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Canton

Un souffle d’Haïti à Villars-sur-Glâne

Le retraité Charles Ridoré publie un recueil de contes. Ses enfants ont chanté dans la version audio

Charles Ridoré a écrit un livre à partir des contes haïtiens de son enfance. Ses deux enfants, qui seront aussi là, participent à la version audio de l'ouvrage Photo Lib/Charly Rappo, Villars-sur-Glâne, 11.03.2022Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

17 mars 2022 à 19:29

Temps de lecture : 1 min

Traditions » «Cric?» lance Charles Ridoré. En ce matin de mars, bienvenue dans l’appartement de ce retraité à Villars-sur-Glâne. Tout est à son image: débordant de vie, joyeusement chamarré. Des tableaux colorés naviguent sur les murs et des plantes tropicales jaillissent de tous les coins. Quant au «cric», c’est le rituel d’ouverture d’une veillée de contes haïtiens.

A grand renfort de gestes et de rires, l’ancien directeur romand d’Action de carême parle du recueil qu’il vient de publier: La tortue qui savait chanter et autres contes traditionnels haïtiens, disponible dans les librairies fribourgeoises. Rappelons que lui-même est arrivé en Suisse en 1965, fuyant un régime politique qu’il contestait dans son pays.

Sauver une tradition

Pour vous plonger dans l’ambiance, imaginez un orchestre invisible composé des cris et chants de mille insectes. Transpirez dans la moiteur de la nuit. Ecoutez les voix qui se succèdent, car tout le monde a le droit de conter. C’est ainsi que le jeune Charles Ridoré grave les histoires de son pays dans sa mémoire, avant que les veillées ne soient chassées par les radios et les smartphones. «Mes enfants m’ont encouragé à écrire les contes que je connaissais et que je raconte depuis des années à des amis, dans des écoles ou des institutions, pour ne pas qu’ils se perdent», explique le retraité, précisant que certaines histoires sont inédites. L’une d’elles a par exemple été transmise par son père peu avant son décès.

Le travail d’écriture commence dès 2012. Le plus difficile est de passer de l’oral à l’écrit, car il n’y a plus de gestuelle, d’interaction avec le public. Le défi est de conserver le mouvement, le rythme, tout en glissant des touches d’humour ici et là. D’où le coaching de l’écrivaine, recueilleuse de récits de vie et parolière Josiane Haas, basée à Ecuvillens.

L’idée d’une version audio germe assez vite. C’est l’occasion de rendre les contes accessibles aux personnes analphabètes, notamment en Haïti, ou n’aimant pas lire. C’est aussi le moyen d’interpréter les nombreuses chansons en créole – une des particularités des contes haïtiens. «Ils ont parfois une fonction magique, montrent ce que les personnages ressentent ou construisent la dramaturgie. Par exemple, dans le conte Brise-Montagne et Beauté, un chant se répète, mais la dernière fois, on a envie de pleurer», illustre l’auteur.

Pour entonner ces airs, Charles Ridoré embarque dans l’aventure ses deux enfants: Marie-Carmel et Carl-Alex, ancien préfet de la Sarine et président de la Fédération fribourgeoise des chorales. «Nous avons été contraints et forcés», plaisantent ceux qui chantent dans des chœurs depuis des années. Et Marie-Carmel Ridoré de rajouter: «Il n’y a pas de partitions, et les choses sont beaucoup plus ressenties qu’avec des chants classiques.» Pour se préparer, l’habitante de Farvagny a reçu de son papa des enregistrements. «Ah bon?» s’étonne son frère. «On devine qui est la chouchou!» rigole la sœur qui travaille dans le domaine de la santé numérique.

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