders, au Royaume-Uni, qui avaient réalisé les marionnettes de Max & Co des frères Guillaume sur lequel je venais de finir de travailler. C’était une opportunité assez incroyable.