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Manifestants à Villars-sur-Glâne. Des Erythréens ayant participé à la fête témoignent

Des participants à la fête dans une salle communale de l’école de Cormanon à Villars-sur-Glâne ciblée mi-février par des manifestants donnent leur point de vue.

La communauté s’était rassemblée dans une salle communale rattachée au site de l’école primaire. © Charly Rappo

1 mars 2024 à 14:00

Temps de lecture : 1 min

«Nous étions juste là pour passer la journée avec nos familles et nos amis, et non pas pour soutenir le gouvernement.» Attablé dans un café fribourgeois, Medhane Baire donne son récit des événements du 17 février, lorsque la police a fait interrompre les préparatifs de leur fête organisée en toute légalité dans une salle communale de l’école de Cormanon, à Villars-sur-Glâne, en raison de la présence aux abords de manifestants prêts à en découdre (La Liberté du 19 février).

Aux côtés de cet habitant du Schoenberg se trouvent Hans Gebrehiwet, de Villars-sur-Glâne, et Robel Tesfahiwet, de Marly. Ces hommes au bénéfice de permis B ou C réfutent catégoriquement la connotation politique de leur rassemblement et déplorent le dégât d’image pour la communauté. «C’était un rassemblement de la communauté érythréenne de Fribourg. Nous étions là pour que nos enfants puissent faire connaissance», poursuit Medhane. «Nos enfants sont nés ici. Ils sont intégrés ici. Notre but est de transmettre notre culture. Nous donnons aussi des cours de tigrigna (langue officielle de l’Erythrée, ndlr) à Villars-Vert», complète Robel.

Une mauvaise cible

Alors comment expliquer l’objet du courroux de manifestants venus de plusieurs cantons? «Nous avons aussi du mal à comprendre, répond Robel. A la télévision (RTS, ndlr), une manifestante disait qu’ils avaient des bâtons pour se protéger. Cela n’a pas de sens.» L’homme présente alors des photos des préparatifs de la fête qu’il commente: «Au même moment, nous étions dans la salle en train de décorer.»

Medhane montre un symbole sur un habit d’un présumé manifestant: «Il est du Tigré (région éthiopienne, limitrophe de l’Erythrée, ndlr).» Et Robel d’ajouter: «On ne comprend pas. Ils ont des soutiens du Tigré. Il y a quelqu’un derrière.» A son tour, il accuse les manifestants d’avoir arboré le drapeau qui prévalait de 1952 à 1962, de l’époque de la fédération avec l’Ethiopie: «Ces gens veulent supprimer l’identité des Erythréens.»

Les deux hommes arborent de leur côté un maillot sur lequel figurent le drapeau suisse et celui de l’Erythrée inséré dans un cœur, ainsi que les portraits de deux hommes: Ebrahim Sultan et Woldeab Woldemariam. L’un musulman, l’autre chrétien. Tous deux considérés comme des pères de l’indépendance érythréenne. «Ce sont des patriotes. Ils se sont opposés à la fédération (avec l’Ethiopie, ndlr).»

Quand on leur demande s’ils s’imaginent un jour retourner vivre au pays, chacun y va de sa formule: «Personnellement, j’aimerais voir mon pays grandir, se développer», répond Robel. Quant à Medhane: «Si mon pays a besoin de moi aujourd’hui, j’y vais.»

Robel pointe l’attitude des manifestants: «S’ils se prétendent opposants au gouvernement, ils auraient dû aller manifester en Italie lors de la visite du président Isaias Afwerki (qui a participé en janvier au sommet Italie-Afrique, ndlr).»

Un but culturel

Ces Erythréens de Fribourg soulignent en revanche que leur rassemblement était avant tout culturel et en aucun cas lié au régime en place. «Notre but est aussi de nous soutenir et de nous aider dans l’intégration, pour apprendre la langue, trouver du travail», expliquent-ils.

«On n’a pas de contact avec l’ambassade», indique Robel. Quand on évoque la rumeur selon laquelle leur rassemblement avait pour but de récolter des fonds à destination du Gouvernement érythréen, le Marlinois ne peut s’empêcher de rire. Pour lui, il s’agit d’une invention qui relève de l’absurde. «S’ils ont des preuves, qu’ils les apportent», réagit son compatriote Medhane.

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