Zénauva. Un loup sévit sur la commune du Mouret

«C’est la nature. Le loup mange aussi des chevreuils, mais quand cela touche vos animaux, émotionnellement, c’est dur.» Vendredi matin, Gilles Schorderet a retrouvé éventrée et écartelée l’une de ses brebis, portante de deux agneaux. L’animal faisait partie d’un troupeau de huit moutons qui paissent dans un pré situé à 300 mètres de la ferme que l’agriculteur de Zénauva exploite avec son neveu, sur la commune du Mouret.

Deux de leurs brebis avaient déjà mis bas au début février. «Quand je suis arrivé le matin, les quatre agneaux avaient disparu. J’ai ensuite vu qu’il y avait de la laine éparpillée et j’ai découvert la brebis portante complètement démontée au fond du pré. On est habitué à perdre une bête mais là, quand on voit comment elle a dû souffrir, c’est prenant», confie Gilles Schorderet.

Le silence des brebis

Sur place, le garde-faune a pu déterminer qu’il s’agissait d’une attaque de loup. «Grâce aux indices trouvés sur le cadavre, nous pouvons confirmer à 100% qu’il s’agit d’un loup», indique Elias Pesenti. Des échantillons génétiques ont été prélevés sur la brebis morte. «L’analyse ADN doit nous permettre de déterminer l’identité de l’individu», précise le responsable du domaine faune terrestre et inspecteur de la chasse au Service des forêts et de la nature (SFN). «La procédure standard a été mise en place et les agriculteurs dans un rayon de dix kilomètres autour de l’attaque ont été mis au courant, par SMS, par la section agriculture de Grangeneuve», ajoute-t-il.

«Normalement, les brebis bêlent lorsqu’elles perdent leurs petits mais là, elles n’ont rien dit»
Gilles Schorderet

Aidés par des amis, les exploitants ont passé la journée de vendredi à tenter de retrouver la trace des quatre agneaux disparus. «Normalement, les brebis bêlent lorsqu’elles perdent leurs petits mais là, elles n’ont rien dit. Elles savent qu’ils ont été dévorés et que cela ne sert à rien de les appeler», observe Gilles Schorderet. Samedi, l’agriculteur a retrouvé, caché dans le foin, un reste d’agneau sur sa ferme, à 300 mètres du lieu de l’attaque. «Le garde-faune est venu le chercher. C’est probablement un renard qui l’a amené jusque-là», pense l’agriculteur. Une indemnisation peut être perçue à condition que la dépouille de l’animal attaqué ait été retrouvée.

A proximité des maisons

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le loup s’est introduit dans le pré alors que le terrain était entouré d’une clôture électrique. Depuis l’attaque, les moutons passent la nuit dans une remorque à bétail. «Il y a pas mal de travail et de coûts supplémentaires. Je vais faire ça quelque temps, mais après je les laisserai à nouveau trotter», indique l’agriculteur, qui n’envisage pas de prendre un chien de protection. «Nourrir et s’occuper d’un patou pour sept moutons, ce n’est pas envisageable, d’autant plus au cœur d’un village, où ce type de chien peut représenter un danger.»

L’agriculteur s’étonne de la présence d’un loup à cet endroit. «Ce n’est pas un lieu isolé en pleine nature. Il y a des maisons d’habitation à proximité et tout autour. L’école se trouve à 100 mètres. Jamais je n’aurais pensé qu’un loup puisse venir au beau milieu d’un village. Cela fait un peu souci. Nous sommes quand même dans une région d’élevage où il y a pas mal de veaux», s’inquiète Gilles Schorderet.

Son associé et lui exploitent des cultures et gardent une trentaine de chevaux en pension. Avec cette attaque, ils ont perdu non seulement une brebis mais aussi «la relève pour l’année prochaine». «Nous élevons des moutons par passion. Mais si cela devient trop stressant avec le loup, il faudra peut-être y renoncer.»