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Canton

Un atelier pour aborder le sujet de la guerre avec les enfants

La Bibliothèque Memo proposait, samedi, un atelier s’adressant tant aux parents qu’aux enfants


6 février 2023 à 02:01

Fribourg » «Il y avait un roi, le roi Bomoventre, qui s’ennuyait, qui s’ennuyait à longueur de journée. Rien ne l’intéressait, ni la chasse à courre, ni la musique, ni la lecture. Rien de rien.» Assise en tailleur sur un coussin, Maria écoute attentivement l’histoire Quelle drôle d’idée la guerre! lue par Marine Borruat, de l’équipe de médiation culturelle de Memo, la Bibliothèque de la ville de Fribourg. Tout aussi captivé, Martin a préféré rester sur les genoux de sa maman.

C’est sous un format intimiste que s’est déroulé, samedi matin, l’atelier «Parler de la guerre avec les enfants?» proposé dans le cadre du programme culturel de la bibliothèque. L’enjeu: s’intéresser à la manière d’aborder ce thème complexe avec de jeunes enfants, par le choix de mots.

Des mots qui nous replongent dans les péripéties du roi Bomoventre. Qui, un jour, passant dans un village, rencontre le grand Voiturabras. Un charlatan qui lui propose de guérir son ennui en lui suggérant de faire la guerre. Cette mauvaise idée entraîne les habitants dans une entreprise vouée à l’échec. Leur village est détruit. Il faut le reconstruire. Au final, les villageois décident d’enterrer leurs lances, qui se métamorphosent en de magnifiques pommiers. Le roi Bomoventre se découvre alors une passion pour la culture des vergers.

«C’était une bonne idée de faire la guerre?» interroge la lectrice, au moment de refermer le livre. «Non, répond sans hésiter Marina. Ils ont tout détruit.» Puis l’animatrice d’inviter les enfants à confectionner un bricolage de pommier de la paix.

Trouver les bons mots

Tandis que les enfants empoignent feutres colorés, bâtons de colle et autres ciseaux, les parents sont invités à échanger sur le sujet de la guerre. «Il est important de rassurer, de rappeler le cadre, en disant qu’on est en sécurité, ici en Suisse», relève Camille Mottier, responsable de l’atelier. Et d’illustrer son propos: «On peut montrer sur une carte où se trouve l’Ukraine et où se trouve la Suisse.» Sans pour autant fournir des réponses clefs en main. «Nous offrons un espace de discussion, car nous ne sommes pas plus légitimes que d’autres sur ce sujet», précise-t-elle.

«La guerre est un sujet qui travaillait mon fils. Il demandait ce que c’était. La question est de savoir jusqu’où aller dans les explications. Nous aimerions lui donner le maximum d’informations, mais sans l’affecter émotionnellement.»
La maman de Martin

La maman de Martin, âgé de 4 ans, confie: «La guerre est un sujet qui travaillait mon fils. Il demandait ce que c’était. La question est de savoir jusqu’où aller dans les explications. Nous aimerions lui donner le maximum d’informations, mais sans l’affecter émotionnellement.» Epargner les enfants dans un contexte de forte médiatisation du conflit en Ukraine n’est d’ailleurs pas toujours simple. «Un jour, ma fille a eu une discussion sur ce thème avec sa nounou. Le même jour, elle a vu des images au téléjournal. Elle a pleuré», rapporte pour sa part Sabrina. «Depuis ce moment, on regarde le 19h30 une fois qu’elle est couchée», témoigne cette maman. Mais il lui est difficile d’échapper aux questionnements de sa fille. Surtout depuis que sa classe a accueilli, l’an dernier, une réfugiée ukrainienne. «Elle demandait: pourquoi elle est là? Pourquoi elle a dû fuir?» se souvient Sabrina. Qui avoue n’avoir pas réponse à tout: «Même nous, les parents, nous arrivons très mal à comprendre pourquoi il y a cette guerre.»

Tandis que les adultes échangent sur leurs difficultés et esquisses de solutions, les enfants prennent plaisir à décorer leur arbre en papier autour d’une table basse. «On rigole très bien», lance la petite Maria. Puis Martin d’interpeller sa maman avec un large sourire pour lui montrer l’avancement de son bricolage: «Regarde!»

Tendre vers la paix

Sur une autre table sont soigneusement disposés une série de livres sur les thèmes de la guerre et de la paix. Dans des contextes tantôt imaginaires, tantôt référencés, comme avec Le Casque d’Opapi, fiction autour de l’œuvre de Fernand Léger et de la Première Guerre mondiale.

Pour la maman de Martin, le choix d’un livre traitant du sujet n’est pas anodin: «Je préfère chercher en fonction de ses demandes, de ce qu’il vit. En choisissant un livre trop spécifique, il y a le risque de le confronter à une problématique encore inexistante chez lui.»

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