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Canton

Un budget 2023 plombé par l’inflation

L’Hôpital fribourgeois a présenté vendredi un budget déficitaire à hauteur de presque 28 millions de francs

Reportage au service des urgences de l'Hôpital fribourgeois (HFR) de Fribourg. Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 23.08.2018Charly Rappo

3 mars 2023 à 19:51

Santé » Présenté vendredi matin en conférence de presse, le budget 2023 de l’Hôpital fribourgeois (HFR) prévoit une perte de 27,9 millions de francs. Cause principalement invoquée: l’impact de l’inflation, notamment sur la masse salariale. Pour rappel, le déficit budgétisé en 2022, en excluant les coûts liés à la gestion de la pandémie de Covid-19, se montait à 15,7 millions de francs.

27,9

En millions de francs, la perte prévue dans le budget 2023

Dans le détail, la hausse due à l’inflation pour l’exercice 2023 se monte à 21,84 millions de francs, à savoir 13,39 millions en ce qui concerne la masse salariale et 8,45 millions pour les coûts de l’énergie, du matériel médical, des médicaments et des produits alimentaires. A cela s’ajoute 1,52 million de francs découlant de la sortie obligatoire des systèmes informatiques de l’HFR du giron de l’Etat de Fribourg à l’horizon 2024.

Tarifs qui stagnent

L’hôpital indique: «Alors que l’impact de l’inflation sur les charges de l’hôpital est majeur, ni le financement étatique ni les tarifs ne le compensent. Les tarifs moyens des prestations stationnaires à charge de la loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) négociés avec les assureurs-maladie n’ont cessé de baisser de 2012 à 2019 et n’ont plus augmenté depuis cette date. Pour leur part, les tarifs appliqués pour des hospitalisations semi-privées et privées ont subi une baisse en 2022. Enfin, les tarifs ambulatoires sont quant à eux identiques depuis 2017.»

L’hôpital ajoute: «Le budget 2023 inclut certes une subvention étatique de 4,6 millions de francs destinée à financer la réserve de lits de soins intensifs en lien avec la pandémie du Covid-19, tel que prévu dans la loi fédérale. Mais le budget ne tient toutefois pas compte de coûts Covid-19 supplémentaires. Il en va de même s’agissant des conséquences financières des patients qui restent hospitalisés à l’HFR en attendant un placement en établissement médico-social (EMS), pour lesquels la rémunération est largement insuffisante. Le manque à gagner issu de ces cas d’attente a avoisiné les 10 millions de francs en 2022.»

 

«Nous avons augmenté de 5% le nombre d’équivalents plein-temps entre 2019 et le budget 2023»
Philipp Müller

 

L’hôpital, qui l’an dernier à pareille époque avait annoncé des suppressions de postes visant un retour des effectifs à leur niveau d’avant la pandémie de Covid-19, exclut cette fois-ci tout plan d’économie. Le budget 2023 prévoit même la création d’une trentaine de postes de travail supplémentaires, essentiellement du personnel médical et soignant, pour arriver à un total d’un peu moins de 2736 équivalents plein-temps (EPT). Vice-président du conseil d’administration de l’HFR, Philipp Müller précise: «Nous avons augmenté d’environ 5% le nombre d’EPT entre 2019 et le budget 2023, alors que l’activité a augmenté de près de 10%.»

En revanche, les instances dirigeantes de l’hôpital disent être engagées dans des négociations avec les autorités cantonales afin de trouver une solution pérenne face à ce trou financier. En parallèle, le conseil d’administration et la direction générale entendent renégocier l’ensemble des tarifs hospitaliers avec les assureurs-maladie en vue du budget 2024, ce qui s’annonce ardu. Etant donné sa situation financière, l’HFR prévient par ailleurs que les investissements se limiteront cette année au strict nécessaire, à savoir le remplacement des équipements biomédicaux pour répondre aux normes, l’entretien des bâtiments et le développement des centres de santé.

Activité en hausse

Pour l’Hôpital fribourgeois, tous les indicateurs ne sont pas pour autant au rouge. Outre une activité en hausse – avec 20 425 sorties enregistrées dans les soins stationnaires aigus en 2022 contre 19 300 l’année précédente –, le directeur général Marc Devaud a annoncé vendredi une durée moyenne de séjour ramenée, pour le site principal de Villars-sur-Glâne, à 5,88 jours, soit à peine plus que la moyenne nationale (5,78). «Sur les autres sites, les durées sont un peu plus longues. Mais c’est normal, car il y a des patients en gériatrie. Et en gériatrie, la moyenne nationale est beaucoup plus haute, se situant actuellement à 11,47 jours», précise-t-il.

Le directeur général ajoute: «Un autre indicateur permettant de montrer l’efficience de l’hôpital, c’est le revenu par EPT. En 2019, nous avions un revenu généré par EPT d’un peu moins de 170 000 francs. Et nous voyons qu’en 2022, nous nous rapprochons des 175 000 francs. Nous avons même prévu de passer la barre des 175 000 francs en 2023. Cela montre que l’investissement en personnel pour certaines activités permet non seulement de maintenir la qualité et la sécurité, mais aussi d’être plus efficients en termes économiques».


L’État pointé du doigt

«Pour maintenir un système de soins de qualité, le canton devra mettre la main au porte-monnaie et ceci dans les plus brefs délais, car certains signaux sont alarmants.» C’est le constat dressé hier par la Fédération des associations du personnel du service public (FEDE), réagissant à la présentation par l’Hôpital fribourgeois (HFR) d’un budget 2023 déficitaire à hauteur de 27,9 millions de francs. Elle ajoute: «Le personnel se reconnaît aujourd’hui dans la stratégie préconisée par l’HFR. Il se reconnaît moins dans la politique de l’Etat qui refuse d’assumer les coûts nécessaires.»

Son de cloche similaire du côté du Syndicat des services publics (SSP) qui, dans un communiqué de presse, souligne: «Pour faire face à la pénurie de personnel, à l’absentéisme et à l’effondrement qui menace les hôpitaux publics, il est indispensable d’améliorer les conditions de travail du personnel.»

De son côté, le Parti socialiste insiste: «Le Conseil d’Etat se doit de réagir en augmentant sa participation au budget de l’HFR pour compenser les effets de l’inflation.» NM

 

Trois questions à Philippe Demierre

L’Hôpital fribourgeois (HFR) dit être engagé dans des négociations avec les autorités cantonales afin de trouver une solution pérenne pour faire face à sa situation financière délicate. L’Etat est-il prêt à apporter son aide?

Philippe Demierre, Conseiller d’Etat en charge de la Santé :

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