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Canton

Broye. la Coreb veut mener action plus claire et mieux ciblée

La Communauté régionale de la Broye revoit son organisation, ses objectifs, et renouvelle ses statuts

Payerne, Swiss Aeropole; Interview croisée des préfets Nicolas Kilchoer et Olivier Piccard sur les nouveaux statuts de la Coreb. Photo Lib / Charly Rappo, Payerne, 08.02.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

14 février 2023 à 20:44

Broye intercantonale » La Communauté régionale de la Broye (Coreb) est à un tournant historique. En perte de crédibilité face à ses membres (49 communes fribourgeoises et vaudoises), elle a fait l’objet d’un audit. Si aucun manquement grave n’a été constaté, des pistes pour améliorer son organisation, son fonctionnement ou sa gouvernance ont néanmoins été relevées.

L’organisation créée en 1988 a revu sa mission, établi un plan d’action et remis à jour ses statuts. Cette nouvelle stratégie sera présentée et soumise à l’approbation des membres lors d’une assemblée extraordinaire le 23 mars prochain. Nicolas Kilchoer, préfet de la Broye fribourgeoise, et son homologue vaudois Olivier Piccard, expliquent à La Liberté les enjeux de cette réorganisation.

Quelle est la nouvelle stratégie de la Coreb?

Nicolas Kilchoer: Nous allons concentrer nos activités sur quatre domaines d’activité stratégiques, soit le développement économique, l’aménagement du territoire, la mobilité et les projets d’intérêt régional. Auparavant, la Coreb touchait à beaucoup de choses. Nous avons établi ce qui était essentiel et ajouté un critère de subsidiarité. C’est-à-dire que la Coreb ne va plus directement traiter les domaines qui sont déjà assumés en priorité par une autre entité, comme le canton, les communes ou une autre institution.

Olivier Piccard: Dans la volonté de bien faire, nous avons étendu nos activités, ce qui nous était parfois reproché par nos membres. Ces quatre domaines, c’est le cœur de ce que doit faire la Coreb.

Avez-vous des exemples de ce que vous ne ferez plus?

N.K.: Nous n’aurons plus de commission santé par exemple, car nous n’avons pas de pouvoir concret sur les décisions qui touchent à la santé. Celles-ci dépendent principalement du droit fédéral ou cantonal. La commission des déchets devrait aussi être dissoute. La gestion des déchets est une tâche à moitié communale et à moitié cantonale, ce n’est pas une tâche prioritaire de la Coreb.

O.P.: Un autre exemple concret: jusqu’à maintenant, la comptabilité de la société Swiss Aeropole, dont la Coreb est actionnaire, était assumée par un employé de la Coreb. Typiquement, c’est une tâche qui incombe à la société d’exploitation, qui peut aussi l’externaliser. Certaines fonctions pourraient aussi revenir aux communes. Elles auraient ainsi une responsabilité accrue.

Et sur quoi voulez-vous mettre l’accent?

N.K.: On doit renforcer les emplois régionaux.

«On doit renforcer les emplois régionaux»
Nicolas Kilchoer

O.P.: C’est une lacune de notre région. Les gens, qui s’établissent chez nous, sont en grande partie des pendulaires. Il faut essayer de faire baisser cette proportion. Ce sera un sacré défi. Il y aura dans le comité exécutif de la Coreb des représentants du milieu économique pour avoir une sensibilité du terrain plus marquée.

Vous avez opté pour une gouvernance à deux au lieu d’avoir un seul directeur. Pourquoi?

N.K.: Nos communes sont divisées en deux associations: l’Association région Broye-Vully (ARBV), pour les communes vaudoises, et l’Association des communes de la Broye (Ascobroye), pour les communes fribourgeoises. Les enjeux et la manière de fonctionner ne sont pas les mêmes d’un canton à l’autre. Avec une gouvernance à deux, un secrétaire régional s’occupe du volet vaudois et l’autre, fribourgeois. Ensuite, ils se partagent la direction de la Coreb et les quatre domaines d’activité stratégiques.

Mais que faire s’ils n’ont pas la même vision?

O.P.: C’était un risque clairement identifié, et je dois avouer qu’au départ, je n’étais pas trop favorable. Mais au vu de l’évolution des tâches des deux associations de communes, le modèle s’est imposé. Dans le processus d’embauche, nous avons porté une grande attention à la compatibilité entre les deux personnes. Avant, il y avait une personne qui répondait de tout et il y avait beaucoup plus de domaines d’activité. Maintenant, nous avons deux personnes qui répondent de ce qui a trait à leurs domaines précis. C’est beaucoup plus clair pour les interlocuteurs.

Et qu’est-ce que cela implique au niveau financier?

N.K.: Le budget reste le même qu’avant, puisque nous avions un directeur et un adjoint. La cotisation des communes membres demeure ainsi la même que celle qui avait été allouée il y a deux ans. Le nombre d’employés à la Coreb est aussi inchangé.

Donc vous cherchez à faire mieux, mais avec les mêmes moyens?

O.P.: Maintenant, nous avons des tâches claires. Nous avons enlevé ce qui n’était pas indispensable, ce qui ne correspondait pas au cœur des préoccupations de la Coreb.

«Nous avons enlevé ce qui n’était pas indispensable»
Olivier Piccard

Donc la Coreb va avoir moins de tâches mais déjà avant, certains élus lui reprochaient de ne rien faire, de ne servir à rien.

N.K. et O.P.: Nous entendons cette remarque presque tous les jours.

O.P.: Nous avons 49 communes membres de la Coreb. Du côté vaudois, la plus petite commune est Rossenges. Côté fribourgeois, c’est Prévondavaux. Ces deux communes pourraient certainement vous dire que l’on ne sert à rien. Pourtant, un jour ou l’autre, il suffirait qu’un contribuable s’installe dans une de ces communes parce qu’il va travailler à Swiss Aeropole, à Payerne, ou à Agrico, à Saint-Aubin. Le retour sur investissement, souvent difficilement palpable à long terme, serait immédiatement présent.

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