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Canton

A Fribourg, les artistes de rue deviennent indésirables

Au cours de l’été, les terrasses des restaurants fribourgeois reçoivent des visiteurs parfois bruyants

L'incidence des artistes de rue sur les restaurateurs et leur clientèle de terrasse en été; M. Hasler, qui gère le café du Midi Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 03.08.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

4 août 2023 à 01:15

Temps de lecture : 1 min

Restauration » Il suffit de se promener dans la capitale cantonale pour s’en apercevoir: les artistes de rue, qu’ils jonglent, chantent, jouent de la musique ou s’adonnent à quelques acrobaties, n’hésitent pas à se donner en spectacle devant les terrasses des restaurants fribourgeois. La police locale a délivré cette année environ 150 autorisations journalières donnant le droit à ceux qui le demandent de se produire en public, sous certaines conditions.

Bien que cette présence dans la rue tende à donner vie aux pavés de la ville, elle n’est pas au goût de tout le monde. «Cette année, je m’énerve moins que les précédentes, mais c’est tout simplement que je ne sais plus quoi faire», soupire Pascal Hasler, patron du Café du Midi, à la rue de Romont. Celle-ci est particulièrement prisée par les artistes de rue, et d’après le patron, «surtout l’emplacement devant la terrasse du café». Il est formel, il a l’impression que les artistes de rue sont de plus en plus nombreux chaque année. Un ressenti que ne peut confirmer la police locale, qui a indiqué par courriel ne pas pouvoir fournir d’informations chiffrées sur l’augmentation des demandes «à cause des années Covid».

De quoi agacer les clients

Pascal Hasler nuance tout de même ses critiques: «Cela m’est égal que ces gens viennent jouer, mais un tiers de ce qu’on entend est inaudible.» Récemment, il a vu des clients menacer de partir à cause d’un concert de didgeridoo, cet instrument tubulaire traditionnel australien. «Ce n’est en tout cas pas une plus-value pour moi, j’ai plutôt l’impression de subir», insiste-t-il, avant d’ajouter: «Il y a quelques années, les musiciens de rue venaient me demander avant de se produire. C’est une forme de respect qui s’est largement perdue aujourd’hui.»

150

Le nombre d’autorisations journalières délivrées cette année par la police locale

D’autre part, certains artistes font passer un chapeau ou viennent directement demander de l’argent aux clients de la terrasse une fois leur représentation terminée. Ce qui ne réjouit pas le restaurateur. «Mettez-vous à la place des clients: il suffit qu’ils s’assoient deux heures pour manger, et on leur demande jusqu’à quatre fois de l’argent. Je veux que ma clientèle puisse manger tranquillement, sans être constamment sollicitée.» C’est pourquoi Pascal Hasler se permet parfois d’interdire aux artistes de faire passer un chapeau. «Ce n’est pas ma rue, mais je peux refuser que l’on dérange les gens sur ma terrasse. Cela permet aussi de dissuader les moins bons artistes de revenir trop souvent.»

Mais tout le monde n’est pas hostile à quelques accords en terrasse. Matthieu Samain, gérant de la brasserie des Trentenaires, à la rue de Lausanne, voit passer chaque jour plusieurs artistes de rue. «C’est quelque chose qui fait partie du paysage», commente-t-il. «Nous cohabitons avec grand plaisir.» Le restaurateur se souvient même «de très beaux moments musicaux d’une qualité exceptionnelle», mais aussi d’autres «plus modestes». «Dans tous les cas, je n’ai aucune anecdote négative à raconter à ce sujet», assure-t-il.

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