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Les animaux de rente ont trop chaud

L’été caniculaire s’en prend aussi aux élevages, dont les productions baissent à cause de la chaleur

La pisciculture de la Gruyère souffre de la baisse du débit d'eau qui n'offre plus assez d'oxygène aux poissons et nécessite des mesures particulières, nourriture réduite, pompe de recyclage, oxygénation Yves Sailleau, responsable de la production Photo Lib / Charly Rappo, Neirivue, 05.08.2022Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

Arnaud Rolle

Arnaud Rolle

7 août 2022 à 20:10

Elevages» Ils scrutent le ciel chaque jour en espérant des pluies substantielles. Même s’ils n’ont pas de culture, les éleveurs subissent la canicule. Leurs animaux souffrent de la chaleur, ce qui a des conséquences sur la production. Tour d’horizon des élevages du canton de Fribourg.

Poules

Le plumage sombre des poulets pattes noires de la Gruyère amplifie la chaleur. Enfermés la nuit pour ne pas se faire croquer, ils ne peuvent pas non plus picorer à la fraîche et ne peuvent sortir que quelques heures. Dans ces conditions, ils subissent un retard de croissance d’une semaine et demi voire deux semaines. L’abattage a donc été reporté. 

«Les poules pondent un peu moins et les œufs sont un peu plus petits»
Albert Brand
 


«La situation n'est pas encore catastrophique, mais il ne faut pas que ça dure», prévient Emmanuel Haar, à la tête de la ferme avicole La Belle Luce, à Epagny. Environ 6000 poulets à pattes noires caquètent dans les poulaillers de l’exploitation et chez les éleveurs qui y sont rattachés.

Les poules pondeuses sont moins affectées par la chaleur. Les 12 000 ouvrières d’Albert Brand, qui tient à Cournillens la ferme avicole La Prairie, sont choyées. Des ventilateurs de renfort ont été installés et les toits sont arrosés d’eau non-potable. Mais la production d’œufs a tout de même baissé d’un à deux pourcents. « Les poules pondent un peu moins et les œufs sont un peu plus petits », concède le Fribourgeois. 

Porcs

A l’abri de la chaleur dans leurs porcheries romontoises, les 800 porcs de Damien Cotting se portent bien. L’exploitation bâtie il y a cinq ans a été pensée pour faire face aux températures, puisque les bêtes ne vont pas au pré. Des humidificateurs permettent de rafraîchir l’air, garantissant le confort des cochons, qui ne peuvent pas transpirer pour réguler leur température corporelle. « Pour le moment, ça va encore », commente simplement l’éleveur. 

A Ponthaux, les patûrages de Christian Moser n’accueillent pas de porcs cet été. « Ca n’a rien à voir avec la canicule, ce n’était juste pas au programme », souligne-t-il. Une chance, puisque les porcelets doivent apprendre à se protéger du soleil en se roulant dans la boue et n’échappent pas à quelques rougeurs les premiers jours. 

Vaches

« Depuis mars, on appréhende ce manque d’eau ». A Fiaugères, Yvan Mesot nourrit ses vaches avec les réserves de fourrage prévues pour l’hiver. « J’ai peur pour la profession. Il faudra peut-être réduire les cheptels », regrette-t-il.

« J’ai peur pour la profession. Il faudra peut-être réduire les cheptels »
Yvan Mesot


Actuellement, ses cinquante bêtes refusent de sortir de leur étable après 9h du matin et dépensent toute leur énergie à la régulation par la respiration de leur température interne. Elles mangent donc moins. Environ 6 à 7kg de lait par jour et par vache manquent depuis début juillet. 
A La Verrerie (FR), Thierry Papaux installe une meilleure ventilation pour ses septante vaches. L’investissement de 15 000 francs était prévu depuis plusieurs mois. « J’y pensais chaque été », souffle-t-il. 

Dans les alpages où l’eau manque, les vaches manifestent leur mécontentement si l’abreuvoir n’est pas rempli à temps. « Certaines retournent le bassin et grattent le sol », rapporte Henri Buchs, président de la Société fribourgeoise d’économie alpestre. « C’est triste à voir », conclut-il. 

Moutons

« Il faudra peut-être redescendre plus tôt ». Sébastien Bise, dont l’exploitation se situe à Cheyres, a emmené 750 de ses moutons dans l’Intyamon. Dans une semaine, il n’aura plus d’eau et l’herbe risque de ne pas se renouveler à temps pour la rotation des pâturages. Dans la Broye, il a fallu entamer les stocks de fourrage. En outre, les mères ne produisent plus assez de lait pour leurs 200 agneaux, qu’il faudra donc sevrer en avance. 

Laurent Egger, à Frasses, voit ses moutons souffrir de la chaleur. « Ils s’étalent de tout leur long, mais ils s’entassent pour échapper aux mouches et aux taons », observe le Broyard. Dans sa bergerie, il a installé un ventilateur pour éloigner ces nuisibles et garder les bêtes au frais. Lui aussi puise dans son fourrage. « Rien ne remplace l’herbe, et dehors il n’y en a plus », admet-il. La viande pourrait pâtir de ces conditions.

Truites

A la pisciculture de la Gruyère à Neirivue, l’eau manque depuis des mois. Selon ses instruments de mesure, le débit de la Neirivue, qui alimente les bassins, a baissé de 250 litres par seconde à 100 litres par seconde. L’eau est actuellement à 11 degrés. « Du jamais vu à cette date, en 40 ans », s'inquiète le responsable de la production Yves Sailleau.  

« Du jamais vu à cette date, en 40 ans »
Yves Sailleau

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