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Canton

La brigade canine soutenue par ses gendarmes à quatre pattes

La brigade canine de la police fribourgeoise a été engagée à 346 reprises en 2022

La nouvelle brigade canine (K-9) compte 10 maîtres-chiens et 13 canidés. Des entraînements ont lieu régulièrement pour affûter le flair et l'efficacité des auxiliaires à quatre pattes des forces de l'ordre Photo Lib / Charly Rappo, Posieux, 22.06.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

23 juin 2023 à 22:55

Police » Percy, un berger allemand âgé de 7 ans, bondit de la voiture, prêt à partir en piste. Son maître Laurent, membre de la brigade canine (K-9) de la police fribourgeoise, se fait brièvement expliquer la situation: un brigandage a été commis plus tôt dans un kiosque, et l’auteur, une femme, a pris la fuite à bord d’une voiture retrouvée en lisière de forêt. Percy se met immédiatement à renifler le véhicule et ses abords, à la recherche d’une piste. Il tergiverse un peu, prend le temps de satisfaire un petit besoin naturel. Soudain, il braque sa truffe vers le sol. Sans la moindre hésitation, il s’enfonce prestement dans la forêt, suivi du détachement de gendarmes.

Un peu plus loin, le chien n’hésite pas une demi-seconde avant de quitter abruptement le sentier pour s’enfoncer dans les sous-bois. Rapidement, la suspecte est en vue et tente de prendre la fuite. Très mauvaise idée. «Stop! Arrêtez-vous! Attaque!» Percy, détaché de sa longe, ne se fait pas prier. En quelques instants, il a rattrapé la fugitive et lui mord fermement la jambe, ne lui laissant aucun espoir de se dégager. Heureusement, la gendarme Noémie est vêtue d’une épaisse combinaison la mettant à l’abri des crocs de l’animal. Elle est rapidement maîtrisée par ses collègues. Exercice réussi. Percy est aux anges. Il est félicité par son maître, qui lui tend son jouet, un boudin en textile que le duo, inséparable dans la vie comme dans le travail, s’amuse à se disputer.

Des chiens polyvalents

«Sans mon chien, cet homme serait peut-être mort aujourd’hui»
Bastien Bugnon

«Nous effectuons environ 150 pistages comme celui-ci durant l’année», explique Bastien Bugnon, sous-chef de la section K-9. D’où l’importance d’entraîner régulièrement, en général une fois par semaine, chacun des treize canidés de la police fribourgeoise. La brigade compte onze bergers allemands polyvalents, capables de pister des cambrioleurs – comme récemment à Schmitten, où deux malfrats pensaient s’être cachés dans une grange – et de détecter de la drogue, l’autre gros chapitre de leur cahier des charges.

La section K-9 emploie aussi deux gonczy polski, des chiens courants polonais dont le flair exceptionnel leur permet de suivre les traces de personnes disparues, parfois plusieurs jours après leur passage. «Mon chien Orex a dernièrement retrouvé un homme suicidaire qui avait disparu puis erré pendant 28 heures aux abords d’une voie de chemin de fer. Sans lui, il serait peut-être mort aujourd’hui», salue Bastien Bugnon.

Le sous-chef de la brigade canine fribourgeoise est aussi le maître de Gero, un berger allemand âgé de neuf ans et demi qui a vécu une mésaventure en pistant un cambrioleur la semaine dernière. «Il est tombé d’un muret instable et s’est déchiré les ligaments croisés. Il a été opéré, et j’ai dû le mettre à la retraite anticipée», regrette Bastien Bugnon. Gero restera dans la famille de son maître jusqu’à la fin.

Adoptés à l’âge de deux mois par leurs binômes humains, les futurs gendarmes à quatre pattes sont sélectionnés dans des élevages spécialisés et nouent des relations quasi fusionnelles avec leurs conducteurs. Chaque agent de la brigade canine fribourgeoise arbore, sur son uniforme, un patch où figure le nom de son partenaire à quatre pattes.

Un jeu exigeant

C’est le cas également de la gendarme Mélanie, qui s’apprête à lancer Manuka, 7 ans, aux trousses d’un individu caché dans une maison abandonnée, réquisitionnée pour l’exercice. Après une trentaine de secondes à parcourir le vaste bâtiment en tous sens, la femelle se met à aboyer tout son soûl devant la porte d’un cagibi. Les agents n’ont plus qu’à se précipiter à l’étage pour appréhender la cible. «Sans l’aide du chien, nous aurions perdu énormément de temps à ratisser chaque pièce», salue Bastien Bugnon.

«Sans l’aide du chien, nous aurions perdu énormément de temps»
Bastien Bugnon

Pour les animaux, tout ça est un grand jeu auquel ils prennent visiblement beaucoup de plaisir. Reste que ces engagements intenses demandent une condition physique irréprochable, qui devient difficile à maintenir passé l’âge de dix ans. Une fois mis au repos, les retraités deviennent, comme Gero, des chiens de famille et finissent paisiblement leur vie aux côtés de leurs maîtres. Une transition qui peut s’avérer délicate pour ces animaux sélectionnés pour leurs aptitudes et régulièrement impliqués dans des opérations haletantes, parfois aux côtés du Groupe d’intervention de la police.

«Nous avons engagé nos chiens à 346 reprises l’an dernier. Cette année, nous sommes bien partis pour atteindre les 500 interventions», note Bastien Bugnon.


Engagés au sommet Biden-Poutine

Les chiens policiers fribourgeois sont aussi sollicités régulièrement lors d’événements diplomatiques.

La brigade canine fribourgeoise existe officiellement depuis le 1er septembre 2021 et regroupe dix agents. Auparavant, les maîtres-chiens de la police cantonale exerçaient leur activité parallèlement à leurs autres tâches, rappelle Bertrand Privet, chef de la section K-9. Désormais, ils peuvent assurer des interventions sept jours sur sept et trois nuits par semaine.

«Nous avons ratissé tout Palexpo lors de la visite du pape François en 2018»
Bertrand Privet

S’ils sont principalement engagés pour le pistage de suspects en fuite et la recherche de drogue, leur activité recouvre bien d’autres aspects. Parmi les missions qui leur sont confiées figurent les enquêtes sur les maltraitances d’animaux domestiques, ou la capture de chiens potentiellement dangereux, en collaboration étroite avec le Service vétérinaire cantonal. La recherche d’explosifs et de munitions est également une de leurs spécialités.

Ce matin-là, Polly, femelle berger allemand de 3 ans et demi, s’entraîne ainsi à détecter ces substances sous la direction de son maître, le gendarme Jonathan. Elle s’en sort remarquablement bien, identifiant rapidement les caches réparties dans deux pièces aménagées à cette fin. Chaque découverte est récompensée par un moment de jeu avec son maître.

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