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Canton

«Le canton peut aider les médecins»

La pénurie de médecins généralistes à Fribourg n’est pas une fatalité, estime Jean-Daniel Schumacher

Dr Jean-Daniel Schumacher, médecin généraliste et député Photo Lib/Alain Wicht, Tafers, le 10.12.2021Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

1 février 2022 à 16:38

Temps de lecture : 1 min

Politique médicale » Fribourg est en queue de peloton pour la médecine de premier recours. Une enquête de la Fédération romande des consommateurs (lire ci-dessous) vient souligner la pénurie de praticiens généralistes dont souffre le canton. Ce handicap n’a rien d’une fatalité, selon Jean-Daniel Schumacher, médecin et député. Le généraliste, qui vit à Fribourg et exerce depuis vingt-quatre ans à Tavel, estime que «le canton a les cartes en mains pour remédier à cette pénurie». Un «sursaut politique» peut changer la donne. L’appel d’un toubib passionné.

Vous qui exercez la profession de médecin généraliste depuis plus de deux décennies, à quoi attribuez-vous cette pénurie?

Jean-Daniel Schumacher: Il y a selon moi plusieurs raisons pour lesquelles Fribourg est en queue de classement. La première, c’est que le généraliste à l’ancienne n’existe plus. Désormais les praticiens veulent travailler en groupe, souvent à temps partiel: cela exige une infrastructure particulière qui demande initialement un investissement financier et personnel plus conséquent. Et le style de vie de mes collègues a changé. Quand j’ai commencé à travailler en Singine, j’ai dû aller jurer devant le préfet que je porterais secours à la population singinoise. Cela ne se fait plus, heureusement. L’idée qu’on devait se dévouer corps et âme pour ses patients est hors du temps. Je comprends que les jeunes ne veulent plus investir toute leur vie dans leur métier et les femmes qui entrent dans la profession ont plus souvent encore des charges supplémentaires. Si le nombre des médecins généralistes a augmenté, il ne semble pas compenser le nombre d’EPT (équivalents plein-temps) nécessaires pour couvrir les besoins dans notre canton. De plus, la population fribourgeoise n’a pas cessé de croître.

Pourquoi est-ce plus marqué dans le canton de Fribourg qu’ailleurs?

Le manque d’attractivité: il y a plus de charge de travail et une revalorisation inférieure des tarifs en comparaison à d’autres cantons. Le médecin fribourgeois en cabinet travaille 10 à 15% de plus que ses confrères, alors que la valeur du point tarifaire est inférieure à celui de cantons comme Vaud, Jura ou Genève, où il est plus avantageux pour un jeune confrère de s’installer.

Pensez-vous vraiment qu’une augmentation du point tarifaire aurait une influence?

Oui. Personnellement, je n’aime pas tellement parler d’argent car j’estime que je gagne bien ma vie. Mais un jeune médecin qui s’installe fait face à des investissements et a de nombreuses charges, qui augmentent chaque année. La revalorisation du point est l’une des mesures politiques qui marqueraient une réelle reconnaissance. Dans les cantons alémaniques, il y a aussi la propharmacie (ndlr, la vente de médicaments au cabinet médical) qui est un thème lors de la remise de cabinet dans la région germanophone.

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