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Conseil d'Etat

L'UDC est de retour au Conseil d'Etat

L'entente de droite fait un carton plein en emmenant l'UDC au Gouvernement. Le PS perd un fauteuil

Elections cantonales; stamm de l’aliance de droite au Café du Jura Photo Lib/Charly Rappo, Fribourg, 28.11.2021Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

Aurélie Yuste

Aurélie Yuste

28 novembre 2021 à 22:16

Analyse » L’Entente bourgeoise a réussi là où elle avait échoué en 2016. Bâtie il y a trois semaines à peine après un premier tour en demi-teinte pour les centristes et les démocrates du centre, elle est parvenue ce dimanche à faire élire ses cinq candidats au Conseil d’Etat fribourgeois. L’UDC fait ainsi son grand retour à l’Exécutif cantonal, elle qui en était absente depuis maintenant vingt-cinq ans. Malgré ses failles – un grand-écart idéologique entre des formations que beaucoup de choses opposent et une absence de femmes – ce rapprochement de circonstance a donc parfaitement fonctionné.

Par rapport au premier tour, le candidat UDC Philippe Demierre multiplie presque son score par trois, passant de 14'107 à 40'710 voix. Et les cinq candidats de l’Entente terminent en tête dans quatre districts sur sept (Glâne, Lac, Gruyère et Veveyse). De son côté, la gauche est certes parvenue à dépasser l’UDC dans les plus grandes communes comme Fribourg ou Villars-sur-Glâne, mais pas assez pour empêcher son retour au pouvoir.


Ce succès de l’Entente bourgeoise intervient néanmoins dans un contexte bien différent de celui d’il y a cinq ans. A l’époque, le PLR et celui qui s’appelait encore PDC, devenu le Centre, avaient réussi à faire passer tous leurs candidats au premier tour, laissant l’UDC Stéphane Peiry tout seul pour affronter la gauche lors de la deuxième manche. L’électorat libéral-radical s’était alors démobilisé tandis que certains démocrates-chrétiens préféraient se tourner vers l’autre bord.

Pas la fine bouche

Mais cette année, l'UDC a su proposer un champion plus compatible aux yeux de ses partenaires. Proche des milieux culturels et au bénéfice d'une formation dans le domaine social, Philippe Demierre passe en effet pour un candidat plus modéré, même si son profil sur la plateforme Smartvote dépeint un nouvel élu parfaitement aligné sur la doctrine de son parti. Surtout, les centristes ne pouvaient pas cette fois-ci se permettre de faire la fine bouche, eux qui ont été malmenés au premier tour. Au soir du 7 novembre, le sortant Jean-Pierre Siggen ne pointait en effet qu’au neuvième rang.

Ce dimanche, l’ex-PDC a corrigé le tir, Olivier Curty terminant deuxième et Jean-Pierre Siggen assurant finalement sa réélection en décrochant le quatrième rang. Mais pour le Centre, il ne s’agit là que d’un lot de consolation. En effet, le «grand vieux parti» avait déjà dû renoncer à son objectif principal – le maintien du troisième siège qu’il détenait depuis le milieu du XIXe siècle – avec le retrait de Luana Menoud-Baldi entre les deux tours.

Cette année, l'UDC a su proposer un champion plus compatible aux yeux de ses partenaires

De son côté, le PLR frappe fort en plaçant ses deux candidats dans le trio de tête. Né en août 1984, Romain Collaud devient le premier trentenaire au Conseil d’Etat depuis Isabelle Chassot, élue en 2001 à l’âge de 36 ans. Et en terminant premier dans le district de la Broye, dont il est originaire, et celui de la Glâne, où il réside aujourd'hui, il annonce qu’il faudra compter avec lui dans ce nouveau Gouvernement. Quant à Didier Castella, il démontre le nouveau statut acquis par sa formation en montant sur la plus haute marche du podium avec 52'847 suffrages.

A gauche, c’est le choc. Si la nouvelle venue écologiste Sylvie Bonvin-Sansonnens fait plutôt bonne figure en se classant cinquième, c’est en revanche la déconfiture pour le Parti socialiste. En tête au premier tour, Jean-François Steiert est réélu mais dégringole à la septième position. Il faut dire qu’au début du mois, l’actuel président du Conseil d’Etat avait obtenu beaucoup de suffrages sur des listes de droite. Cette fois-ci, ses adversaires ont certainement été moins généreux.  


Un revers historique

Quant à la conseillère nationale Valérie Piller Carrard, elle échoue à la huitième place. Un revers historique: depuis 1981, les socialistes avaient toujours occupé deux sièges sur sept au Gouvernement. Enfin, la chrétienne-sociale Sophie Tritten termine au neuvième et dernier rang. Comme depuis le départ de la verte Marie Garnier il y a trois ans, l’Exécutif cantonal ne comprendra donc, durant la prochaine législature, qu’une seule femme pour six hommes. En revanche, signe d'un électorat toujours plus fragmenté, le Conseil d'Etat fribourgeois réunira pour la première fois cinq partis différents.

Trois nouveaux jeunes députés

L’élection au Conseil d’Etat fait le bonheur de la relève. Trois jeunes politiciens de moins de 30 ans, premiers des viennent-ensuite lors de l’élection au Grand Conseil, siégeront désormais comme députés. Au PLR, Pauline Robatel (Torny-le-Grand), 26 ans, bénéficie de l’élection de Romain Collaud au gouvernement. La Verte Tina Raetzo (Rueyres-les-Prés), 24 ans, remplacera Sylvie Bonvin-Sansonnens au parlement cantonal. Pour la petite histoire, elle y côtoiera sa maman Carole Raetzo, élue sur la liste La Broye, c’est vous. A l’UDC, enfin, Lucas Dupré (Villargiroud), 26 ans, profite de l’élection de Philippe Demierre au Conseil d’Etat. Thibaud Guisan

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