Polyamour. à la recherche de l’amour pluriel

Société » «Je suis amoureuse de trois hommes.» Clémence*, 34 ans, expérimente de nouvelles façons d’aimer depuis un peu moins d’un an et se considère comme polyamoureuse. Elle ne se verrait pas revivre une relation monogame classique. «Pour avoir longtemps testé les formes de relations normées, j’ai toujours eu le sentiment de ne pas être complètement moi-même.» Démocratisé dans les années 1990 aux Etats-Unis, le terme polyamour fait l’objet de nombreux livres, podcasts, articles ou séries depuis quelques années.

S’il est parfois confondu avec le libertinage (lire lexique), la spécialiste en sexologie Nicole Dubois rappelle que le concept n’est pas une nouveauté: «Dans l’histoire de l’humanité, d’autres termes ont été utilisés pour l’évoquer et dans l’histoire récente, le mouvement de libération sexuelle des années 1960 portait exactement sur cela: l’accès à la contraception pour les femmes permettait d’avoir une sexualité plus ouverte et certains couples expérimentaient ainsi d’autres relations.» Bien avant Mai 68, en 1929, le couple Beauvoir-Sartre a aussi passé un pacte de polyfidélité leur permettant de vivre des amours multiples en plus de leur relation, qui restait la principale.

Léa, 28 ans, est en couple libre depuis plusieurs années. «Ça s’est plutôt présenté comme un état d’esprit qui a permis de lâcher prise sur l’autre et de réduire la jalousie. Depuis un an, elle et Kevin* ont opté pour les relations polyamoureuses: «C’est Kevin qui trouvait cette configuration intéressante – c’est une façon d’avoir moins de pression à contribuer à mon bonheur.» Mais le jour où Léa tombe sur Boris*, elle ne peut s’empêcher de s’interroger: «Ai-je le droit d’aimer quelqu’un d’autre? Pourquoi n’aimer d’amour qu’une personne alors que j’aime toute ma famille au même niveau?» Elle s’autorise à sauter le pas. «J’ai complètement déconstruit ma notion de couple. Je préfère vivre des relations sans attentes, où nous nous soutenons l’un l’autre, créons des souvenirs sans prises de tête, nous portons une attention particulière mais sans être accro. »

Fidélité différente

Clémence propose une conception de la fidélité différente: «Je suis sexuellement ouverte, mais fidèle émotionnellement. La fidélité est basée sur la confiance qu’on entretient, la présence à l’autre et le fait de partager d’autres moments que la sexualité. Et cela ne m’empêche pas de tomber amoureuse de plusieurs personnes, qui vivent aussi d’autres relations.»