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Régions

Saluts nazis, remarques antisémites. Les professeurs sont désarçonnés

Depuis le début de la guerre entre Israël et la branche armée du mouvement palestinien Hamas, les actes antisémites sont en forte hausse en Suisse romande. Les écoles n’y échappent pas. Enquête.

En classe, les prises de parole des élèves sont parfois violentes et surprennent certains professeurs qui ne savent pas comment réagir. © Alain Wicht-prétexte

1 février 2024 à 14:25

Temps de lecture : 1 min

«J’ai vu un groupe d’élèves de première année faire des saluts nazis. Ils ont tous dit ensemble: «Vive le H!» Cette scène a eu lieu mi-janvier dans la cour d’école du cycle d’orientation du Belluard, à Fribourg. Choqué, Dylan*, 13 ans, l’a racontée à ses parents, avant de nous la rapporter. Tout comme Julie*, en 3e année dans le même CO. «Dans ma classe, des élèves gravent des croix gammées, font des saluts nazis et écrivent «I love Hitler». Ils l’appellent tonton H. Ces comportements sont ridicules. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ont vécu les victimes du Troisième Reich.»

Depuis le début de la guerre entre Israël et la branche armée du Hamas, ce genre de gestes et de propos se répand dans les écoles suisses romandes. Dans les cours, dans les couloirs, mais aussi dans les classes, désarçonnant certains professeurs, dont Joséphine*. Pendant la période d’enseignement de cette Vaudoise, un élève a insulté les Juifs et a fait l’apologie d’Adolf Hitler. Jusque-là, au cours de sa carrière, elle n’avait jamais rien entendu de la sorte de la bouche d’un élève.

«Avant, c’étaient plutôt des propos homophobes, derrière lesquels se cachait selon moi une réelle haine, ou alors des remarques racistes. Quand ce genre de situation se produit, je demande à l’élève d’expliquer les raisons de son comportement par écrit. Souvent, il les justifie et me montre qu’il pense ce qu’il dit. Ça fait peur», explique-t-elle. Mais comment catégoriser cette déclaration antisémite? «Comme une réaction irréfléchie liée à la situation au Proche-Orient mais en tout cas pas comme une blague.»

Pas toujours de sanctions

Encore faut-il savoir comment réagir. Si Joséphine informe les parents et la direction de l’établissement, certains enseignants nous ont confié être pris au dépourvu devant l’aplomb de l’élève et, ne sachant pas quelle sanction prendre, laissent ainsi ces actes sans conséquences. D’autres interviennent, mais n’osent pas en parler ni débattre sur le sujet en classe de peur de voir leur impartialité critiquée par les parents ou leur direction.

Les histoires de Dylan*, Julie* et Joséphine* ne sont en effet que quelques exemples. D’autres cas, dans des établissements secondaires fribourgeois et vaudois, ont été portés à notre connaissance. Les enseignants concernés n’ont malheureusement pas souhaité être cités, pour diverses raisons, dont la crainte de subir des répercussions professionnelles.

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