Cyril, mathématicien-organiste

Fribourg » Prof de maths, organiste et Jurassien. Il n’en fallait pas davantage pour titiller la curiosité. Il fallait le rencontrer, l’écouter et voir à quoi il ressemble. Lui qui n’aime pas entrer dans des cases a accepté celle-ci. Parce qu’il est curieux. Créatif, avant tout. L’adjectif qui revient le plus souvent dans sa bouche. Et des mots, Cyril Julien en économise beaucoup mais lorsque, dans un accès de générosité, il se laisse aller, c’est tout un univers qui se dévoile.

Celui où tout est possible quasiment infiniment. L’amour des mathématiques, leur beauté explosent au grand jour, ce qui, avouons-le, peut s’apparenter à un exploit. Alors face aux néophytes un chouïa déconcertés, il improvise comme il le fait lorsqu’il joue de l’orgue. Une musique à laquelle nos oreilles ne sont malheureusement pas assez habituées…

Cyril, qu’est-ce qui vous plaît tant dans les mathématiques à tel point que vous avez décidé d’en faire votre métier?

La pureté. Vous me prenez pour quelqu’un de bizarre, là, non?

Non, pas vraiment… La pureté mais encore?

La pureté dans l’abstraction de l’esprit. Les mathématiques comme œuvre d’art. Je fais des maths comme je fais de l’art. C’est pour cela aussi que je fais de la recherche en maths dans le cadre de mon doctorat.

De quoi traite votre thèse?

Le titre est: Caractérisation des automorphismes d’hypersurfaces polynomiales de l’espace complexe à quatre dimensions.

Votre domaine de prédilection?

L’analyse complexe à plusieurs variables. Ce sont des maths pures mais qui ne servent à rien.

«Ce sont des maths pures mais qui ne servent à rien»

Cyril Julien

D’où leur beauté.

Oui! Quand je mène cette recherche, c’est un travail créatif car j’ai une très grande liberté. C’est comme une forêt où l’on veut se créer un parcours. Il existe un sentier tout tracé. Moi, j’essaie c’est d’aller voir un peu de côté, hors des sentiers battus…

Vous avez toujours aimé les mathématiques?

Non! Je suis nul en calcul car je n’aime pas les nombres.

C’est assez étonnant, a priori…

Ce qui m’intéresse se situe au-delà. Les concepts, les structures, etc. J’essaie de le transmettre un peu à mes élèves au collège.

Vous êtes quand même devenu prof de maths malgré tout…

J’ai eu un déclic, un jour, dans le cadre d’un cours de géométrie. Il fallait construire des pavages. J’avais fait quelque chose de très compliqué que le prof, d’abord, ne comprenait pas. Puis, la semaine suivante, il est venu vers moi en me disant que ça fonctionnait, que j’avais une prédisposition pour les maths. Mais j’ai quand même failli ne pas faire d’études…