Logo

Canton

Marie Levrat et les jeunes pousses

Plus jeune élue dimanche, Marie Levrat représente la nouvelle génération de politiciens fribourgeois. Elle n’est pas la seule: de jeunes pousses de tous les bords ont été choisies pour siéger au Grand Conseil

La Vuadensoise Marie Levrat est la plus jeune députée du Grand Conseil. A bientôt 23 ans, la socialiste a recueilli 3293 voix dimanche.

9 novembre 2021 à 22:16

Grand Conseil » Dans le froid de novembre, l’attitude de la plus jeune députée élue dimanche réchauffe l’esprit. Solaire, Marie Levrat dégage de la bienveillance. A bientôt 23 ans, elle s’est fait une place parmi les 110 députés fribourgeois. Ceci en damant le pion à une colistière sortante, Kirthana Wickramasingam. «Je ne m’attendais pas vraiment à être élue. En fin de compte, ce sont les électeurs qui décident. Je suis heureuse de la confiance qu’ils m’ont accordée mais attristée de la non-réélection des sortantes», partage celle qui se réjouit d’apprendre les rouages de la politique cantonale. Le statut de plus jeune du Parlement cantonal ne fait pas froid aux yeux de la socialiste: «Je ne me sens pas moins légitime qu’un autre nouveau venu. On va tous devoir bosser.»

Patronyme ambivalent

Ce nouveau mandat vient compléter sa jeune carrière de politicienne. Depuis ce printemps, Marie Levrat siège également au Conseil général de Vuadens, aux côtés de son papa Christian Levrat. Son patronyme a-t-il participé à sa victoire de dimanche? «Peut-être qu’il attire le regard, mais certains ne m’apprécient pas, précisément à cause de mon nom. Ça me sert et me dessert.»

Pas de quoi décontenancer la politicienne en herbe. Elle semble très au fait de ce que signifie un tel engagement: «Il faut que la politique soit une passion, parce qu’on reçoit des coups et on essuie des défaites. Mais on a également des incroyables victoires, et c’est ça qui en fait la beauté. Si ça devient une croix que l’on traîne, alors il vaut mieux arrêter.» Ses modèles politiques (Ruth Dreifuss, la jeune élue à la Chambre des représentants aux Etats-Unis Alexandria Ocasio-Cortez, et l’avocate française Gisèle Halimi) semblent toutes présenter une capacité de résilience enviée: «Elles ne lâchaient rien, ne se laissaient pas marcher dessus et rendaient les coups, parce qu’elles étaient animées par les valeurs qu’elles défendaient.»

«Il faut que la politique soit une passion, parce qu’on reçoit des coups et on essuie des défaites»
Marie Levrat

Le Parti socialiste, c’est d’abord une histoire de famille. Marie, sa petite sœur et son petit frère ont grandi en jouant avec les enfants d’amis politisés de leurs parents. Un cocon propice à faire éclore une nouvelle génération, semble-t-il. «Jeanne Girard, la fille de Raoul, était aussi candidate à la députation.» Mais la Gruérienne insiste: aucune pression n’a été exercée pour qu’elle s’engage. C’est plutôt le contraire. «Je n’ai pas dit à mes parents que je m’étais inscrite à la Juso (jeunesse socialiste, ndlr). Ils l’ont appris par le président de la Juso.» Une inscription précoce, à 15 ans, depuis la Ruhr où l’adolescente séjournait lors d’une année linguistique. Marie Levrat est alors scandalisée par les actions du mouvement extrémiste Pegida contre les réfugiés accueillis par Angela Merkel. «Je me suis dit que si je ne m’engageais pas pour les valeurs de solidarité et d’ouverture que je voulais transmettre, c’était comme si je cautionnais ce qui se passait.»

Après une première campagne pour les fédérales de 2019 qui l’a hissée largement en tête des jeunes socialistes, la jeune femme a pris du grade dans la section gruérienne, qu’elle préside depuis 2020. Un poste qui lui permet de siéger au comité directeur du PS cantonal.

Ce qui lui plaît dans cette formation, c’est le militantisme chevillé au corps de ses membres. Elle-même participante aux grèves des femmes et pour le climat est convaincue: «Aller dans la rue, c’est primordial, ça permet de faire pression lorsqu’il y a un blocage. C’est aussi pour ça que j’y vais. Mais évidemment que ça doit aller de pair avec la politique traditionnelle.» Celle des petites avancées et des consensus qu’elle va découvrir prochainement au Parlement cantonal. «Au Grand Conseil, on peut avoir de l’impact sur les thèmes qui nous sont chers, par exemple la politique sociale.»

«Aller dans la rue, c’est primordial, ça permet de faire pression lorsqu’il y a un blocage»
Marie Levrat

Mue par la solidarité

Dans sa bouche, ce terme ne sonne pas creux. Lorsqu’on lui demande comment elle définirait sa société idéale, elle répond sans hésiter: «Que la valeur commune de cette société soit la solidarité. Si tout le monde s’entraidait, on vivrait nettement mieux.» N’est-ce pas placer trop de foi en l’humanité? «Peut-être que je ne verrai jamais le résultat final, mais c’est ce pour quoi je veux me battre tous les jours, parce que je crois que c’est possible.»

Ses intérêts professionnels aussi sont mus par ce besoin d’aider les autres: «Je suis très sensible aux injustices. C’est pour cela que je voulais devenir avocate.» Celle qui étudie le droit en troisième année de bachelor à Fribourg se voit désormais travailler comme juriste dans une organisation non gouvernementale: «A la Croix-Rouge, par exemple, ou pour soutenir les migrants.» Côté politique, elle assure ne pas avoir de plan de carrière. «J’y vais toujours en me disant que je n’ai rien à perdre, selon les opportunités. Mais je ne vise pas le Conseil fédéral, hein», lâche-t-elle comme si c’était complètement absurde.


Un beau cadeau d’anniversaire

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique