A Granges-de-Vesin, l'histoire se parcourt à pied

Série d’été » La Liberté vous propose un petit choix de sites chargés de mémoire, parfois peu connus ou oubliés, présentés par des spécialistes ou des passionnés d’histoire.

Il se dérobe modestement, se fait discret, et pourtant... Le sentier qui s’enfonce dans la forêt au-dessus du village de Granges-de-Vesin, jusqu’au pied de la tour de guet de la Molière, possède une histoire peu commune. Appartenant autrefois au Grand Chemin des Mulets, il était parcouru par de nombreuses charrettes transportant des marchandises entre les villes de Payerne et de Morges (VD). Si son emplacement est attesté dans un document de 1698, il était déjà en usage au Moyen Age et peut-être partiellement à l’époque romaine. Parcourir ce tronçon de 2 km invite à voyager dans le temps à travers une campagne bucolique.

D’importance nationale

Proche du centre de Granges-de-Vesin, au chemin de la Reine-Berthe, un panneau jaune de sentier pédestre mène le promeneur jusque sur les hauteurs du village. En quelques minutes, laissant derrière nous un quartier de villas, on découvre aux abords d’une forêt et d’un champ de tournesols resplendissants le départ du chemin, toujours balisé. «Il suffit de marcher 100 mètres et l’aventure commence!» s’exclame Jean-Pierre Dewarrat, archéologue du territoire, urbaniste indépendant et aussi guide ce jour-là.

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Un guide passionné et ému de fouler à nouveau le sol de ce tronçon. «J’ai découvert son existence alors que je faisais des recherches aux Archives cantonales vaudoises, à Lausanne, dans les années 1990», raconte-t-il. La voie apparaît en effet sur un document cartographié de la fin du XVIIe siècle intitulé Routes d’Orient, bailliages d’Oron et de Payerne, couvrant l’entier de l’itinéraire entre Morges et Payerne. Sur ce qui ressemble plus à un croquis, on voit notamment le village de Granges-de-Vesin symbolisé par trois maisons, des arbres matérialisent la forêt, puis une construction marque l’emplacement du «château de La Molière». Mandaté par la Confédération pour réaliser l’Inventaire des voies de communication historiques de la Suisse, l’archéologue fait classer ce chemin comme étant d’importance nationale, signifiant que «ce sentier n’a pas le droit d’être transformé et qu’il doit être entretenu par le canton».