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Vaud

L'Uni hantée par le harcèlement

Un audit externe pointe une prise en charge parfois inadéquate de victimes présumées dénonçant des attouchements et du harcèlement qui se seraient déroulés sur le campus de l’Université de Lausanne

Student enters into an auditorium on the first day of university schools at the University of Lausanne (UNIL) during the coronavirus disease (COVID-19) outbreak, in Lausanne, Switzerland, Tuesday, September 21, 2021. The Covid pass will be required from 20 September for students to attend classes. Many universities in Switzerland will introduce the Covid-19 certificate. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)LAURENT GILLIERON/keystone-sda.ch

Aurélie Yuste

Aurélie Yuste

3 novembre 2021 à 23:19

Temps de lecture : 1 min

Vaud » L’Université de Lausanne (Unil) est rattrapée par plusieurs affaires de harcèlement sexuel. Un audit externe rendu public hier épingle certains agissements de l’ancienne Direction de l’Unil, du groupe Impact (GI), l’instance chargée de la gestion des conflits du travail et du harcèlement de l’Etat de Vaud, et du service de médiation. Le rapport rédigé par Karine Lempen, professeure de l’Uni de Genève, pointe des comportements inadéquats vis-à-vis des victimes présumées dénonçant des attouchements et du harcèlement de la part de deux professeurs enseignant dans deux facultés différentes.

Hier matin, le nouveau rectorat de l’Unil annonçait mettre en place une stratégie contre le harcèlement sur son site. Un «dispositif ambitieux pour prévenir et traiter de façon satisfaisante et volontaire les faits de sexisme et de harcèlement sexuel», déployé dès 2022. Dans le communiqué, la Direction donne peu d’informations sur les raisons ayant mené à sa formulation.

Elle se limite à signaler que «dans des situations récentes, la Direction a pu mesurer la difficulté à appliquer les objectifs qui sont les siens, à savoir, une tolérance zéro à l’égard du harcèlement sexuel et du sexisme, un contexte favorisant l’émergence de la parole des victimes, et la prévention de tels phénomènes». Et de préciser succinctement: «La prise en charge des cas portés à sa connaissance n’a pas toujours permis de remplir ce triple objectif». Elle décide dorénavant de «faire appel à de nouveaux prestataires» pour les enquêtes administratives.

Le syndicat lance l’alerte

En réalité, ce dispositif a été formulé sous la pression du Syndicat des services publics (SSP). Insatisfait d’un rapport concluant à l’inexistence d’actes constitutifs de harcèlement dans une affaire impliquant plusieurs membres du personnel et des suites données par l’ancien rectorat à ce cas, le SSP alerte en décembre 2019 Cesla Amarelle, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC).

Un an après une première rencontre avec le syndicat, l’Unil et des témoins, Cesla Amarelle invite en décembre 2020 la Direction de l’Unil à «réaliser un audit externe sur le processus suivi concernant cette dénonciation». Celui-ci doit permettre selon les termes de l’élue de «déterminer si le processus suivi était le plus adéquat pour protéger l’émergence de la parole de femmes victimes ou témoins de propos sexistes, voire de harcèlement». Le 23 mars 2021, la Direction de l’Unil  confie ce mandat à Karine Lempen.

Dans son rapport, cette professeure de droit civil analyse la gestion par le médiateur universitaire, par le groupe Impact et par le rectorat de plusieurs plaintes concernant d’abord un, puis deux professeurs. En effet, en cours d’audit, des cas d’attouchements présumés mettant en cause un autre enseignant sont portés à l’attention du syndicat, qui requiert un élargissement de l’enquête en mars. A quels niveaux les instances ont-elles failli à répondre adéquatement dans ces différents cas?

Processus mal compris

Au sujet du service de médiation, l’auditrice note des problèmes au début du processus de prise en charge des victimes présumées. Une assistante craignant les conséquences que pourrait avoir une dénonciation d’un attouchement sur sa carrière aurait été invitée à s’adresser directement à la Direction de l’université.

Sur la base de ce témoignage et des éléments du dossier, Karine Lempen recommande que l’Unil complète son dispositif. Elle suggère que soit mis sur pied un groupe dédié à l’accueil des personnes concernées, «compte tenu des difficultés éprouvées par les doctorantes à trouver l’espace de parole recherché dans le cadre d’une démarche informelle».

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