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Canton

D’une élection à l’autre

Le Conseil d’Etat fribourgeois entame la seconde moitié de la législature. Avec déjà deux inconnues pour les partis: qui pour succéder à Anne-Claude Demierre et à Georges Godel?

Le Gouvernement fribourgeois actuel a encore deux ans avant les prochaines élections cantonales et son renouvellement .

30 août 2019 à 23:15

Analyse » Officiellement, personne n’y pense, mais discrètement, tout le monde y songe. A quoi? Au renouvellement du Conseil d’Etat en 2021. Car cette échéance se prépare. Et le résultat des élections fédérales d’octobre servira de précieux baromètre pour avancer quelques pions et remettre les troupes en ordre de marche.

Deux places au moins seront vacantes au Gouvernement fribourgeois. Après trois législatures, la socialiste Anne-Claude Demierre et le démocrate-chrétien Georges Godel ne peuvent plus se représenter conformément à la Constitution cantonale. Pour leur succéder, le PS et le PDC sont conscients qu’ils devront présenter une femme, afin d’équilibrer leur représentation gouvernementale.

Cherchez la femme

C’est au regard de cette quête que le scrutin fédéral sera intéressant à analyser. Vice-président du PDC fribourgeois, Markus Bapst confirme que les réflexions pour les élections cantonales sont déjà en cours. Et que l’affiche électorale de 2016, avec son alignement d’hommes en costume-cravate, sera juste impensable en 2021. «S’il veut augmenter ses chances de conserver ses trois sièges au gouvernement, le PDC devra présenter une femme. Ce sera beaucoup plus difficile s’il aligne trois hommes», analyse Markus Bapst, qui loue au passage la mixité qui s’impose progressivement dans les équipes dirigeantes. Selon lui, «ça fonctionne beaucoup mieux ainsi».

Le résultat des élections fédérales sera un précieux baromètre

Le vice-président du PDC ne va pas jusqu’à avancer de noms. Mais la liste PDC pour le Conseil national n’est pas innocente. «Nous avons écouté les critiques, poursuit-il, et voulions au moins trois femmes sur sept sur notre liste. Nous en avons quatre», rappelle-t-il. Autant dire que les scores de chacune seront analysés de près au soir du 20 octobre.

Le Parti socialiste ne veut pas entendre parler des élections cantonales. «Chaque élection après l’autre», répond Benoît Piller, président cantonal. S’il concède se préoccuper de la succession d’Anne-Claude Demierre, il estime que «ce n’est pas le moment d’en discuter ouvertement».

2018 et ses effets secondaires

Il faut dire que le Parti socialiste manque de relève féminine. Certaines politiciennes présentent un profil intéressant, mais elles sont souvent encore trop jeunes et inexpérimentées pour monter sur le ring.

Candidate malheureuse à la succession de la conseillère d’Etat verte Marie Garnier, la conseillère nationale broyarde Valérie Piller Carrard pourrait remettre ça. Encore faut-il qu’elle soit bien réélue cet automne. Son score dira si les électeurs sanctionnent ou pardonnent l’erreur stratégique de son parti de la présenter à l’élection complémentaire de 2018, estimant qu’elle avait de meilleures chances de l’emporter que la verte Sylvie Bonvin-Sansonnens. Dans tous les cas, certains à droite se demandent si le PS n’ira pas appeler le sénateur Christian Levrat à la rescousse, au mépris de la parité.

Au PLR, la stratégie se clarifiera dès que Maurice Ropraz aura annoncé ses intentions. Les libéraux-radicaux n’ont cependant pas un problème de relève, mais de surreprésentation depuis l’élection, l’an dernier, de Didier Castella.

Quel que soit son résultat d’octobre, l’UDC ne se fait aucune illusion sur ses chances en 2021 d’accéder à l’exécutif, qui se joue au scrutin majoritaire. Son chef de groupe au Grand Conseil Emanuel Waeber annonce d’ailleurs que la priorité, après les élections fédérales, ne sera pas de trouver un candidat pour le Conseil d’Etat mais de revoir le fonctionnement du parti et de professionnaliser sa structure en engageant un secrétaire politique. Chez les Verts enfin, il faudra compter avec Sylvie Bonvin-Sansonnens.


Ropraz visera-t-il un troisième mandat?

Un départ du conseiller d’Etat libéral-radical en 2021 rebattrait complètement les cartes lors des prochaines élections cantonales.

Une élection au Conseil d’Etat est une équation à plusieurs variables. Et en 2021, la grande inconnue sera l’avenir de Maurice Ropraz. Le libéral-radical visera-t-il un troisième mandat? Ou est-ce que ce jeune père de famille, au pouvoir depuis bientôt vingt ans, comme préfet de la Gruyère puis ministre, s’envolera vers d’autres cieux? Certainement que les possibilités de reconversion ne manqueront pas. Et cela éviterait une mauvaise surprise, tant la réélection de deux PLR au sein du gouvernement n’est pas acquise. Ce qui est certain, c’est que son départ rebattrait complètement les cartes. Et remettrait en jeu un siège qui, au cours des dernières décennies, a porté bien des étiquettes différentes. Il était radical du temps de Ferdinand Masset et Hans Baechler, puis UDC à l’époque de Raphaël Rimaz avant d’appartenir à l’indépendant Pascal Corminboeuf et enfin à la verte Marie Garnier.

Eloignés du pouvoir depuis 1996, les démocrates du centre seront sur les rangs pour tenter de réintégrer l’exécutif cantonal. Tout comme la gauche plurielle, qui a perdu son troisième siège avec la démission de Marie Garnier l’an dernier. Sans doute que les Verts miseront sur leur championne Sylvie Bonvin-Sansonnens pour retrouver une place au gouvernement.

Par effet ricochet, le départ de Maurice Ropraz servirait aussi les plans du PDC. En effet, avec le départ programmé de Georges Godel, les démocrates-chrétiens auront fort à faire pour maintenir leur troisième siège. Ils savent surtout qu’ils ne pourront y parvenir qu’en proposant la candidature d’une femme. La conseillère communale bulloise Marie-France Roth Pasquier pourrait être leur meilleure chance. Mais elle vient du même district que Maurice Ropraz et Didier Castella, ce qui pourrait s’avérer un sérieux obstacle. Celle qui est également députée et vice-présidente du PDC fribourgeois attendra ainsi avec impatience la décision de l’ancien préfet de la Gruyère, sachant que son départ pourrait lui ouvrir une voie royale.

Pour sa part, le principal intéressé ne dit rien de ses projets futurs. «Nous sommes à mi-législature, il serait prématuré de parler des prochaines élections», lâche-t-il simplement, ajoutant être très motivé à faire avancer les nombreux projets qui l’occupent actuellement. Nicolas Maradan


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