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Broye. Des barrages de castor peuvent être démontés à Léchelles

En raison d’inondations récurrentes et de risque pour les habitations, la commune de Belmont-Broye a reçu l’autorisation d’intervenir sur le ruisseau du Chandon. Un cas rare.

Le castor a reconstruit son barrage sur le ruisseau du Chandon, à Léchelles. © Jean-Baptiste Morel

13 février 2024 à 02:05

Bien droit, le ruisseau du Chandon coule paisiblement, traversant les champs derrière le village de Léchelles (commune de Belmont-Broye). Puis un amoncellement de branches bloque son débit avant de faire monter le niveau du cours d’eau. Un peu plus loin, une hutte de castor est bien visible, même si le rongeur, lui, ne montre pas le bout de son nez. Troncs d’arbres rongés, accumulation de branches: les indices de la présence de l’animal ne laissent aucun doute.

Les promeneurs habitués de la place ont toutefois remarqué que le barrage a été démonté à quelques reprises depuis cet automne. Des traces de tracteur bien visibles dans la terre et des branches éparpillées de part et d’autre du cours d’eau montrent qu’une intervention a eu lieu, et ce, assez récemment. La commune de Belmont-Broye a en effet reçu, de la part du canton de Fribourg, une autorisation d’intervention sur un tronçon de près d’un kilomètre sur le ruisseau du Chandon. «Une demande a été faite à la suite de plusieurs inondations causées par ces barrages dans le courant 2023, dont le dernier épisode date du 5 septembre», informe Albert Pauchard, syndic de Belmont-Broye. Il ajoute: «C’est le Service de la voirie qui gère ce travail, en suivant une procédure claire et en coordination avec le garde-faune», précise-t-il. Délivrée en octobre 2023, l’autorisation est valide jusqu’en 2026.

Un barrage principal

Des installations construites par le castor ont été démontées deux fois à la fin 2023 et une fois en début d’année. Le barrage qui a été démonté récemment est un barrage principal, ce qui signifie qu’il protège un terrier habité se trouvant en amont. «Ce barrage principal n’était pas construit lorsque l’autorisation a été délivrée, ou alors il n’avait pas été observé. L’autorisation sera modifiée en conséquence, mais elle est toujours justifiée sur la base des informations à notre disposition», informe Julien Bulliard, collaborateur technique au Service fribourgeois des forêts et de la nature (SFN), personne de référence pour la thématique du castor. Ce dernier est conscient qu’il ne s’agit pas d’une solution à long terme, car le castor reconstruit les infrastructures. «Détruire un barrage n’est pas idéal, c’est rare d’en arriver là», commente-t-il.

«Il est en principe interdit de toucher aux castors, de même qu’aux barrages et aux terriers»
Julien Bulliard

Un feu vert de ce genre est en effet rarement octroyé. «C’est un cas très isolé», continue Julien Bulliard, rappelant que le rongeur ainsi que les infrastructures construites par l’animal sont protégés par la loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (protection du castor) et la loi sur la protection de la nature et du paysage (protection de l’habitat): «Il est en principe interdit de toucher aux castors, de même qu’aux barrages et aux terriers», insiste le spécialiste.

Avant d’en arriver là, une analyse de la situation a été faite par un garde-faune, ainsi qu’une vision locale. «Nous évaluons toutes les possibilités et faisons une pesée des intérêts en prenant en compte notamment le potentiel de dommages et la sécurité des personnes», explique Julien Bulliard. Il informe que, selon les informations actuellement à disposition, les collecteurs d’eaux claires des habitations et autres bâtiments reliés à ce cours d’eau se retrouvent fréquemment inondés à cause de l’augmentation du niveau d’eau induite par les barrages. Cette saturation des collecteurs les rend inefficaces, engendrant des inondations. «On ne peut pas prendre de risque. Il faut intervenir sur les barrages pour prévenir de nouveaux dégâts importants aux habitations», souligne Julien Bulliard, ajoutant que les bâtiments inondés peuvent être assez éloignés du cours d’eau. «Néanmoins, sur le long terme, il sera nécessaire de trouver une solution plus pérenne pour prévenir les risques d’inondation, tout en veillant à ne pas perturber l’habitat du castor», complète le spécialiste.

Indemnisations possibles

Julien Bulliard rappelle qu’il existe des mesures encore plus extrêmes lorsque la sécurité les gens ou des infrastructures sont en danger. L’ordonnance sur la chasse permet en effet de réguler la population d’espèces protégées. Cette mesure de dernier recours n’a, à sa connaissance, toutefois jamais été utilisée dans le canton de Fribourg.

Les principaux dégâts causés par le castor touchent, dans une grande partie des cas, les zones agricoles. Les dommages peuvent alors être indemnisés à 50% par le canton et à 50% par la Confédération. Des mesures de prévention peuvent aussi être mises en place, comme poser des grillages pour empêcher que l’animal ne creuse dans les berges, ou encore placer un tuyau à travers le barrage pour permettre l’écoulement de l’eau. «La majorité des conflits peut être réglée directement sur le terrain par les gardes-faune», assure Julien Bulliard.

Le castor a connu une croissance exponentielle

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