Vers une nouvelle «fronde des petits lits»

La réforme du système hospitalier fribourgeois a fait cette année ses premières victimes. En mars, Billens perdait la réadaptation cardio-vasculaire, transférée à Meyriez. Et le mois passé, l’Hôpital fribourgeois (HFR) annonçait la fermeture définitive des blocs opératoires de Tavel et la transformation des urgences de Riaz en une permanence ouverte seulement de 7 h à 22 h. Et ce n’est là que le début des changements à venir, prévoyant la centralisation des soins aigus sur un seul site à construire aux alentours de Fribourg et la mise en place, dans les districts, de centres de santé dont le contenu doit encore être précisé. Pour rappel, le conseil d’administration de l’hôpital a promis de communiquer les détails de sa Stratégie 2030 d’ici à la fin de l’été. Mais la colère enfle dans les régions, certains brandissant déjà la menace d’une initiative populaire.

Riaz et Tavel vont perdre des plumes

Le canton de Fribourg se dirige-t-il vers une nouvelle «fronde des petits lits»? Retour en arrière. Cette expression naît dans La Liberté du 28 septembre 1989. Le Conseil d’Etat vient alors de présenter le très attendu Médiplan, première esquisse d’une politique de la santé à l’échelle cantonale. Ses conclusions sont explosives: avec sept hôpitaux et trois cliniques privées (Daler, Garcia et Sainte-Anne), l’offre est trop dense. Les établissements publics de Billens, de Châtel-Saint-Denis, d’Estavayer-le-Lac et de Meyriez sont menacés. Mais, sur le terrain, les réactions sont vives. Alors le ministre de la Santé Denis Clerc lâche un peu de lest. Début 1991, il présente une nouvelle version, plus douce, de son Médiplan. Plus question de fermer des établissements, l’idée est désormais de créer un réseau à trois vitesses: un hôpital cantonal, deux hôpitaux régionaux à Riaz et à Tavel, et quatre hôpitaux de district sans maternité ni urgences 24 h sur 24.