Le bénéfice de l’Etat de Fribourg questionne les députés

Politique » Un excédent de 192 millions de francs, avant attribution à divers fonds et réserves, des charges contenues, des recettes fiscales en hausse! Avec ce résultat, difficile de critiquer les comptes 2022 de l’Etat de Fribourg. De plus, au niveau des investissements, les comptes n’ont pas été aussi proches du budget depuis longtemps, signe que les projets avancent. Ce mardi, le Grand Conseil s’est pourtant gardé de toute euphorie. Car il a conscience que la bonne santé financière du canton repose pour une grande partie sur des revenus extérieurs, à savoir la redistribution des bénéfices de la Banque nationale suisse et la répartition issue de la péréquation financière.

Durant le débat, qui a commencé ce mardi et se poursuit mercredi, cette fragilité a été régulièrement évoquée. Ces apports sont incertains. Pour preuve, la BNS ne versera rien cette année et probablement l’année prochaine. «La vigilance reste de mise», prévient le conseiller d’Etat Jean-Pierre Siggen, directeur des Finances. Et le chef des centristes, Hubert Dafflon (Grolley), résume les défis qui restent à relever, à commencer par le soutien à l’Hôpital fribourgeois (HFR), déficitaire depuis plusieurs années, mais également la transition énergétique ou encore l’aide au paiement des primes d’assurance-maladie.

La ville de Fribourg touche un pactole d'impôts

Un Etat trop frileux?

A gauche, Benoît Rey (Fribourg), au nom des Verts et alliés, note que les années se suivent et se ressemblent. «Le budget annonce de minuscules bénéfices qui ne reflètent pas le résultat de l’exercice», lance-t-il. Il déplore la frilosité dans des investissements «qui risquent de manquer ensuite».

«Le budget annonce de minuscules bénéfices qui ne reflètent pas le résultat de l’exercice»
Benoît Rey

La socialiste Marie Levrat (Vuadens) va encore plus loin. Elle estime que ce bénéfice est «questionnable, alors que les citoyens font face à une hausse générale du coût de la vie». Elle estime qu’il est temps d’engager davantage de moyens dans certains domaines, comme l’action sociale. Les charges, dont l’aide sociale, sont en baisse. «Mais ce n’est pas parce que les Fribourgeois vont mieux. C’est parce que l’Etat se repose sur les associations qui sont sur le terrain.»

Le rapporteur de la commission qui s’est penchée sur les comptes, Elias Moussa (ps, Fribourg) avoue qu’il a demandé à ChatGPT, qui utilise l’intelligence artificielle, comment Fribourg pouvait maintenir sa bonne situation et ses prestations. Réponse: être vigilant dans les dépenses, augmenter les recettes, renforcer la coopération intercantonale, favoriser l’emploi dans des domaines innovants et enfin investir dans l’éducation et la formation.

Baisses fiscales?

Le socialiste retient surtout qu’il faudrait augmenter les recettes, mais la droite tient un autre discours. Elle relève, par la voix du PLR Andreas Freiburghaus (Wünnewil) que la baisse des impôts pour les personnes morales, découlant de plusieurs motions adoptées par le Grand Conseil «a été utile puisque les recettes fiscales augmentent».

Impôts. Le mot est lâché. Dans la foulée, l’UDC Flavio Bortoluzzi, de Montilier, estime que le bénéfice réalisé l’an dernier «doit être remis à la disposition de la population sous la forme d’une baisse fiscale pour les personnes physiques». Il annonce que son parti déposera prochainement une motion à ce propos.

Le Grand Conseil argovien a récemment approuvé un crédit de 240 millions pour soutenir l’Hôpital cantonal d’Aarau. Le député socialiste Elias Moussa a donné cet exemple, ce mardi, pour inciter le Conseil d’Etat à en faire de même, et rapidement.

En proie à des difficultés financières alors que de gros investissements s’annoncent avec la construction d’un nouvel établissement, l’HFR a ainsi été régulièrement cité ce mardi au Grand Conseil, au moment de l’examen des comptes 2022 bénéficiaires de l’Etat de Fribourg.

Simon Zurich (ps, Fribourg) demande que l’Etat présente «urgemment» un plan d’investissements, pour le futur site, pour la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de l’HFR et pour atténuer l’endettement de l’établissement afin de lui donner un nouveau souffle. Conseiller d’Etat chargé des Finances, Jean-Pierre Siggen a promis une réponse bientôt.