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Canton

La Singine est rentrée dans le rang

Autrefois omniprésents à Fribourg et à Berne, les Singinois marquent le pas. Mais la relève arrive

Bruno Boschung et Christine Bulliard-Marbach lors de la proclamation des résultats de l’élection au Conseil national le 20 octobre 2019.

13 août 2021 à 22:44

Temps de lecture : 1 min

Politique » Le comité directeur du Centre a tranché le 18 mai dernier: Isabelle Chassot a été préférée à Bruno Boschung pour tenter de reconquérir le siège perdu par Beat Vonlanthen au Conseil des Etats en 2019. Une décision symbolisant la perte d’influence des représentants singinois au sein des instances tant cantonales que fédérales. Longtemps, le district alémanique a été un grand pourvoyeur de personnalités politiques d’envergure nationale.

En 2011, année de la première élection au Conseil national de Christine Bulliard-Marbach, dernière représentante de cette génération dorée, les Singinois pouvaient également compter sur deux conseillers d’Etat (Erwin Jutzet et Beat Vonlanthen), ainsi que sur l’un des politiciens les plus influents de Suisse en la personne d’Urs Schwaller, alors un des ténors du Conseil des Etats et président incontesté du groupe PDC. Dix ans plus tard, le vent semble avoir tourné.

L’ombre des grands noms

Président du Centre singinois, formation politique constituant toujours l’un des principaux viviers politiques du district alémanique, Laurent Baeriswyl l’admet: «Pendant des années, notre section a été très bien représentée aux échelons cantonal et fédéral. Nous savions bien que cela ne durerait pas éternellement, même si la non-réélection de Beat Vonlanthen au Conseil des Etats a fait mal. Mais nous nous battons à présent pour qu’Isabelle Chassot soit élue», assure-t-il.

Comment expliquer le recul singinois? «Peut-être nous sommes-nous trop abrités derrière de grands noms comme Urs Schwaller, Beat Vonlanthen et Christine Bulliard-Marbach», avance le président du Centre. Mais il assure qu’avec Olivier Curty, originaire de Saint-Ours bien qu’il soit aujourd’hui moratois, le Centre alémanique est très bien représenté au Conseil d’Etat.

Sensibilité négligée

Le préfet de la Singine, Manfred Raemy, dresse pour sa part un constat mitigé. Selon lui, le district alémanique manque actuellement de personnalités âgées de 30 à 50 ans prêtes à se profiler sur le plan cantonal. «Peut-être a-t-on négligé un peu la relève avec tous les grands noms ayant représenté le district au sein des autorités cantonales et fédérales.» Conséquence: dans certains dossiers cantonaux, la sensibilité alémanique est aujourd’hui trop peu prise en considération, estime-t-il.

«Il n’est pas forcément primordial d’avoir des Singinois au Conseil d’Etat ou au Parlement fédéral. Ce qui est vraiment important, c’est que la minorité linguistique soit représentée.» A ce titre, il se dit un peu déçu que Fribourg n’ait envoyé que des francophones au Conseil des Etats.

«La politique partisane, très présente dans les grandes communes singinoises, nous monte parfois les uns contre les autres», ajoute le préfet sans étiquette politique. «Mais sur des thèmes d’importance régionale, comme celui de l’Hôpital fribourgeois par exemple, le district parvient à montrer un front uni.»

Equilibre des langues

Le dossier de l’HFR Tavel, qui a définitivement perdu son service des urgences, aurait-il été traité différemment si la Singine était davantage représentée au sein des instances décisionnelles? Ni Manfred Raemy ni Laurent Baeriswyl ne donnent de réponse définitive, mais ne l’excluent pas.

Président de l’UDC singinoise, Frédéric Neuhaus estime que la politique politicienne favorise parfois les affrontements au détriment de l’union autour d’intérêts régionaux communs. Mais selon lui, la situation actuelle est avant tout dommageable pour l’équilibre linguistique du canton. «J’ai été très déçu par la manière dont la question des langues a été traitée dans le dossier de la fusion du Grand Fribourg», déplore-t-il.

La députée du Centre gauche-PCS Bernadette Mäder-Brülhart acquiesce: «En tant que minorité, nous ne sommes pas toujours pris au sérieux. Cela peut être démotivant pour celles et ceux qui souhaitent se lancer en politique.» Selon elle, la Singine manque aujourd’hui d’un «animal politique» faisant l’unanimité au-delà des partis. «La langue est un obstacle. En n’étant pas parfaitement bilingue, on a très peu de chances de percer en tant qu’Alémanique.» Résultat: beaucoup de candidats prometteurs à des fonctions politiques préfèrent s’exiler dans le secteur privé à Berne.

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