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Canton

Un musée à l’image de Roger Monney

Le frère du sculpteur décédé en 2019 veut aménager un espace public dans sa maison. Visite des lieux


15 mars 2021 à 02:01

Vully-les-Lacs » Quelqu’un de pas banal vivait ici. Un ferronnier habitant dans sa forge. A moins qu’il ne s’agisse d’un sculpteur travaillant le métal dans son salon. Un original qui dormait dans un dédale d’outils et un entrepôt de ferrailles. Cette maison de Bellerive ressemble au démiurge solitaire qui habitait ici pendant plus d’un demi-siècle. Remplie de sculptures, de rouille, de courants d’air. C’est là que Roger Monney a terminé ses jours, à l’âge de 86 ans, il y a tout juste deux ans.

Un artiste populaire, un personnage singulier, aussi attachant qu’épris d’indépendance. Sa maison est restée telle quelle. En la visitant, il y a quelques jours, on avait l’impression que Roger était juste parti chercher du bois et qu’il allait revenir d’une minute à l’autre.

«Mon vœu le plus cher est de faire ici un musée dédié à mon frère», explique Jo Monney, 68 ans. Il précise que ce n’est «pas pour faire du fric». Son franc-parler, ses traits et son chapeau font penser à Roger. Et pour cause. Jo, c’est le petit frère. Quinzième enfant de cette famille qui en comptait dix-sept. Il est resté proche de Roger jusqu’à la fin. «J’ai toujours su me démerder dans la vie, dit Jo. A 13 ans je remplaçais un paysan d’Autigny et je faisais tout le boulot en plus d’aller à l’école. Alors, tu verras, je vais y arriver!» Il raconte avoir bataillé pendant des mois pour les droits de succession, en particulier avec le tutorat d’un neveu. Grâce à un emprunt bancaire, il a pu la racheter et disposer de fonds pour la transformation.

«En soixante ans, Roger n’a jamais rien jeté»
Jo Monney

Jo a commencé à désencombrer les lieux il y a quelques jours. Si tout se passe comme prévu, le musée Roger Monney sera ouvert au public à l’automne. «En soixante ans, Roger n’a jamais rien jeté. On avait posé un chauffage il y a peu de temps: il ne l’a jamais utilisé. Il préférait utiliser son vieux fourneau bricolé avec une jante de camion.»

Le musée Roger Monney rassemblera au moins soixante sculptures et un écran géant passera en boucle des films qui lui ont été consacrés. Les espaces et les murs de la maison resteront identiques. Jo ne veut pas un musée «qui se la pète». Mais quelque chose d’à la fois humble et beau, austère et attirant, un endroit qui a une âme. Tout pareil à Roger.

Artisan d’abord

Jo nous montre des papiers retrouvés dans le bric-à-brac. En particulier des idées de sculptures, parfois esquissées au dos de cartons d’emballage. «Il y a des choses magnifiques, j’aimerais faire exécuter certains de ses projets. Nous projetons de faire une fondation à son nom avec la Municipalité de Vully-les-Lacs. J’aimerais que mon frère continue à vivre en tant qu’artiste.» Le mot d’artiste, qui vient évidemment à l’esprit de quiconque visite la maison, Roger Monney s’en méfiait pourtant. Il préférait se dire artisan. «L’artiste qui ne pense qu’à son œuvre et ne vit que pour elle devient gaga!» disait-il. Une de ses fameuses reparties, rapportées dans le beau livre que lui a consacré Félicien Morel en 2014.

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