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Catholiques en baisse dans le canton. «La question des abus sexuels domine dans les causes de départs»

En 2022, les catholiques ne représentaient plus que 54% de la population du canton de Fribourg, contre plus de 63% en 2010. C’est ce que montrent des chiffres publiés vendredi par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Réaction de l’évêque Charles Morerod.

Année après année, le nombre de catholiques baisse, dans le canton de Fribourg comme ailleurs en Suisse. © Charles Ellena/Alain Wicht

26 janvier 2024 à 11:55

Temps de lecture : 1 min

Selon des chiffres publiés vendredi par l’Office fédéral de la statistique (OFS), le nombre de catholiques continue de s’effriter dans le canton de Fribourg. Réaction de Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

Le nombre de catholiques continue de diminuer dans le canton de Fribourg. Une baisse relativement lente, certes, mais qui semble inexorable. Comment l’interprétez-vous?

Charles Morerod: C’est un phénomène qui touche toute l’Europe du Nord-Ouest. Il y a des facteurs locaux et des facteurs plus profonds. Autrefois, les sociétés étaient davantage unifiées religieusement. En gros, si on était Fribourgeois, on était catholique. Si on était Genevois, on était plutôt protestant. Et si on était Norvégien, on était luthérien. Mais ce n’est plus le cas. Ces sociétés européennes sont devenues multiculturelles. Et la nécessité d’appartenir à une communauté religieuse selon une région donnée n’existe plus.

Les derniers chiffres de l’OFS couvrent l’année 2022. Ils ne permettent donc pas de mesurer les effets des révélations de ces derniers mois, et notamment de la publication en septembre 2023 d’une étude de l’Université de Zurich identifiant plus d’un millier de cas d’abus sexuels dans l’Eglise catholique en Suisse au cours des dernières décennies. Avez-vous enregistré beaucoup de sorties d’Eglise au niveau du diocèse récemment?

Nous savons qu’il y a une augmentation du nombre de sorties d’Eglise, car nous l’entendons de la part des paroisses.

Etablissez-vous un lien clair entre ces départs et les révélations concernant des abus sexuels?

Il y a encore quelques années, notamment à l’époque de la pandémie de Covid-19, la question des abus sexuels n’était que rarement mentionnée dans les lettres de fidèles annonçant leur sortie de l’Eglise. Les gens mettaient plutôt en avant le fait de ne plus savoir pourquoi ils faisaient partie de l’Eglise, d’avoir été baptisés parce que leurs grands-parents étaient catholiques, mais de ne pas s’identifier eux-mêmes à cette religion. Désormais, la question des abus sexuels domine au moment d’évoquer les causes des départs.

Que vous disent les fidèles?

Récemment, un prêtre me disait qu’il avait rencontré un fidèle ayant manifesté son désir de quitter l’Eglise. Et cette personne lui a dit qu’elle ignorait que des mesures avaient déjà été prises au sein du diocèse pour lutter contre les abus sexuels. Nous avons donc encore un effort d’information à faire. Car cela fait par exemple dix ans que nous obligeons les personnes qui travaillent pour l’Eglise à suivre des formations à titre de prévention. Par ailleurs, nous collaborons étroitement avec des institutions comme les services de l’Etat et la police. Et nous travaillons aussi avec la Commission écoute conciliation arbitrage réparation (CECAR), qui est une commission indépendante, créée à l’initiative d’une association de victimes.

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