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District de la Sarine

«Je suis un rebelle, comme Che Gevara»

Claudio Rugo est débouté deux fois par la justice. Il promet de «mettre un peu d’eau dans son vin»


12 février 2021 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Ville de Fribourg » Le Tribunal cantonal (TC) et la Préfecture de la Sarine viennent de débouter Claudio Rugo pour deux recours distincts. Dans le premier, il contestait l’invalidation de son initiative «Zone bleue, zone blanche» par le Conseil général en septembre dernier. L’organe législatif avait estimé que la planification des places de parc n’est pas de sa compétence. «A juste titre», tranche le TC dans un arrêt du 28 janvier, transmis jeudi aux élus. Claudio Rugo demandait également la destitution de la présidente, Adeline Jungo (ps) et une somme de 13 000 francs pour ses frais et la récolte de signatures. Prétentions jugées «irrecevables» par le TC. La cour écrit, en outre, que «les récriminations du recourant sur la manière dont il a été traité lors de la séance du 15 septembre 2020 sont manifestement déplacées. La lecture du procès-verbal définitif de cette séance montre que les interventions de la présidente étaient parfaitement justifiées au vu du comportement indiscipliné du recourant.»

Le second recours, daté du 7 janvier 2020, a été déclaré «irrecevable» mercredi par la préfecture. L’élu se plaignait d’avoir eu la parole coupée lors du débat sur la suppression des rentes à vie du Conseil communal. Blaise Fasel (pdc), président du moment, avait forcé l’orateur à terminer dans les divers. Ce dernier dénonçait une «limitation de sa liberté de parole» en violation, selon lui, de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Soulagement

«J’étais convaincue d’être dans mon bon droit, mais je suis tout de même soulagée que le Tribunal cantonal nous donne raison», réagit Adeline Jungo. La présidente rappelle qu’elle avait montré sa bonne volonté, lors de cette fameuse séance du 15 septembre, en réunissant le bureau du Conseil à la demande de Claudio Rugo, même si «cela n’était pas nécessaire». Il avait tenté de pénétrer dans le local où était réuni le bureau. Suite à l’épisode, le bureau a adressé une lettre à Claudio Rugo lui enjoignant d’observer «davantage de discipline et de respect».

Claudio Rugo a davantage occupé les instances de recours que tous les autres élus réunis

Depuis son élection, Claudio Rugo a davantage occupé les instances de recours que tous les autres élus réunis. Exclu de la salle du Conseil, en février 2017, pour avoir pris à partie des collègues, il avait réclamé des «excuses publiques» du président d’alors, Christophe Giller (udc). Recours jugé «irrecevable» en octobre 2018. Cette année-là, la préfecture a également rejeté son recours contre deux élections. En automne 2019, il a en outre été condamné à une peine pécuniaire de 15 jours-amende avec sursis pour diffamation envers un employé communal.

Pas de commentaire

Le président du Parti des artistes, qui se représente le 7 mars, avec pour colistier le juriste et musicien Jean-Daniel Thomas, ne souhaite pas commenter des décisions judiciaires, «quelles qu’elles soient». Il cite deux proverbes de langue allemande: «Une main lave l’autre» et «un corbeau ne crève pas l’œil d’un autre corbeau.» Claudio Rugo préfère que l’on parle de ses propositions électorales. Il réclame une piscine olympique de 50 mètres, un parking aux Augustins et le retour d’un festival de jazz à Fribourg. Il met en avant son initiative pour des parcomètres à un 1 franc l’heure, qu’il aurait souhaité voir votée le 7 mars, en même temps que les élections.

Reste que l’homme irrite ses pairs. Ses nombreuses interventions et adresses ad personam rallongent les séances. «On est aux limites du système, pense Christophe Giller. Les séances, pour lesquelles nous sommes payés 80 francs, se rallongent et se multiplient. Certaines propositions de M. Rugo sont louables, mais il devrait s’en tenir au sujet. On a l’impression d’être pris en otage. Avec ses façons de faire, personne ne peut le soutenir.»

«On a l’impression d’être pris en otage»

Christophe Giller

Personne n’a appelé

Claudio Rugo revendique le fait de s’exprimer en long et en large: «Je conteste la réduction de mon temps de parole. On m’a refusé une participation à toutes les commissions, même si le Parti des artistes a eu 2% des voix aux élections de 2016. Ce serait la moindre des choses qu’en tant que musicien je sois membre de la commission culturelle.» Signe de cette irritation, les partis politiques se sont organisés entre eux pour envoyer leurs prospectus dans une enveloppe commune, en début de semaine, mais sans celui du Parti des artistes. Personne n’a appelé Claudio Rugo, tenu à l’écart de fait.

Professeur de musique, artiste reconnu, Claudio Rugo est applaudi sur scène. Pourquoi persister en politique dans un climat pareil? «Parce que j’adore la politique! dit-il. Elle constitue 50% de mon activité en ce moment, et j’y travaille beaucoup. C’est vrai que je suis un rebelle, comme Trotski, Che Guevara ou Jorge Amado… Vous pouvez écrire que je suis un quérulent ou que j’aime les conflits, mais la vérité, c’est que je défends les causes auxquelles je crois intimement.»

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