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Durabilité. Réparer au lieu de jeter, le concept des Repair Cafés séduit

Payerne accueillait samedi son 24e Repair Café, organisé par l’association Demain La Broye. En Suisse romande, ces événements visant à lutter contre le gaspillage et l’obsolescence existent depuis plus de dix ans. Et rencontrent un succès grandissant.

Les appareils électroménagers arrivent en tête de liste des objets amenés par les visiteurs. © Charly Rappo

25 février 2024 à 23:10

Temps de lecture : 1 min

Penché au-dessus d’un appareil qui semble tout droit sorti d’un épisode de Star Wars, Félix Maurer en inspecte les fils et les circuits. Sous le capot chromé, la demi-sphère ne semble pas présenter de défaut, mais son écran reste désespérément noir. «Il s’agit d’un nettoyeur vapeur. Le problème est qu’il fonctionne 5 minutes, puis s’arrête», explique sa propriétaire, dont c’est la première visite à un Repair Café. A côté d’elle, son amie a déjà pu faire réparer son cuiseur à œufs. Elle est une habituée et apprécie le concept: «C’est bien mieux que de jeter et je n’hésite pas à en parler autour de moi.»

Dans la belle salle voûtée au centre de Payerne ce samedi matin, les visiteurs étaient encore une fois au rendez-vous pour la 24e édition du Repair Café de la Broye. Lancée en 2019 par l’association Demain La Broye, la manifestation vise à lutter contre le gaspillage et l’obsolescence. «Elle a lieu cinq fois par an à Payerne. Des cafés se tiennent aussi une fois par an à Estavayer et à Avenches», explique Elodie Calais, une des fondatrices des cafés payernois.

Cafés dans tout le canton

Dans le canton de Fribourg, des Repair Cafés ont lieu régulièrement à Bulle, Avry, Morat, Guin ou Fribourg notamment. Avec toujours le même objectif: inciter les gens à réparer plutôt que jeter tout en les sensibilisant à la manière dont ils consomment. «Nous ne sommes pas militants et la prise de conscience se fait assez naturellement. En venant réparer leurs objets, les gens se rendent compte d’eux-mêmes de ce qu’ils peuvent faire pour lutter contre l’obsolescence», explique Nicole Odermatt, membre du comité du Repair Café Fribourg, dont la première édition s’est tenue en 2016.

Dans la Broye, en cinq ans, ce sont plus de 900 objets qui ont défilé entre les mains des réparateurs, tous bénévoles. «Le taux de réussite est de 60% environ», précise Elodie Calais. Un succès qui dépend des compétences des réparateurs, mais surtout de la nature des objets. Textiles et appareils anciens ont davantage de chances d’être remis en fonction, alors que les équipements modernes ne sont pas conçus dans cette optique. En tête de la liste noire des irréparables: les machines à café à capsules. Bourrées d’électronique et indémontables, elles sont même interdites d’entrée dans certains Repair Cafés.

Selon Karine Lüthi, engagée dans l’organisation de cafés broyards depuis l’année dernière, «beaucoup d’objets sont jetés par manque de connaissances sur les possibilités de réparer». Ainsi, les Repair Cafés se veulent aussi un lieu de transmission des savoirs. Les visiteurs ne se contentent pas de regarder, ils sont encouragés à participer. «Certains font le travail eux-mêmes», témoigne Felix Maurer, réparateur depuis plusieurs années. «Il y a également un côté convivial entre les réparateurs, on s’entraide beaucoup. Et bien sûr les aspects sociaux et écologiques sont très présents», ajoute le retraité, qui a notamment travaillé pour le CERN et apprécie de pouvoir se mettre au service des gens.

«Le rôle social des Repair Cafés était très visible pendant la pandémie. Certaines personnes venaient juste pour prendre un café», explique Elodie Calais. Au fil des éditions, plusieurs rencontres l’ont marquée. «Une dame, âgée de 103 ans, était venue avec un projecteur à diapositives. Au moment de repartir avec son appareil, elle nous a dit: «Maintenant, je vais pouvoir retrouver mes souvenirs», raconte-t-elle.

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