Logo

Canton

Canton. Les chœurs d’église doivent lutter pour survivre

A l’heure où l’Eglise catholique traverse des turbulences, les céciliennes semblent à bout de souffle et certaines ont d’ores et déjà disparu. Mais certaines se battent pour trouver des solutions.

Le chœur mixte Saint-Maurice de la paroisse de Ponthaux et Nierlet-les-Bois ne compte plus que onze choristes. © Jean-Baptiste Morel

13 février 2024 à 23:50

Temps de lecture : 1 min

Les voix se mêlent, se répercutent sur les murs de pierre, volent jusqu’aux oreilles de l’assistance. Une telle scène appartiendra-t-elle un jour au passé? Car les rangs des chœurs d’église – aussi connus sous le nom de céciliennes ou de chœurs mixtes d’église – s’érodent à tel point que cette tradition semble être menacée. «J’estime que la tendance est installée depuis une trentaine d’années. Les chœurs d’église vieillissent et cela commence à se voir», indique Carl-Alex Ridoré, président de la Fédération fribourgeoise des chorales (FFC), qui a d’ailleurs abordé cette question lors d’une récente assemblée générale.

«Entre 2014 et 2023, nous sommes passés de 118 céciliennes francophones à 106 au sein de la FFC, tandis que les céciliennes germanophones restent stables et que les chœurs profanes sont en augmentation», poursuit le président.

Manque de relève

La principale cause est le manque de relève.  «Les jeunes se tournent par exemple vers la création de nouveaux petits ensembles», indique Carl-Alex Ridoré. Des présidents de chœur évoquent aussi le fait de devoir chanter à l’église dimanche matin – la fréquence d’animation de messes dépendant de chaque cécilienne.

D’autre part, les églises se vident, et ce phénomène est encore accentué par les affaires qui ont éclaté ces dernières années. «Un bon chanteur a quitté le chœur car il ne pouvait plus cautionner l’institution», confesse un directeur. Le Covid a enfoncé le clou: le Chœur de Givisiez/Granges-Paccot a ainsi vu ses effectifs fondre de moitié, comme le raconte le président Bernard Bourguet.

«Nous nous sommes fait une raison à un moment donné, car nous savons que nous sommes condamnés à court ou moyen terme»
Vincent Sembach

Autant dire que le fatalisme semble parfois régner. Dans la paroisse de Ponthaux et Nierlet-les-Bois, il n’y a plus que onze chanteurs et trois voix au chœur mixte Saint-Maurice, les basses étant une espèce disparue depuis quelques années. «Nous n’avons plus de très grands projets, car nous savons que nous ne pouvons plus nous le permettre. Nous avons pourtant envoyé des tout-ménages dans la paroisse et essayé d’attirer des jeunes, sans succès. C’est désespérant», soupire la présidente Véronique Vaucher.

A Grolley, la moyenne d’âge des 18 chanteurs du chœur mixte La Concorde avoisine les 70 ans, selon le président Vincent Sembach, alors qu’il y avait 63 membres en 1993: «De la publicité a été faite, mais nous nous sommes fait une raison à un moment donné, car nous savons que nous sommes condamnés à court ou moyen terme. Il suffit par exemple que deux chanteurs arrêtent pour raison de santé. Nous pourrions bien sûr nous réorganiser et chanter à une voix, mais cela serait moins intéressant pour le public et les choristes.»

La recherche de solutions

Pour Pascal Simonet, directeur du chœur mixte Saint-Etienne à Belfaux, une telle résignation est comparable à un hérisson, qui se met en boule tous pics dehors quand tout va mal. Lui-même estime que la prise de conscience, face à la situation actuelle, a eu de la peine à se faire. Il reste néanmoins combatif: «J’ai réuni une mini task force dans mon chœur pour discuter de la problématique du recrutement. Nous avons d’abord fait un état des lieux et essayé de trouver les éléments sur lesquels nous pouvions agir.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique