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Forum/Courrier des lecteurs

Opinion. Le Moyen-Orient au bord de l’explosion


5 février 2024 à 16:20

Temps de lecture : 1 min

Les attaques du Hamas du 7 octobre dernier et la riposte massive d’Israël qui s’est ensuivie ont fait voler en éclats l’idée que la question palestinienne était devenue un sujet secondaire de politique internationale. Une chimère qui avait été entretenue par l’administration Trump et à laquelle la présidence Biden s’était d’ailleurs ralliée, considérant que le curseur de Washington devait se déplacer en priorité sur la Russie et la Chine, après des décennies de présence au Moyen-Orient. Ainsi, lors d’une conférence à la fin septembre 2023, Jake Sullivan, conseiller américain à la Sécurité nationale, affichait son optimisme: «La région du Moyen-Orient est plus calme aujourd’hui qu’elle ne l’a été depuis vingt ans.»

Triste ironie du sort, cette même région se trouve aujourd’hui au bord de l’embrasement, si bien que le président Biden a dû y dépêcher de toute urgence, au début janvier, son secrétaire d’Etat pour tenter de jouer le pompier. Dans la foulée du siège de Gaza, qui a déjà fait des milliers de morts et pour lequel il est accusé de «crime de génocide» par l’Afrique du Sud, l’Etat hébreu a enchaîné les actes de provocation: Razi Mousavi, l’un des commandants de l’armée des gardiens de la révolution iranienne en Syrie, a été tué le 25 décembre dernier lors d’une attaque israélienne; le 2 janvier, dans la banlieue de Beyrouth, en plein bastion du Hezbollah, c’est un drone israélien qui élimine le numéro deux du Hamas; puis une semaine plus tard, l’un des chefs militaires du Hezbollah a été visé par une frappe israélienne dans le Sud-Liban.

La rhétorique va-t-en-guerre se renforce

Les signaux guerriers venant du gouvernement Netanyahou, l’un des plus à droite de l’histoire du pays, se multiplient. Celui-ci refuse toujours de concéder une trêve humanitaire à Gaza, tandis que ses réservistes ont déjà été mobilisés en masse et que sa rhétorique va-t-en-guerre se renforce. Quant aux Etats voisins, bien qu’inquiets et agacés, ils semblent, pour l’instant, faire le dos rond. Mais qu’en sera-t-il si la zone venait à s’embraser? On assiste en mer Rouge, entre Américains et rebelles yéménites houthis, alliés de l’Iran, à une dangereuse escalade, pendant qu’à la frontière libanaise, des échanges de tirs quasi quotidiens ont lieu entre le Hezbollah et Israël. A quand le dérapage? L’impression que l’on retire de cette situation, tendue sur de nombreux fronts, est qu’elle risque à tous moments de franchir la ligne rouge. Au fond, tout le monde retient son souffle mais garde le doigt sur la gâchette, jusqu’à la provocation de trop qui pourrait embraser la région.

Beaucoup de guerres à travers l’histoire du Proche-Orient sont nées sans forcément qu’il y ait eu une décision préalable, mais parce que de mauvais calculs ont été faits dans l’émotion. Parce que nous connaissons aujourd’hui une phase de radicalisation extrême, autant au sein des gouvernements israélien et iranien que dans les rangs du Hamas, du Hezbollah ou encore des Houthis, rien ne garantit que dans les prochaines semaines la situation n’évolue pas vers un conflit majeur.

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