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Régions

Intégration. L’accueil délicat des Erythréens

Les récents troubles à Villars-sur-Glâne sur fond de soutien ou d’opposition au régime dictatorial questionnent le thème de l’asile politique.

La police fribourgeoise est parvenue, samedi, à éviter un affrontement au sein de la communauté érythréenne. © CG

19 février 2024 à 23:35

Temps de lecture : 1 min

Les Erythréens réunis samedi dans une salle communale à Villars-sur-Glâne soutenaient le régime dictatorial, selon des opposants prêts à en découdre (notre édition de lundi). Si les seconds ont trouvé l’asile en Suisse pour avoir fui ce régime, comment expliquer la présence des premiers? Porte-parole au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), Anne Césard invoque une variation au fil des ans des motifs de reconnaissance de la qualité de réfugié des Erythréens en Suisse.

«De nombreuses personnes d’origine érythréenne sont venues en Suisse pendant la guerre d’indépendance contre l’Ethiopie (qui a duré jusqu’à 1991) et donc avant l’indépendance de l’Erythrée en 1993. Les dirigeants du mouvement d’indépendance de l’époque sont entre-temps devenus membres du gouvernement», explique-t-elle.

«De nombreux Erythréens sont venus en Suisse pendant la guerre d’indépendance contre l’Ethiopie»
Anne Césard

Générations distinctes

Parmi les partisans du gouvernement, on trouverait «en partie» des personnes entrées en Suisse avant l’indépendance de l’Erythrée en 1993. «Elles ont fait valoir une persécution par le régime éthiopien de l’époque parce qu’elles avaient appartenu au Front populaire de libération de l’Erythrée (FPLE) ou à d’autres groupes rebelles, ou avaient sympathisé avec eux. Aujourd’hui, ces personnes n’ont plus de statut de protection, mais sont naturalisées ou sont au bénéfice d’un permis d’établissement C», détaille la porte-parole. Tout en précisant que le SEM ne peut pas fournir d’informations générales sur le statut des personnes qui soutiennent le gouvernement. Selon Berne, la majorité de la diaspora n’est toutefois pas active politiquement. Et la représentante du SEM de souligner que «la grande majorité des Erythréens en Suisse se comporte de manière absolument correcte».

Reste la question des bénéficiaires de l’asile qui soutiendraient le régime. Un soutien public au Gouvernement érythréen, tel que la participation à une manifestation pro-gouvernementale, «ne constitue pas à lui seul un motif de révocation de l’asile ou du retrait du statut de réfugié», indique la représentante du SEM. «La participation à des événements pro-régime ne signifie pas automatiquement et dans tous les cas qu’une personne soutient effectivement le régime de son pays d’origine. Il se peut qu’une personne participe à de tels événements dans le seul but de nouer des contacts au sein de sa communauté en Suisse», explique la porte-parole.

En revanche, la demande d’asile est rejetée et l’exécution du renvoi est ordonnée si le requérant «soutient le Gouvernement érythréen et n’a donc pas à craindre de persécution de la part de ce dernier et qu’aucun obstacle à l’exécution du renvoi n’existe». Or, il s’avère que les retours forcés ne sont pas possibles vers l’Erythrée, les autorités n’acceptant que les retours volontaires. Cette même situation prévaut d’ailleurs pour l’ensemble des Etats européens.

Tensions croissantes

La Suisse se retrouve dès lors confrontée à des problématiques similaires à celles de ses partenaires européens. Si Fribourg a échappé samedi à des heurts violents entre pro et antigouvernementaux, ce n’est pas le cas de La Haye, aux Pays-Bas, où des affrontements ont éclaté dimanche, blessant plusieurs policiers.

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