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Société

Celui qui répare en musique

Restaurateur d’œuvres sculptées, Brice Duffour a aussi consacré une biographie à Jermaine Jackson

Brice Duffour a consacré cinq années à la rédaction de la biographie de Jermaine Jackson, axée sur le parcours musical de l’artiste américain.

10 octobre 2021 à 14:26

Arts » La musique est sa «plus belle histoire d’amour». Pas étonnant qu’il ait choisi le jour de la fête de la musique, le 21 juin dernier, pour sortir son premier livre, une biographie de Jermaine Jackson. Vous n’y trouverez aucun scoop sur cette célèbre famille. L’ouvrage mise sur la discrétion, à l’image de son auteur. Un travail de longue haleine, de fouilles, de recherches intenses comme les aime Brice Duffour. Spécialisé dans la restauration d’œuvres sculptées, ce bassiste se distingue par sa patience, sa rigueur et son calme. Olympien.

Biographie, restauration d’œuvres d’art, magazine culturel en ligne. Brice, franchement, y a-t-il quelque chose que vous ne faites pas?

(Il sourit). Oui, il y a beaucoup de choses que je ne fais pas, mais je pense que j’ai besoin de créer. Je suis très observateur et mes intérêts sont nombreux. La vie d’artiste me passionne. J’aime aller découvrir ces vies et découvrir ce que nous ne savons pas forcément.

Justement, vous avez consacré un livre à Jermaine Jackson. Pourquoi?

Jermaine Jackson joue de la basse. Et je suis moi-même bassiste. Ce qui était pour moi très intéressant, c’est que derrière sa notoriété, en réalité, il est mal connu. Me lancer dans l’écriture de sa vie a été pour moi comme la découverte d’un trésor. J’ai voulu, avec ce livre, répondre aux questions que je me posais sur lui. J’ai contacté une trentaine de collaborateurs qui ont travaillé avec lui. Le travail d’archivage a pris plusieurs années, mais il y a aussi eu des rencontres et des interviews. Cela été fantastique de voir toutes ses collaborations, projets. Il a été un précurseur dans sa famille car il a été le premier des Jackson à chanter, à mener une carrière solo, à se produire, à partir en tournée.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en rédigeant ce livre?

La plupart de ses collaborateurs m’ont dit qu’il était un artiste sous-estimé. Quand on le présente dans la presse, on le ramène toujours à son frère, Michael. Comme s’il avait eu besoin de lui pour exister, ce qui n’est pas du tout le cas. C’est un artiste à part entière qui ne s’est jamais arrêté de créer. Or, on lit souvent qu’il doit sa notoriété à son frère. C’est faux car il a eu la sienne avant ses frères et sœurs.

A-t-il conscience de cela?

De mon point de vue, oui. Si vous écoutez ses interviews, systématiquement, on lui parle de Michael. Mais il y a beaucoup de respect chez lui et il a d’ailleurs consacré un livre à son frère.

Des artistes «mal» connus, il y en a des tonnes. Pourquoi celui-là, vous êtes un fan depuis toujours?

Il fait partie des artistes que j’ai beaucoup écoutés. Ce que j’ai lu sur lui ne correspond pas à la personne que j’ai rencontrée pour la première fois en 1993. Il est très charismatique, chaleureux, disponible et à l’écoute. Ce qui m’impressionne toujours chez Jermaine Jackson, c’est son regard. J’imagine tout ce qu’il a vu, l’hystérie des gens lors des concerts, le succès phénoménal…

Votre biographie est «musicale» et n’évoque pas la vie privée de l’artiste. Pourquoi ce choix?

Il n’y a aucun élément sensationnel, c’est vrai. La relation entre les frères et sœurs Jackson n’était pas, pour moi, l’élément le plus intéressant. C’est davantage le côté artistique qui, justement, est le moins connu. L’idée est de voir la façon dont il travaillait, écrivait sa musique et de quelles personnes il s’entourait, entre autres. J’ai commencé ce travail en 2015, et seulement à condition qu’il soit d’accord avec cette démarche. Je lui ai envoyé mon manuscrit et j’ai obtenu son accord ce printemps. Il m’a remercié pour tout le travail effectué et ça m’a beaucoup touché. Pour l’instant, le livre est disponible en anglais uniquement mais devrait être traduit en français aussi. Les bénéfices des ventes seront versés à Enfants du monde, une association humanitaire suisse pour l’éducation et la santé des enfants et des mères défavorisés.

Quels sont vos futurs projets?

Des projets, dans ma tête, j’en ai pour les quarante prochaines années! Ça se fait sur plusieurs années, j’opte pour la stratégie des petits pas dans tout ce que je réalise. Il y a le magazine en ligne, que j’ai créé il y a environ un an, et qui me permet de rencontrer des artistes. On y parle aussi bien de musique, d’expositions ou de bien-être.

«J’aurais voulu être un artiste…» Ça vous parle comme chanson, vous auriez aimé ça?

Mais je crée aussi. Des sculptures, un peu de lutherie. Restaurer des sculptures m’a permis de toucher à des œuvres parmi les plus belles au monde, dont celles de Rodin, Camille Claudel. C’est une lecture de leur travail. Mais pour répondre à votre question, la notoriété n’est pas mon fil conducteur. C’est davantage le fait de créer, et que cela soit sincère avec moi-même. Je crée pour embellir mon quotidien, répondre à mes besoins.

Quel lien y a-t-il entre toutes vos activités?

Dans le domaine artistique, de nombreuses activités sont complémentaires et liées. Je trouve une cohérence dans toutes ces activités.

Au fait, écoutez-vous Jermaine Jackson en restaurant des œuvres sculptées?

Non pas forcément. J’écoute plutôt du jazz. Etant donné que mon père était trompettiste, j’ai été imprégné par cette musique.

Pour qui travaillez-vous?

Des musées, principalement du côté de Genève. En ce moment, je restaure des œuvres de l’Antiquité, des têtes en marbre de philosophes.

Quel sentiment cela vous procure-t-il?

Il y a un lien avec le fait de réparer. Je suis un réparateur comme je le serais pour les bobos de la vie. Il y a aussi un aspect historique important: face à une œuvre, on remonte le temps. C’est fascinant et très enrichissant de voir une sculpture d’Auguste Rodin et de comprendre comment ses mains ont travaillé. Je me souviens aussi d’avoir eu des frissons devant une œuvre de Camille Claudel et ses empreintes de doigts… Mon chemin professionnel a été façonné de rencontres, grâce à des personnes qui m’ont ouvert des portes. Dans l’artisanat, il ne faut pas être avare et transmettre à la jeune génération ces gestes de travail. Tout le monde a sa place et nous avons même plusieurs places. Mais il faut savoir la prendre, ce qui n’est pas toujours évident.

Infos à l’adresse www.ateliersduffour.com


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