Logo

Société

Barbara Knutti. «Aimer les animaux ne suffit pas»

Spécialiste de la reproduction équine, Barbara Knutti dirige un cabinet vétérinaire dans la Broye

Les juments inséminées par les soins de Barbara sont souvent accompagnées, ici le tout jeune Fuego.

17 juin 2023 à 12:25

Volonté » Un visage bien connu des éleveurs broyards. D’origine bernoise, c’est à Corcelles-près-Payerne que Barbara Knutti décide de poser sa valise en 2001. A l’intérieur, un doctorat en gynécologie bovine et plusieurs années de pratique chèrement acquise dans la campagne alémanique, où la jeune femme a dû parfois montrer les dents pour prouver sa valeur. Valeur dont plus personne ne doute aujourd’hui: à la tête d’un cabinet qui a compté jusqu’à quatre vétérinaires, cette quinquagénaire à l’humour vif gère désormais seule grosses urgences et petits bobos en parallèle de son centre de reproduction équine.

Seule? Abstraction faite du soutien de Marlise, responsable du secrétariat, et de Ruedi, responsable de tout le reste. Sans oublier cette vieille et fidèle alliée que d’aucuns appellent passion.

Barbara, beaucoup d’enfants se rêvent vétérinaires. C’était votre cas?

Depuis que j’ai six ans! C’est l’âge auquel j’ai commencé à monter à cheval. Un rêve qui faisait d’ailleurs beaucoup rire à l’époque: j’étais déjà grande mais très mince, pas du tout le type de la profession…

«Je me sens responsable envers l’animal de savoir dire stop quand il le faut.»
Barbara Knutti

Parce qu’il y a un «type»?

Dans le temps, c’était essentiellement des hommes, et plutôt costauds. De mon côté, j’ai grandi avec les aventures de James Herriot, j’imaginais un gentil monsieur qui soigne les bêtes à la campagne et rend heureux les propriétaires. Une vision drôlement romantique!

On imagine que la réalité l’est moins.

Notre travail consiste à soigner, soulager, mais aussi éviter la souffrance, ce qui signifie parfois y mettre fin. Je me sens responsable envers l’animal de savoir dire stop quand il le faut. Parfois, ça exige d’aller contre la volonté du propriétaire pour protéger l’animal, et parfois contre l’intérêt de l’animal pour protéger le propriétaire… Quand une famille avec deux enfants m’explique qu’elle ne peut pas mettre 2000.- pour soigner son chat, je pense que la décision la plus raisonnable c’est de s’arrêter là.

Vous dites que dans ce métier, aimer les animaux ne suffit pas...

C’est ce que je répète à tous mes stagiaires: dans cette profession, il faut d’abord aimer les gens, ensuite les animaux. C’est comparable à la pédiatrie: quand l’enfant ne parle pas, c’est à travers les parents que le médecin peut faire son travail. Il faut savoir communiquer et avoir de l’empathie envers les propriétaires.

Propriétaires qui n’ont pas toujours été tendres avec vous…

Famille

Née le 1er avril 1965, a grandi à Evilard (BE) avec ses quatre frères et sœurs. Rencontre Ruedi en 1994, l’épouse en 2012. Une belle-fille.

Profession

Doctorat en reproduction bovine à l’Université de Berne. Travaille dans différents cabinets mixtes dans les régions de Zurich et de Berne. Formations continues en Hollande et en Afrique du Sud. En 2001, ouvre un cabinet vétérinaire et une station de reproduction équine à Corcelles-près-Payerne. Plusieurs salariées jusqu’en 2020. Travaille aujourd’hui seule, aidée par son mari Ruedi et sa secrétaire Marlise.

Les premières années ont été très compliquées, c’est vrai. J’étais la première femme à manipuler des vaches dans la région de Steffisburg, une région assez conservatrice et très rurale. J’arrivais pour un vêlage et on me disait: «Mais qu’est-ce que tu veux, toi, mon fils a déjà essayé.» Certains paysans ne m’ont même pas laissé entrer dans l’écurie! Il fallait se montrer très sûre de soi, ce qui est d’autant plus difficile quand on débute et qu’on a peu d’expérience. Mais j’avais la tête dure et je crois que c’est ce qui m’a motivée: montrer à tout prix que j’en étais capable.

C’est la raison pour laquelle vous vous êtes entourée de femmes par la suite dans votre cabinet?

Pas exactement. J’ai eu plusieurs postulations masculines mais le feeling passait mieux avec les femmes, surtout face à des hommes qui, à peine passée la porte, voulaient m’expliquer comment faire mon métier. D’un autre côté, c’était aussi l’occasion de montrer à ces jeunes femmes qu’elles pouvaient y arriver, les soutenir sur ce chemin qui n’est pas forcément facile, en particulier quand on veut une famille. Mais je n’avais rien contre les hommes!

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique

Société

Edition 5.0. Innovation éditoriale: les systèmes transforment le paysage de l’information moderne

Dans l’univers dynamique de l’édition, les systèmes éditoriaux se distinguent en facilitant la collaboration, en optimisant la production grâce à l’automatisation, et en assurant une diffusion personnalisée et sécurisée. Ces outils, en constante évolution, s’imposent comme des partenaires essentiels pour répondre aux défis toujours plus diversifiés du secteur de l’information contemporain.