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50'000 francs donnés par Fribourg pour la Garde suisse? «Misérable!»

De très nombreux cantons suisses ont délié les cordons de leur bourse pour financer la rénovation de la caserne des gardes pontificaux au Vatican. Fribourg fait partie des moins généreux


François Tardin

François Tardin

24 août 2022 à 01:09

D’après un classement provisoire établi par le média Cath.ch, Fribourg verse 50’000 francs au projet rénovation de la caserne des gardes pontificaux au Vatican (voir ci-dessous) et fait ainsi partie des cantons qui soutiennent du bout des lèvres la construction de nouveaux bâtiments destinés à abriter la Garde pontificale suisse. Les trois immeubles existants sont très vétustes et plus du tout adaptés à l’accueil des familles.

Le canton de Lucerne, qui a promis 400’000 francs, vote le 25 septembre sur ce crédit (voir ci-dessous), car un référendum a été déposé. A cette occasion, Cath.ch s’est procuré les montants promis par les collectivités publiques à la Fondation pour la rénovation de la caserne, créée pour financer les travaux. 

Le Valais le plus généreux

Actuellement, quelque 44 millions de francs ont été récoltés, dont 5 de la Confédération. Seize cantons ont également décidé de soutenir le projet, avec des montants divers. La majorité suit le principe «1 franc par habitant» (AI, AG, GL, GR, NW, SG, SZ, TI, UR). Certains vont plus loin: le Valais (1 million de francs au total, 2 francs 87 par habitant) est le plus généreux. Même la ville de Zurich sort du lot, avec un montant équivalant à 51 centimes par personne, selon Cath.ch. En queue de liste, Obwald donne 13 centimes par habitant et le canton de Fribourg 15 centimes, d’après les calculs du média en ligne. Le canton a en effet décidé, dans sa séance du 15 juin 2021, d’accorder 50 000 francs, qui ont déjà été versés. 

15

En centimes, le montant versé par habitant par le canton de Fribourg

Interrogée sur cette comparaison intercantonale, la Direction fribourgeoise des finances fournit une réponse très brève: Le Conseil d’Etat estime «que ce montant est important pour le canton de Fribourg», écrit-il. Ce n’est pas du tout l’avis de Nicolas Kolly, député UDC, qui avait interpellé, avec son collègue de parti Nicolas Galley, le Conseil d’Etat mi-décembre 2020, à propos des gardes suisses. «Je respecte les décisions de l’exécutif, qui peut allouer des montants relevant de sa compétence financière, note-t-il, mais je n’ai pas peur de le dire: ce montant de 50’000 francs est misérable. Il devrait être d’au moins 300’000 ou 400’000 francs.»

«Le montant devrait être d’au moins 300’000 ou 400’000 francs»
Nicolas Kolly

Celui qui a lui-même œuvré au Vatican comme garde suisse rappelle le succès de la Garde pontificale. «Il n’y a pas un jour où on ne se fait pas interpeller par des passants et des touristes sur notre travail, souligne-t-il. Les gardes suisses sont une formidable carte de visite et cela donne à la Suisse un rayonnement certain dans le monde entier! Le public vient, qu’il soit croyant ou non, pour l’art, pour l’histoire, pour la culture.»

«De plus, ajoute Nicolas Kolly, notre canton est aimé du Vatican, j’avais pu l’entendre moi-même de Benoît XVI. Nous avons des liens forts, de par la forte présence de gardes fribourgeois.»

Il rappelle que plusieurs commandants de la Garde fribourgeois «sont restés dans l’histoire, en particulier Jules Repond qui a dessiné l’actuel uniforme, ou encore plus récemment le colonel Roland Buchs, et le lieutenant-colonel Philippe Morard.» Le Conseil d’Etat rend aussi régulièrement visite aux gardes du pape.

Nicolas Kolly annonce vouloir suivre attentivement la campagne de votation lucernoise. «Le cas échéant, précise-t-il, je pourrais relancer le débat au Grand conseil.»


Un toit pour la garde, mais à quel prix?

Lucerne vote sur sa participation au financement de la future caserne de la Garde pontificale à Rome

Il s’agit, en l’état, du seul référendum cantonal contre un crédit destiné à la Garde pontificale suisse au Vatican. Et il vient d’un canton que l’on aurait cru tout acquis à la cause catholique: c’est bien Lucerne qui vote, le 25 septembre, sur un montant de 400 000 francs destiné à la construction de nouveaux bâtiments pour 135 Gardes suisses.

Les trois immeubles aujourd’hui habités par les gardes suisses sont «vétustes, humides et bruyants», selon le hallebardier lucernois Patrick Dubach, en poste au Vatican. Mardi à Lucerne, il a présenté les arguments plaidant en faveur des 400 ’000 francs votés par le Grand Conseil pour cofinancer un nouvel ensemble à 45 millions de francs.

Une vie de famille

Depuis que le pape François autorise les gardes suisses à se marier quand bon leur semble et plus seulement lorsqu’ils atteignent le grade de caporal, leur nombre a augmenté. «Actuellement, 17 familles sont stationnées au Vatican, avec 24 enfants, précise le major Martin Kurmann. Certaines ont dû être placées dans un appartement à Rome.

Une fondation «pour la rénovation de la caserne des gardes suisses» a été créée en 2016 avec pour mission de réunir les fonds nécessaires, auprès des cantons, des villes, de la Confédération (qui donne 5 millions) et de donateurs privés. «Si le crédit de 400’000 francs était refusé, ce serait gênant pour Lucerne», a déclaré le conseiller national PLR Peter Schilliger. Lucerne est en effet, avec Fribourg, le Valais et Saint-Gall, un des principaux cantons d’origine des gardes suisses.

«Si le crédit de 400’000 francs était refusé, ce serait gênant pour Lucerne»
Peter Schilliger

Pourquoi le Vatican ne finance-t-il pas lui-même ce projet? «Certes, les bâtiments leur appartiennent», précise Thomas Röthlin, porte-parole de la nouvelle fondation. «Le Saint-Siège financera les bâtiments provisoires pendant les travaux. Il est vrai, aussi, que sa richesse est considérable, en biens culturels et en églises, entre autres. Mais l’entretien de ces objets est énorme et les rentrées financières sont relativement modestes. Les projets immobiliers sur le sol du Vatican sont souvent financés par des dons.»

Jusqu’ici, seize cantons, dont Fribourg, ont accepté une contribution. Certains exécutifs l’ont fait en régie propre, d’autres par le biais de la Loterie (qui fonctionne différemment en Suisse alémanique), d’autres encore par une décision du Grand Conseil. C’est pourquoi les Lucernois doivent voter. Un comité formé d’une association de libres-penseurs, des partis de gauche, des jeunes Vert’libéraux et d’une partie du PLR a récolté très vite les signatures du référendum, «un signe, ont-ils déclaré mardi, que les temps ont changé». Selon eux, une telle dépense est «du gaspillage», mais aussi «un affront à toutes les personnes qui, dans notre canton, doivent se serrer la ceinture en raison de mesures d’économie». Ils revendiquent aussi la séparation entre l’Eglise et l’Etat.

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