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Société

Derrière le rideau, avec Yann

Trente ans que Yann Pugin occupe la scène fribourgeoise. Rencontre avec un comédien très occupé

Yann Pugin, chez lui à Payerne avec son chat Jules qui veille sur lui. Ou l’inverse.

20 novembre 2021 à 10:54

Théâtre » On croyait le connaître tant il fait partie du paysage culturel fribourgeois. On pensait savoir beaucoup sur lui depuis trente ans qu’il occupe le devant, les coulisses et tous les côtés imaginables de la scène. Finalement, on ne sait que peu de choses sur le comédien, le metteur en scène et l’homme, Yann Pugin, qui joue dès vendredi et jusqu’au 12 décembre au Théâtre des Osses Grâce à Dieu de François Ozon.

Alors il nous parle un peu de lui. De son chat Jules, d’une éventuelle et improbable retraite, de ses élèves du conservatoire qu’il lui arrive de paterner, de son jardin qu’il ne cultive pas assez, de son amour pour la langue française mais aussi de son affection pour saint Nicolas, qu’il a longtemps fréquenté. Et encore une fois, comme si souvent, on se dit qu’une page n’est pas suffisante, surtout quand on s’aventure derrière un rideau plus épais qu’il n’y paraît…

Famille

Né le 10 juin 1959. A grandi dans le quartier de Pérolles à Fribourg. Fils unique. En couple avec Claude. Habite à Payerne.

Formation

Collège Saint-Michel puis bac en France. Diplôme d’enseignement du français aux étrangers. Diplômé du Conservatoire de Lausanne. Enseigne le théâtre depuis 1982 dans de nombreuses écoles, dont l’EGC. Doyen de la section art dramatique du Conservatoire de Fribourg.

Hobbies

Théâtre.

 

Yann, franchement, dites-nous, existe-t-il quelque chose, un projet auquel vous n’ayez pas participé?

(Il éclate de rire). J’ai toujours essayé de répondre à toutes les sollicitations, même les plus biscornues, car l’intérêt de ce métier est les portes qu’il permet d’ouvrir et le fait de pouvoir rebondir. En tant que comédien, on m’a souvent utilisé dans un emploi assez identique. Je sais souvent à l’avance pour quel type de rôle on va me contacter.

Que vous demande-t-on de jouer?

Des policiers, des hommes de loi, des curés et éventuellement des journalistes (nous rions). Des personnages pas forcément très rigolos et surtout toujours identiques et donc, si je m’en tenais à ça, je serais dans une sorte de routine. Il est donc important de pouvoir rebondir et d’accepter d’autres projets comme je l’ai fait en organisant des parades, cortèges comme le 850e anniversaire de la ville ou bien encore la fête de réception d’un conseiller fédéral. C’est extraordinaire! Donc, je dis rarement non, en général.

Pour des questions financières également?

Non car j’ai toujours eu la chance de bien m’en sortir. Mais il est vrai qu’au départ, avant de me lancer tardivement, j’ai eu très peur que ça ne soit pas le cas, même si je ne cherchais pas un confort matériel extraordinaire. Finalement, les propositions se sont enchaînées, je n’ai jamais cherché les mandats. Et c’est tant mieux car mon métier, c’est du jeu. Un plateau de théâtre pour moi, c’est une sorte de grand train électrique.

Entre l’enseignement, vos divers mandats et casquettes, votre temps libre doit être assez limité, non?

Aujourd’hui, j’en ai davantage car je me l’octroie mais, pendant quinze ans, j’ai travaillé pratiquement sept jours sur sept, quinze heures par jour et dormi quatre heures par nuit. Il a fallu jongler entre divers mandats qui parfois se chevauchaient.

Y a-t-il chez vous une volonté de vous rendre incontournable? Il, me semble, par exemple, avoir grandi avec vous tant vous avez toujours été présent.

Mais quelle horreur! Me rendre incontournable? Ah non, pas du tout! Je n’ai jamais cherché qu’on vienne me chercher! Et une des rares choses dont je sois fier, c’est qu’en trente ans de métier, je n’ai jamais connu un seul jour de chômage.

Cette vie dans la lumière, vous en avez besoin?

Bof, tout ça, c’est du pipeau! Et puis, ce n’est pas de la lumière. Ce sont juste des petits flashs lorsqu’on parle de nous. Je n’ai absolument pas cette sensation d’être dans la lumière. Je trouve, en tout cas en Suisse, que nous sommes, dans mon métier, relativement dans l’obscurité.

Que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas?

Je travaille pour préparer d’autres projets. Je vis, je dors et je pense théâtre, ça fait partie de ma vie. Mais je ne suis pas malheureux, au contraire, ça me porte. J’essaie d’aller marcher parfois et de rencontrer des amis. Le peu de temps que j’ai à disposition, j’essaie de le consacrer à des gens que j’aime. Et j’apprécie de cuisiner.

«Je vis, je dors et je pense théâtre, ça fait partie de ma vie»

Des choses finalement assez simples. Je ne suis pas un grand voyageur, par exemple. C’est marrant, j’ai toujours pensé que j’étais paresseux. Notamment lorsque j’étais étudiant et que je faisais des piges pour La Liberté. Je me couchais à 2 heures du matin et me levais à 2 heures de l’après-midi en me disant que ça, c’était la vie! Alors qu’aujourd’hui, je me lève à 6 h et me couche souvent tard.

Avez-vous rêvé, un jour, d’une autre carrière?

Le théâtre a toujours été ma passion. Mais j’aurais aimé être journaliste, par exemple. Je l’envisageais d’ailleurs sérieusement. J’aime la lecture et la rencontre avec l’autre. Et je suis un amoureux de la langue. Sinon, lorsque j’étais enfant, je rêvais d’être archéologue. Quand je pense à quel point j’ai mal aux genoux en creusant la terre, ça n’aurait pas été pour moi!

D’où vient cette passion pour le théâtre?

Dans le fond, je crois que je n’ai jamais pensé à autre chose. Enfant, je me souviens que ma maman avait une passion pour la comédie musicale américaine et je regardais cela religieusement avec elle. Peut-être que cela m’a influencé. Il y a aussi eu mes premiers pas dans le théâtre, vers l’âge de cinq ou six ans, avec les Cœurs vaillants du Christ-Roi, sortes de scouts, dans le quartier de Pérolles où j’ai grandi. Dans ce cadre-là, j’ai eu l’occasion de jouer dans un spectacle et de passer en direct à la radio. C’était fascinant!

Pour quelles raisons vous êtes-vous lancé tardivement, à presque trente ans?

Tout simplement parce que j’ai fait des études universitaires avant. J’ai perdu ma maman lorsque j’étais au collège, j’ai tout arrêté puis j’ai repris le bac, mais en France, que j’ai eu à 23 ans. Et à 28 ans, je me suis dit, c’est la der, je ne vais rien regretter, j’y vais!

Il paraît que vous connaissez bien un certain saint Nicolas…

J’ai été son coach de 1992 jusqu’en 2010. C’était une jolie aventure car je l’ai accompagné avant et pendant son discours. J’ai trouvé ces coulisses fantastiques, même si c’était aussi une mission assez périlleuse, parfois…

Souvenir des hautes sphères

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