Connu pour être un désert en matière de médecine de premier recours, le canton de Fribourg a néanmoins une raison de se réjouir: ses médecins de famille sont les plus jeunes du pays, selon de récentes statistiques. Plusieurs facteurs expliquent cette relève foisonnante. Décryptage.
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21 décembre 2023 à 11:45
Ce n’est pas un secret: Fribourg manque de médecins de famille. Ainsi, selon des chiffres publiés récemment par l’Office fédéral de la statistique (OFS), le nombre de médecins de premier recours en équivalents plein-temps (EPT) pour 1000 habitants s’élevait en 2021 dans le canton de Fribourg à 0,61, soit beaucoup moins que la moyenne suisse (0,82). Seuls les cantons d’Argovie et d’Obwald sont moins bien lotis.
Présidente de l’association Médecins Fribourg – Ärztinnen und Ärzte Freiburg (MFÄF) et spécialiste en médecine interne générale installée à La Roche, Anouk Osiek Marmier remarque: «Et si nous ne prenons en compte que les médecins qui participent à la garde médicale, nous sommes même plus bas, surtout dans certains districts. Dans le Lac, par exemple, nous recensions, fin 2021, 7,4 EPT pour assurer la garde médicale, alors que cette région compte environ 38'000 habitants.»
Toutefois, toujours d’après l’OFS, les patients fribourgeois ont malgré tout une raison de se réjouir: leurs médecins font partie des plus jeunes du pays. En effet, dans le canton de Fribourg, 40,5% des médecins de premier recours sont âgés de moins de 45 ans. Il s’agit de la proportion la plus élevée en Suisse, juste devant Uri (40,3%) et Vaud (36,8%). «Ces données sont encourageantes et montrent qu’il y a un renouvellement dans le domaine de la médecine de premier recours», salue Claudine Mathieu Thiébaud, cheffe du Service de la santé publique de l’Etat de Fribourg. A titre de comparaison, dans des cantons comme le Tessin et Schaffhouse, moins d’un médecin de premier recours sur six est né après 1978. A Fribourg, cette jeunesse est surtout le fait des femmes. Parmi elles, la proportion de médecins de premier recours de moins de 45 ans atteint même 54,9%, alors qu’elle n’est que de 25,8% chez les hommes.
Alors comment expliquer cette forte proportion de jeunes médecins à Fribourg? Anouk Osiek Marmier relève: «Le programme d’assistanat en cabinet lancé en 2010 dans le canton joue peut-être un rôle. C’est en tout cas un projet dans lequel nous croyons beaucoup. Nous pouvons aussi nous demander si la proportion de jeunes médecins est due aux spécificités du canton de Fribourg, qui est plutôt rural. En effet, dans ce type de régions, l’hôpital est souvent plus petit et offre moins de postes aux médecins pour y poursuivre leur carrière. Dès lors, les jeunes médecins ont tendance à quitter le milieu hospitalier plus rapidement après leurs études pour s’installer en cabinet.»
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