Deux entrepreneurs broyards créent un outil pour financer les panneaux solaires

Energies renouvelables » Deux acteurs du monde économique de la Broye, actifs dans des milieux opposés, s’associent pour développer une plate-forme d’investissements dans les panneaux solaires. Stéphane Rapin, ancien directeur et actuel administrateur du Golf de Payerne, et Jean-Louis Guillet, administrateur et propriétaire de l’entreprise staviacoise Soleol, spécialiste des installations photovoltaïques, ont racheté la fiduciaire Firexco SA. «C’était la fiduciaire du golf et je comptais l’acquérir. Nous avons fait ce choix de la reprendre pour des raisons pratiques. Elle existait depuis plus de 50 ans, elle a déjà une existence. La société a un nouveau but: celui d’être active dans les énergies renouvelables», précise Stéphane Rapin.

L’entreprise, qui compte uniquement ses deux administrateurs, a déménagé son siège social de Montreux à l’Aéropôle de Payerne. «Cela fait sens car le parc technologique se profile également comme pôle de recherche et de développement dans les énergies renouvelables, avec auparavant l’avion solaire Solar Impulse de Bertrand Piccard et André Borschberg, et maintenant SolarStratos de Raphaël Domjan. Il y a des entreprises et des start-up qui permettent d’élargir notre réseau. Nous avons envie d’être ici car c’est un endroit dynamique», estime Stéphane Rapin.

Réseau en commun

Les deux entrepreneurs sont amis depuis 2008 et ils souhaitaient depuis longtemps réaliser un projet ensemble en mettant en commun leur important carnet d’adresses et leur expérience. Il est aisé de comprendre l’intérêt de Jean-Louis Guillet dans cette affaire puisque Soleol se charge des installations photovoltaïques. Mais pourquoi Stéphane Rapin s’est-il embarqué dans cette aventure? «Le golf a été cette année la cible d’activistes (qui considèrent le golf comme un sport polluant et onéreux, qui ne profite qu’à très peu de monde, ndlr). Une expérience assez inattendue alors que nous avons divisé par 50 l’utilisation d’engrais en passant le domaine agricole en golf. Nous avons mené en parallèle divers projets pour favoriser l’environnement. Je suis très sensible à l’écologie et à la transition énergétique depuis longtemps. J’ai envie de m’engager davantage en restant acteur», répond Stéphane Rapin.

Leur projet est parti d’un constat. «Sur le terrain, soit il n’y a pas assez de toits pour poser des panneaux solaires, soit le financement ne suit pas car les crédits conventionnels demandent beaucoup de fonds propres. Nous pensons que la transition énergétique passe par des solutions radicales et des projets de grande envergure, faute de quoi la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération ne sera pas atteinte.

Notre but est d’accélérer les démarches tant dans la technique, la demande des subventions, etc.», résume Jean-Louis Guillet. Et de poursuivre: «Nous avons développé un outil pour financer le solaire et grâce à ce produit, nous avons pu convaincre des banques et des investisseurs privés de nous suivre. Nous allons pouvoir lever plus de 60 millions de francs de financement pour trois ans, un exploit pour des privés!» Les associés ajoutent que leur large réseau, constitué d’entrepreneurs issus de la région et de la Suisse romande, «a très bien fonctionné».

Toits loués

Concrètement, Soleol, via le carnet d’adresses des deux associés, démarche des propriétaires de toit d’entreprises (agricole, industries) et de collectivités publiques qui disposent d’une surface d’au minimum 1500 m². Selon les conditions du réseau électrique, de l’ensoleillement et de la toiture, Firexco loue les toits entre 3 et 9 francs le mètre carré par année pendant 30 ans en établissant un contrat de servitude.

«Nous sommes plus généreux que d’autres sociétés actives dans le secteur afin de motiver les propriétaires», assure Jean-Louis Guillet. Qui précise: «Nous pouvons le faire car nous avons obtenu le prêt des banques à un taux attractif et nous nous occupons de toute la chaîne de valeur énergétique (mise à l’enquête, installation, commercialisation de l’énergie) de A à Z, ce qui nous permet de rationaliser les coûts.»

«Nous avons 100 projets planifiés en Suisse romande sur trois ans, dont 40% sont signés»
Jean-Louis Guillet

L’électricité produite par les panneaux solaires est vendue au gestionnaire du réseau local. Elle n’est pas réinjectée dans le réseau du propriétaire des toits. D’après le plan financier, les installations devraient être amorties en moyenne d’ici quinze ans. Le bénéfice encaissé par la suite devrait être réinjecté dans la plate-forme d’investissement.

«Nous avons 100 projets planifiés en Suisse romande sur trois ans, dont 40% sont signés. Le plus gros concerne une installation de 10 000 m². Nous disposons pour les autres projets de préavis favorables. D’après nos projections et si tout se concrétise, nous pourrions fournir 180 mégawatts d’ici trois ans. Soit l’énergie nécessaire pour 50 000 maisons de quatre personnes», certifie Jean-Louis Guillet.

Pour Soleol, qui compte 150 postes de travail (y compris ceux au Pérou) et qui affiche neuf mois d’attente pour l’installation de panneaux solaires, le défi sera d’honorer les contrats. Son propriétaire estime que les cinq fournisseurs chinois disposent du matériel nécessaire. L’enjeu est de trouver de la main-d’œuvre. «Nous formons à l’interne. Il faudrait pouvoir augmenter de 30% les effectifs des installateurs.»