Logo

Régions

Justice. Jean-Marc Angéloz assure n’avoir fait que son devoir de journaliste

Accusé d’instigation à violation du secret de fonction dans l’«affaire Godel», le journaliste Jean-Marc Angéloz s’en est défendu vendredi devant le juge de police de la Sarine. «L’information est l’oxygène de la démocratie, n’étouffons pas les valeurs fondamentales de notre pays», a-t-il déclaré.

Jean-Marc Angéloz a expliqué avoir voulu apporter un éclairage inédit sur le fonctionnement de l’Etat et le travail d’un membre du gouvernement. © Alain Wicht-archives

9 février 2024 à 19:20

Temps de lecture : 1 min

Ils ne sont pas sur la même longueur d’onde. Lors de leurs retrouvailles devant le juge de police de la Sarine vendredi, le procureur général fribourgeois Fabien Gasser et le journaliste Jean-Marc Angéloz ont placé les enjeux de l’«affaire Godel» à des niveaux très différents. Selon l’auteur du controversé livre d’entretiens avec l’ancien président du Conseil d’Etat, appuyé par son avocat Patrik Gruber, plusieurs principes fondamentaux de l’ordre démocratique, tels que la liberté de la presse, d’opinion et d’information, seraient remis en cause s’il n’était pas acquitté de l’accusation d’instigation à violation du secret de fonction (La Liberté du 1er février).

Le magistrat estime au contraire qu’il n’y a pas de quoi en faire un tel fromage: «Ce procès n’est pas celui de la liberté de la presse», a-t-il asséné en introduction de son réquisitoire, dans lequel il a demandé la confirmation de la peine de 100 jours-amende avec sursis et 1500 francs d’amende ferme qu’il avait infligée à Jean-Marc Angéloz via son ordonnance pénale du 23 mars 2023.

Une «gabegie»

D’après le procureur général fribourgeois, ce n’est pas le projet d’ouvrage en lui-même qu’il a ainsi sanctionné, mais sa réalisation hasardeuse menée au mépris de la déontologie journalistique. «Il ne s’agit pas non plus de censure: le livre a été distribué sans restriction et s’est très bien vendu, grâce à la publicité que lui a faite le Ministère public», a glissé Fabien Gasser. Le magistrat a estimé en substance que l’ancien conseiller d’Etat Georges Godel, qui n’a pas contesté sa condamnation à 90 jours-amende avec sursis et 2500 francs d’amende ferme pour violation du secret de fonction, était tombé dans un traquenard: «Il a été mis en confiance sur la base d’un accord qui n’a pas été respecté.»

La «feuille de route» négociée entre l’auteur et l’ex-homme fort du Gouvernement fribourgeois, sous la supervision de la chancelière d’Etat, mentionne en effet les réserves liées au secret de fonction. «Et lorsqu’on relit cette feuille de route, on ne peut pas s’imaginer la gabegie qu’est devenu ce livre», a lancé Fabien Gasser, citant une ancienne collaboratrice de la Direction des finances entendue durant l’instruction.

Témoignage «spontané»

Certains passages litigieux de l’ouvrage, notamment ceux dans lesquels Georges Godel dévoile de vieilles affaires concernant un ex-secrétaire général ou un ancien chef de chantier de la H189, n’auraient aucun intérêt public selon le magistrat. Ces confidences, ainsi que certains procès-verbaux placés sous le sceau du secret, auraient été obtenues en usant de flatteries. «Il n’est évidemment pas question de condamner tous les journalistes publiant des informations soumises au secret de fonction. Autant leur dire d’arrêter le métier», a tempéré le procureur général. «Mais s’ils se montrent lourdement insistants ou contournent les règles, ils se rendent punissables.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus