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Après l’affaire Godel. Un procès à enjeux s’ouvre autour de la liberté de la presse

Jean-Marc Angéloz va défendre son métier de journaliste après sa condamnation, en mars 2023, pour instigation à violation du secret de fonction après la parution de son livre d’entretiens avec l’ancien conseiller d’Etat Georges Godel.

Jean-Marc Angéloz va contester sa condamnation pour instigation à violation du secret de fonction après la parution de son livre d’entretiens avec l’ancien président du Conseil d’Etat fribourgeois Georges Godel. © Alain Wicht

31 janvier 2024 à 18:35

Temps de lecture : 1 min

De l’avis de plusieurs acteurs et observateurs de la vie médiatique, c’est un procès important qui s’ouvrira vendredi devant le juge de police de la Sarine. Le journaliste Jean-Marc Angéloz tentera d’y faire annuler la condamnation pour instigation à violation du secret de fonction dont il a écopé en mars 2023 après la publication de son livre d’entretiens avec l’ancien président du Conseil d’Etat fribourgeois Georges Godel (lire ci-dessous).

Estimant que l’auteur de Secrets et confidences d’un président avait amené l’ex-homme fort du Gouvernement fribourgeois à lui transmettre des rapports confidentiels et des informations sensibles inconnues du grand public, le procureur général Fabien Gasser lui a infligé, par ordonnance pénale, une peine de 100 jours-amende avec sursis pendant 2 ans et 1500 francs d’amende ferme.

Selon le magistrat, le journaliste aurait «incité» l’ancien conseiller d’Etat à agir de la sorte «en l’abordant avec le projet d’entretiens et de livre, en rédigeant une feuille de route qui laissait croire que la problématique du secret de fonction était prise en considération» et en entretenant avec le politicien «une relation de courtisan à courtisé».

Jean-Marc Angéloz aurait ainsi «activement provoqué les confidences de Georges Godel, sans se soucier du secret de fonction». Le procureur général a tout de même retenu, à sa décharge, que le journaliste avait pour mobile «de vouloir présenter de manière transparente les rouages de la démocratie».

«Procédures bâillons»

Cette condamnation n’en fait pas moins bondir les défenseurs de la liberté de presse. «A mon sens, reprocher à un journaliste une instigation à violation du secret de fonction, c’est lui reprocher de faire son travail», résume Etienne Coquoz, secrétaire général de l’association professionnelle de journalistes Impressum. «Son rôle est de trouver de l’information, pas de protéger le secret. Je m’interroge sur les motifs ayant pu aboutir à cette condamnation et espère que Jean-Marc Angéloz obtiendra gain de cause.»

On sait que les journalistes sont susceptibles de se retrouver devant les tribunaux et il existe de nombreux abus dans ce sens, poursuit le secrétaire général. «Impressum combat vivement toutes les procédures bâillons à l’encontre des médias. Dans le cas d’espèce, le motif est d’autant plus surprenant», conclut-il.

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