Les fans des Bleus sont passés par tous les états d’âme

Reportage » Trois heures de suspense insoutenable. Dimanche en fin d’après-midi, les Français ont assisté à une finale de Coupe du monde de football entre leur nation et l’Argentine qui les a entraînés sur des montagnes russes émotionnelles. Au pub Les Gosses du Québec à Fribourg, transformé en véritable quartier général de supporters tricolores, ces derniers ont vécu des moments de doutes, d’euphorie, d’angoisse. Parmi les fans des Bleus se trouvait une petite dizaine de collaborateurs du chef étoilé Romain Paillereau à la tête du restaurant des Trois Tours à Bourguillon.

«Ce duel était héroïque, c’était incroyable»
Johann Herbelin 

«Tout le monde est contre la France et tout le monde veut que l’Argentin Lionel Messi puisse entraîner son équipe vers la victoire, c’est une raison de plus pour que nous remportions la Coupe!» s’exclame avant le début du match Johann Herbelin, sous-chef aux Trois Tours. Il est plutôt confiant puisqu’il note que «la France a toujours gagné contre l’Argentine.» Pour son collègue Max Arnaud, chef pâtissier et un brin taquin, «les Suisses n’ont pas digéré leur victoire, c’est pour ça qu’ils souhaitent que l’Argentine gagne». S’il sait que ce pays possède une bonne équipe, il ne doute pas des capacités des Bleus. «Je viens passer du temps avec mes collègues et je fais semblant de supporter la France étant l’un des seuls Suisses de l’équipe», explique en riant le chef de partie Matthieu Maeder. «C’est de bonne guerre», ajoute-t-il.

Le doute s’installe

Les drapeaux tricolores sortent des sacs, les gens se lèvent et font honneur à l’hymne national français en chantant à tue-tête. Le match a commencé, les «Allez Kylian Mbappé!» l’une des vedettes de cette équipe, résonnent déjà dans le pub. Un lieu bondé dès le début de la rencontre, les clients qui ne peuvent y accéder regardent le duel à travers les fenêtres, debout dans la rue. Mais la bonne ambiance du début de match laisse vite place à la frustration. «Je pense que ce n’est pas gagné, on n’est pas au niveau de 2018», indique la cheffe de partie pâtissier Luna Degioanni, grande amatrice de football. «Les Français dorment tandis que les Argentins sont très agressifs, ils intimident nos joueurs», regrette Guillaume Barry, chef sommelier. Les cris fusent, dramatiques, à chaque tentative de l’Argentine, et il y en a de nombreuses. Pour s’encourager et garder espoir, les supporters français entonnent à intervalles réguliers et sur un ton quelque peu belliqueux: «Nous sommes les Français, et nous allons gagner. Aux armes, aux armes!»

«Je vais regarder en boucle le but de Mbappé ce soir!»
Guillaume Barry

Après un premier but argentin puis un second, les visages sont tendus et se ferment. Les clients du pub sont nombreux à sortir pour fumer une cigarette à la mi-temps comme Max Arnaud «histoire de décompresser car j’en ai gros, ça va être très dur pour les Français, on joue mal», souffle-t-il, dépité.

Place à l’euphorie

A la reprise, l’ambiance se réchauffe, on entend «Bats-toi!» et les supporters applaudissent et sifflent lorsque les Bleus entrent en action. La tension monte d’un cran et alors que tout espoir semble perdu pour les Français, voilà que Kylian Mbappé inscrit un penalty contre l’Argentine: délire absolu dans le pub, les gens hurlent, se sautent dans les bras, montent sur les chaises, l’euphorie est générale. Les Français crient à nouveau «Aux armes, aux armes!» Le même joueur tricolore inscrit un second but un peu plus d’une minute plus tard pour le plus grand bonheur des supporters.