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Société

Critique. au théâtre des Osses, l’énergie du désespoir


18 décembre 2022 à 22:29

La salle reste éclairée d’une lumière pas nette, de sous-sol de gare ou de train dans la nuit. Une manière de placer les spectateurs au même plan que les comédiens: tout le monde se trouve dans le même train, nous filons tous dans cet interminable tunnel, que Friedrich Dürrenmatt a décrit dans la nouvelle Le Tunnel et qu’Anne Bisang a mis en scène pour marquer le centième anniversaire de l’auteur (en 2021). L’adaptation était accueillie durant deux week-ends au Théâtre des Osses, à Givisiez.

En réalité elle s’intitule Nous roulons sur des rails, donc ce tunnel doit conduire quelque part… Car une deuxième pièce, dialoguée, offre un pendant et fait écho au récit de Dürrenmatt: Odile Cornuz en a tracé la langue plus contemporaine et surtout féminine. Les textes se suivent avec simplement une transition entre les deux. Est-ce Stéphane Mercier, «créateur sonore» dans sa salopette rouge, le conducteur de train absent de la cabine? Il achèvera en tout cas de plonger la salle dans une atmosphère angoissante de fin du monde, avec des nappes sombres et des bruitages tirés du roulement d’un train.

Ça sent le roussi

Les costumes et le décor mobile placent d’emblée Le Tunnel au niveau de la métaphore, avec les cacatoès, les lunettes, la bibliothèque, la table de travail et le français fédéral de Dürrenmatt… Même si la toponymie est tout helvétique, Burgdorf, Herzogenbuchsee, Langenthal, Olten, Zurich, le convoi roule dans une réalité parallèle. Les quatre comédiens n’incarnent pas de personnage, ils racontent à la troisième personne, ce qui n’empêche pas l’énergie du jeu de devenir sauvage, quasi désespérée. Leur manière de porter le texte tient de l’urgence, elle est intensément engagée, physique, jusqu’à l’emphase et aux cris, tandis que les corps, les lumières et les objets tanguent, vacillent, déraillent…

Une représentation forte de la panique et du gouffre.
 

Puis les comédiens Hélène Cattin, Juliette Vernerey, Simon Bonvin et Robert Bouvier se changent à vue, font rouler des sièges plus modernes. Leur expression est plus actuelle, ajustée à leur personnage. Odile Cornuz commence par les faire soliloquer. Ils ont chacun un rythme propre, avant d’être forcés de s’ajuster à celui des autres. L’éclairage blafard accentue l’attente, l’ennui, le flottement. Mais même s’ils incarnent une scientifique, une mécanicienne, un enfant, un prolo, Anne Bisang utilise notamment un micro pour recréer de la distance, tandis que le langage va et vient entre l’abstrait et le concret, le plan des idées et le quotidien.

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