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Florence Lagger. Elle redonne du lustre aux verres d’antan

Conservatrice-restauratrice au Service d’archéologie du canton de Fribourg, Florence Lagger exerce aussi son savoir-faire pour des particuliers. Elle présentait ce week-end son travail, à l’occasion de la Brocante de la Gruyère à Bulle.


Aurélie Yuste

Aurélie Yuste

29 janvier 2024 à 11:55

Dans les allées de la Brocante de la Gruyère, son petit stand bleu détonne un peu. Contrairement à celles de ses voisins, la table de Florence Lagger ne déborde pas d’objets anciens et insolites. Un bougeoir, quelques verres comme raccommodés, des flacons, pincettes et du scotch: il n’en faut pas davantage à cette conservatrice-restauratrice pour faire la démonstration de son travail.

Présente pour la première fois à Espace Gruyère à Bulle, la Valaisanne d’origine y présentait ce week-end son atelier de restauration Restor’Antiques, qu’elle a ouvert il y a trois ans à Flamatt. «La crise de la quarantaine et celle du Covid…» sourit-elle. «Et je voulais faire quelque chose pour le grand public, à qui nous n’avons que peu d’occasions de montrer ce que nous faisons», ajoute celle qui œuvre en parallèle pour le Service archéologique du canton de Fribourg.

Un côté méditatif

Sous sa lampe de travail, cette passionnée scrute les dizaines de morceaux brisés d’une petite bouteille en verre brun, à la recherche de la prochaine pièce du puzzle. Un moment de concentration, mais qui a aussi un côté méditatif, avoue-t-elle. Les gestes sont précis et la crispation de sa main gauche, celle qui maintient l’objet renaissant en place, est apparente: il s’agit de restituer la tension perdue lors de la casse. D’une fine lamelle de scotch, Florence Lagger fixe les fragments. «A ce stade de remontage, je veux déjà que ce soit parfait. Il ne faut plus que je sente les ressauts entre les morceaux.»

 «Le verre est juste fascinant comme matière!»
Florence Lagger

L’étape suivante consiste à consolider la structure avec une multitude d’agrafes de laiton ou de cuivre, qu’elle forme elle-même à la taille souhaitée avant de les coller sur la surface par deux points de Cyanolit. «Cette suture crée une sorte d’exosquelette», explique la restauratrice, qui peut ensuite retirer les scotchs et passer au collage. Entrent alors en jeu la chimie et, toujours, une bonne dose de patience. «J’utilise un adhésif biphasé très liquide. A l’aide d’une épingle, je dépose le produit goutte par goutte dans les fissures où il se diffuse par capillarité. Cet adhésif est conçu pour ne pas jaunir et il a le même indice de réfraction que le verre. Il reflète donc la lumière de la même manière», explique Florence Lagger en pointant une cicatrice presque imperceptible sur un verre à pied.

Dans son travail pour le Service archéologique du canton, Florence Lagger s’occupe actuellement davantage d’objets en fer, «un matériau qui répond à d’autres techniques de restauration», précise-t-elle. Mais c’est au verre, dont elle se dit «amoureuse», auquel elle se consacre dans son atelier singinois. «Le verre est juste fascinant comme matière!» lance celle qui se serait bien vue verrière, mais aussi archéologue ou restauratrice de monuments historiques. Finalement, c’est la restauration d’objets archéologiques qui l’a séduite. «C’est un métier incroyable! Après les fouilleurs, nous sommes les premiers à intervenir.»

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