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Vaud

Tamedia. Non à un grounding de la presse romande

En colère, des centaines de personnes ont manifesté mardi à Lausanne et à Zurich contre les licenciements chez Tamedia.


31 octobre 2023 à 19:20

Médias » Sale temps pour la presse, au propre comme au figuré. Pour certains, c’est même un avis de tempête qu’il faut lancer. Mardi, c’est sous la pluie que près de 200 employés de Tamedia ont débrayé et marché de la gare jusqu’à la tour Edipresse où ils ont dénoncé l’ampleur des charrettes qui frappent le groupe de presse, qu’il s’agisse des médias payants (24 heures, Tribune de Genève et Matin Dimanche) ou des titres gratuits (20 minutes, 20minutes.ch et LeMatin.ch) et du Sport-Center. Un rassemblement à Lausanne, alors qu’un mouvement semblable réunissait au même moment environ 300 personnes à Zurich.

«Véritable grounding»

«TX Group enterre la presse romande», pouvait-on lire sur la banderole en tête de cortège: le ton était donné. «Tamedia, serial killer», «Tik Tok, Tik Tok, bientôt la fin des médias», «Tamedia, l’info en lambeaux», autant de pancartes, autant de titres pour dire la même crainte: qu’à force de tailler dans les effectifs, les médias dits traditionnels sont pris dans une spirale fatale, face notamment aux réseaux sociaux et aux géants d’internet.

«En 2009, Edipresse comptait 1500 employés en Suisse. Aujourd’hui, nous sommes à peine 400»
Erwan Le Bec

«L’étape historique qui se joue aujourd’hui nous précipite dans un véritable grounding de la presse romande, qu’il faut à tout prix empêcher», a martelé Erwan Le Bec, président de la Société des collaborateurs de 24 heures. «En 2009, Edipresse comptait 1500 employés en Suisse, c’était le fleuron de la presse romande. C’est ça que votre groupe a acheté Monsieur Supino (patron de TX Group). Aujourd’hui, nous sommes là, fatigués, licenciés, menacés, nous sommes à peine 400. C’est une page qui se tourne irrémédiablement dans l’histoire de la presse romande. Depuis 2016, la rubrique Vaud et Régions a perdu 25% de ses effectifs», affirme le journaliste.

Pour mémoire, il y a 40 jours, les premières coupes étaient annoncées dans les rédactions payantes afin d’économiser 6 millions (3,5 en Suisse romande et 2,5 outre-Sarine), soit 48 postes. Alors que les consultations étaient en cours, ce sont 28 autres emplois qui étaient biffés chez 20 minutes, Le Matin et le Sport-Center. Au total pour la Suisse, plus de 80 postes passaient à la trappe en un mois.

«Comment continuer?»

«C’est une période difficile, on est dans l’incertitude. Nous essayons d’imaginer comment nous pourrions faire une info de qualité avec 28 personnes en moins, constate Pauline, journaliste à 20 minutes. Ça fait peur, je ne sais pas comment on va continuer.»

Son collègue Julien Baumann corrobore. «Nous sommes là pour manifester notre incompréhension et notre désarroi, et lutter afin que les 28 personnes concernées bénéficient des meilleures conditions pour amortir le choc d’une rupture aussi soudaine que brutale.»

Ces suppressions d’emplois suscitent la colère aussi parce que TX Group a versé pas moins de 47,7 millions de dividendes en 2022. Secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, Anthony Bellanger l’a exprimé avec clarté, sous les applaudissements et les sifflets: «Quand on distribue 47 millions à ses actionnaires, on n’a pas le droit de licencier. Derrière les statistiques et les chiffres utiles pour la Bourse, il y a du personnel et aussi des familles qui sont menacées par la précarité.»

«Démocratie en danger»

Le nombre d’emplois menacés est «vertigineux», a déploré Caroline Gebhard, présidente d’Impressum Vaud pour qui «on détruit des carrières, des vies, des vocations et on sacrifie aussi notre profession». Melina Schröter, secrétaire régionale de Syndicom, a dénoncé «une consultation alibi».

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