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Canton

L'HFR à l’ère des soins centralisés

Le conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois a présenté aux médias sa Stratégie 2030. Celle-ci prévoit la construction d’un hôpital principal près de Fribourg et l’installation de centres de santé dans les districts

En 2018, l’Hôpital fribourgeois a traité un peu plus de 108 000 patients.

27 novembre 2019 à 22:27

Santé » Partout en Suisse, le paysage hospitalier est en pleine révolution. Il y a quelques jours, la NZZ am Sonntag dévoilait par exemple une étude réalisée par le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers. Le verdict est clair: la faillite guette un établissement sur dix dans le pays, et beaucoup de cantons devront mettre la main au porte-monnaie pour éviter des fermetures. Fin octobre, le canton de Saint-Gall annonçait par ailleurs vouloir concentrer son offre de soins dans quatre de ses neuf hôpitaux publics, les autres étant appelés à devenir des pôles de santé orientés vers l’ambulatoire.

Le même destin attend désormais l’Hôpital fribourgeois (HFR), en proie à de graves problèmes financiers. Ce mercredi matin, son nouveau conseil d’administration, en présence notamment de la ministre fribourgeoise de la Santé Anne-Claude Demierre, a présenté aux médias sa Stratégie 2030. Un programme aux contours encore flous, appelé à être affiné dès le premier trimestre de l’année prochaine. «Nous n’avons pas la volonté de répondre aujourd’hui à toutes les questions d’application. Nous voulons présenter notre vision pour ensuite aller discuter avec nos partenaires – les milieux politiques, les partenaires sociaux, les professionnels de la santé – et développer ensemble la mise en œuvre de cette stratégie», souligne le conseiller d’Etat Didier Castella en sa qualité de président ad interim de l’établissement cantonal.

Concrètement, au cours de la décennie à venir, des centres de santé verront le jour dans chacun des sept districts, y compris en Sarine. Ils seront dédiés à la prise en charge ambulatoire assortie d’une offre étendue de consultation et d’une permanence pour les cas urgents.

Nouveau centre hospitalier

Ces pôles travailleront main dans la main avec les établissements médico-sociaux (EMS), les soins à domicile ou encore les médecins privés. Et pourront accueillir dans leur enceinte d’autres acteurs de la santé comme des pharmacies ou des physiothérapeutes.

En outre, un nouveau centre hospitalier sortira de terre à proximité de la ville de Fribourg. Il disposera de spécialistes présents 24 h sur 24 ainsi que d’équipements de pointe, dont un service d’urgences pouvant gérer les cas lourds.

Mais, pour faire face aux défis actuels – baisse des tarifs, pénurie de médecins, obligation de traiter un nombre minimal de cas, numérisation, concurrence accrue –, des mesures immédiates s’imposent. Ainsi, dès l’automne 2020, les soins palliatifs seront réunis dans l’ancienne Villa Saint-François, à deux pas du site principal de Villars-sur-Glâne. Les prestations de réadaptation seront, elles aussi, regroupées avec, dès le mois de janvier, le transfert de la réadaptation cardio-vasculaire de Billens à Meyriez.

« Les employés de Billens auront la possibilité d’aller travailler à Meyriez s’ils le souhaitent. »

Marc Devaud

Blocs fermés à Riaz et Tavel

Le site glânois sera ainsi le premier touché, ce qui provoque déjà de vives réactions dans le district (voir ci-contre). «Les employés de Billens auront la possibilité d’aller travailler à Meyriez s’ils le souhaitent. Dans le cas contraire, nous leur proposerons d’autres options. Nous avons, au niveau de notre personnel, un tournus suffisant pour pouvoir proposer différentes alternatives», précise Marc Devaud, directeur général de l’HFR.

Et une analyse devra définir les différentes possibilités pour une restructuration de ce site situé près de Romont. Ce qui est sûr, c’est que l’HFR sera toujours présent dans la Glâne. Mais peut-être pas à Billens. L’avenir des sites de Riaz et de Tavel reste également à déterminer. Quoi qu’il en soit, leurs blocs opératoires seront à terme fermés. En effet, seul le centre hospitalier disposera d’infrastructures lourdes. «Mais, pour l’heure, les blocs dont nous disposons en Singine et en Gruyère gardent toute leur importance. Car, aujourd’hui, nous ne pouvons pas intégrer toute l’activité opératoire sur le site principal à Villars-sur-Glâne», souligne Marc Devaud.

« Nous n’avons pas la volonté d’aller vers un plan de licenciements. »

Didier Castella

Quel impact est-ce que cette Stratégie 2030 aura sur le personnel de l’hôpital? «Nous n’avons pas la volonté d’aller vers un plan de licenciements. Au contraire, nous voulons intégrer les employés à la mise en œuvre de cette stratégie. Et cela ne se fera pas en quelques mois mais en dix ans. D’ici là, les fluctuations naturelles du personnel nous permettront d’atteindre nos objectifs sans passer par des mesures qui seraient lourdes pour les collaborateurs», assure Didier Castella.

Intendance trop coûteuse

Enfin, dès l’année prochaine, l’HFR entend également poursuivre ses efforts pour réduire la durée moyenne des séjours hospitaliers, afin de concrétiser les recommandations émises par l’Inspection des finances en matière de gestion ainsi que pour améliorer l’efficience concernant l’hôtellerie et l’intendance. «Les benchmarks nous montrent que nos coûts sont trop importants. Nous sommes à 111 francs le mètre carré alors que la moyenne suisse est à 80 francs. Nous allons donc mettre en place différents projets pour parvenir à une meilleure organisation de l’intendance», relève Marc Devaud, conscient des immenses défis que devra relever l’HFR au cours des prochaines années.

De son côté, le Syndicat des services publics fustige, dans un communiqué, un projet qu’il juge «furieusement semblable à une nouvelle cure d’amaigrissement pour l’établissement public».


Trois questions à Anne-Claude Demierre, conseillère d’Etat en charge de la Santé

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